🎊 L Art Sert Il A Quelque Chose

Notreatmosphère est composée à 78 % de diazote (N2), 21 % de dioxygène (O2), et les 1 % restants sont partagés par quelques autres gaz (argon, CO2, CH4 ). Mais le diazote est-il utile ? Bonjour!C'est une très bonne question!L'art est présent partout dans la société. Il ne s'agit pas seulement de peintures, de dessins ou de sculptures. L'art c'est aussi les films, la musique, les pièces de théâtre, le cirque, les clowns, etc. Imagine un monde sans toutes ces choses! Ce serait vraiment moins beau et amusant. Imagine une ville sans décorations, sans beaux bâtiments. Imagine ta maison sans décorations. Imagine aussi que tu ne peux plus jamais voir de films, d'émissions, écouter de musique. Même les jeux vidéos sont une forme d'art! La photographie est aussi une forme d'art. Comme tu peux le voir, l'art sert à divertir les gens, à rendre le monde plus beau et à passer des messages. Plusieurs artistes essaient de dire quelque chose à travers leur art. J'espère avoir répondu à ta question! Si tu as besoin d'aide pour autre chose, n'hésite pas à nous réécrire!Laurie 😊 4minutes. Transmettre l'importance de l'art aux enfants est un moyen de s'assurer qu'ils développent plusieurs types d'intelligences en même temps. L’art est lié à la communication des sentiments, des idées, des L'art est-il gratuit et désintéressé ou n'est-il qu'un moyen d'exprimer un message religieux, politique, etc. ? Tenter de répondre à cette question suppose d'interroger le statut social et historique de l'art. I L'art exprime un message Les peintures des grottes de Lascaux avaient le pouvoir magique de favoriser la chasse. Les temples grecs ou les cathédrales gothiques devaient glorifier les dieux et soutenir la foi des croyants. Longtemps, l'art a eu une fonction ésotérique ou religieuse. Il a pu être utilisé également comme un moyen efficace au service d'un message politique. La publicité, quant à elle, soumet l'art à une utilité commerciale et véhicule un modèle de société consumériste. Cependant, vouloir faire de l'art une expression revient à en faire un langage à interpréter, renvoyant à une vérité rendue à travers des symboles. C'est réduire l'art à un moyen au lieu d'en faire une activité ayant sa fin en soi. II L'art est désintéressé 1 L'art n'a pas d'utilité Pour Kant, l'art et le beau doivent être désintéressés. Le beau doit être distingué de l'utile. On doit ainsi distinguer beauté libre » et beauté adhérente » admirer une voiture de course pour sa belle ligne, c'est goûter à la beauté libre par un jugement de goût ; l'admirer parce qu'elle va vite, c'est admirer sa beauté adhérente par un jugement d'utilité. Le beau doit être aussi distingué de l'agréable. Le beau procure un plaisir formel la présentation esthétique d'un plat, l'agréable apporte un plaisir matériel l'odeur appétissante du même plat. Le beau doit être également distingué du vrai, puisqu'il est affaire de goût, et qu'il n'y a là ni preuve, ni connaissance objective l'art n'est pas une science au sens classique du terme. 2 L'art nous détache des choses matérielles Enfin, pour Kant, le beau doit être distingué du bon l'art n'est ni moral, ni immoral. Vouloir censurer Les fleurs du mal ou Madame Bovary, c'est mépriser cette indépendance et cette liberté formelle de l'art. Néanmoins, son caractère désintéressé en fait une introduction à la morale, en nous exerçant à nous détacher des intérêts matériels. 3 Le beau et le sublime Si le beau nous fait goûter une forme finie et harmonieuse, le sublime nous expose à un phénomène monstrueux qui suscite en nous effroi et admiration la mer déchaînée, la haute montagne. Le sublime est, selon Kant, l'expérience esthétique qui introduit au sentiment religieux de ce qui nous dépasse. III Expression de quelque chose ou perception brute » ? Pourtant, l'histoire de l'art conduit à relativiser cette conception, qui fait de l'art gratuit une forme moderne du sacré. Pour Hegel, l'art – à travers son histoire – exprime l'esprit d'un peuple ; pour Marx, il représente des intérêts de classe. Pour Freud, il est l'expression de l'inconscient, des désirs refoulés et sublimés. mot-clé Selon la psychanalyse de Freud, la sublimation est l'expression de pulsions coupables sous des formes socialement valorisées. C'est ce que fait l'art, mais aussi le sport, la science ou la politique. Cette interprétation de l'art comme expression est rejetée par Bergson et Merleau-Ponty, qui réaffirment la gratuité de l'art l'art doit être perception brute » et pure présence au monde, dégagée de considérations utilitaires.
\n \nl art sert il a quelque chose
Lart est utile, car il fait de la main de l'Homme le moteur du monde matériel, au sens littéral du terme. En tant que l'art imite la nature, il peut entraver l'Homme physiquement. En effet, le mouvement du corps peut entraver sa capacité à penser.
La Foire internationale d'art contemporain Fiac, qui s'ouvre jeudi à Paris, illustre plusieurs des travers dénoncés par les pourfendeurs de ce milieu. Des critiques qui ne sont pas toutes rejetées par les acteurs de ce marché jeudi 18 au dimanche 21 octobre se tient "l'événement le plus drôle de Paris", du moins aux yeux de l'animateur Pascal Praud la Fiac, la grande foire d'art contemporain qui investit chaque année le Grand Palais à Paris. Fervent défenseur du "bon sens", le chroniqueur télé ne manque pas une occasion de qualifier l'art contemporain de "plus grande escroquerie de notre époque", et avait raillé la Fiac en 2014, sur RTL, expliquant qu'on pouvait y voir "des gogos blindés jusqu'à l'ISF ... se pâmer devant une sculpture représentant une crotte de chien". >> VIDEO. Vous êtes totalement hermétique à l'art contemporain ? Ces quatre œuvres pourraient bien vous faire changer d'avis. Il n'est pas le seul à avoir ce point de vue. L'événement, destiné à la fois aux collectionneurs et aux curieux, cristallise chaque année toutes les critiques habituelles entendues au sujet de l'art contemporain. Elles reviennent dans la bouche de nombreux sceptiques, qu'ils soient hermétiques à l'art en général ou plus particulièrement fanatiques des peintres et sculpteurs des siècles précédents. Et peut-être que vous-même, qui lisez cet article, en faites partie. Nous avons tenté de répondre à six affirmations très répandues quand il s'agit de pourfendre l'art contemporain, et de déceler leur part de vérité ou de caricature. "Je ne vois pas pourquoi je devrais aimer des œuvres moches" Vous l'avez remarqué les artistes contemporains ne cherchent plus forcément à faire du beau. La journaliste et critique d'art Elisabeth Couturier reconnaît elle-même que la beauté "n'est pas ce qu'on attend en priorité" dans le milieu. "On espère surtout d'une œuvre qu'elle nous questionne, nous déstabilise". Vous pouvez ne pas partager cet avis, mais il est largement répandu chez ceux qui font l'art contemporain, ceux qui l'exposent et ceux qui le recommandent dans les médias. Cela dit, l'art contemporain n'a pas inventé cette démarche. Prenez Gustave Courbet, un peintre du XIXe siècle que vous appréciez sans doute – c'est en tout cas le cas de nombreux détracteurs de l'art contemporain. Vous trouvez peut-être son œuvre "belle" par sa maîtrise de la peinture, mais "quand il a peint Un enterrement à Ornans, un tel réalisme était considéré comme ce qu'il y avait de plus laid", explique Elisabeth Couturier. "On pensait que l'art devait transcender la réalité". Mais si vous cherchez la beauté, elle existe toujours. Jean Blaise, créateur du parcours d'art contemporain Le Voyage à Nantes, cite en exemple le Serpent d'océan du Chinois Huang Yong Ping, installé en 2012 à Saint-Brévin Loire-Atlantique. Dans l'esprit de l'artiste, ce squelette de serpent qui entre et sort de l'eau au rythme des marées "venait nous annoncer de très mauvaises nouvelles pour la planète". "Mais en plus de donner un message, c'est une œuvre époustouflante, qui a très vite été adoptée par tout le monde", se souvient-il. Et à l'inverse, faire du "moche" a parfois un sens. Ainsi, en 2009, Jean Blaise cherche une œuvre à disposer face à la nouvelle école d'architecture de Nantes "En voyant ce très beau bâtiment, on s'est dit qu'il serait plus intéressant de le provoquer", plutôt que d'installer une statue qui se serait fondue dans le décor. Son équipe choisit le collectif néerlandais Van Lieshout, qui conçoit "une espèce de gros chewing-gum bleu layette", tranchant avec la perfection moderne de l'école. "Jean-Marc Ayrault [alors maire de Nantes] n'a pas du tout adoré, parce que ça venait perturber un magnifique travail. Mais, après une longue discussion sur le rôle de l'art, il a fini par comprendre notre démarche et accepter". Ce qui montre que vous n'êtes pas le seul à être sceptique, mais qu'on peut revoir ses positions. "Ma fille de 5 ans pourrait faire aussi bien, et moi aussi je pourrais m'y mettre" Si ce que vous admirez dans l'art, c'est le don du Caravage pour peindre la lumière, on peut comprendre que vous restiez perplexe face à une toile entièrement recouverte de blanc, ou que vous envisagiez d'orienter vos enfants vers une lucrative carrière de peintre minimaliste. Même si les monochromes apparaissent dès le début de XXe siècle, et ne sont donc pas une invention contemporaine, ils illustrent bien ce qui dérange beaucoup de monde au sujet de l'art contemporain une forme de simplicité. Mais "essayez, vous verrez, ce n'est pas si facile de peindre un monochrome", prévient Béatrice Joyeux-Prunel, maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'Ecole normale supérieure de Paris. Ces toiles se distinguent les unes des autres par un travail sur la géométrie, la texture ou la teinte de blanc, qui n'est jamais totalement pure cette vidéo de Vox, en anglais, vous en dira plus. Mais leur intérêt réside aussi dans la démarche de l'artiste. Eh oui, "tout le monde peut avoir l'idée d'un monochrome, mais encore faut-il le faire", estime Béatrice Joyeux-Prunel, et, a priori, ce n'est pas votre cas. Et si, demain, vous tentez de vendre à un galeriste une toile simplement couverte de peinture blanche par vos enfants, il n'est pas sûr qu'il l'achète. "Pour que ce soit considéré comme de l'art, il faut que ce soit adoubé par le milieu", estime Elisabeth Couturier, qui a écrit Art contemporain le guide Flammarion, 2015. Et cette reconnaissance des musées ou de la critique est attribuée quand ceux-ci voient que "l'artiste reprend le fil de l'histoire, qu'il emprunte les chemins ouverts par d'autres plasticiens avant lui et qu'il les ouvre encore plus". En clair, qu'il apporte quelque chose de nouveau. Prenez par exemple Fontaine, l'œuvre la plus célèbre du plasticien Marcel Duchamp il s'agit d'un urinoir en porcelaine, renversé et signé par l'artiste. Vous aussi pourriez en acheter un dans le commerce et tenter de faire la même "œuvre". Mais en présentant cet objet dans une exposition à New York en 1917 – elle fut refusée –, Duchamp faisait preuve d'un culot révolutionnaire, qui a contribué à redéfinir ce qu'est une œuvre d'art, et continue d'influencer des artistes actuels. C'est la démarche qui en fait une pièce majeure. Aujourd'hui, il est donc totalement accepté dans le milieu de l'art de présenter des œuvres qui ne demandent pas de technique de la part de l'artiste. Et elles peuvent être saluées par la critique. Elisabeth Couturier prend pour exemple Mathieu Mercier, un plasticien français contemporain, auteur d'une série d'installations, Drum & Bass, "qui ne sont faites qu'avec des objets que vous pourriez acheter dans un magasin de bricolage. Mais quand vous les regardez, vous êtes comme devant un tableau de Mondrian", dont vous avez sans doute déjà vu sans forcément le savoir les quadrillages minimalistes et colorés. "Quand on se prend au jeu, on comprend qu'on peut faire des figures avec autre chose qu'un pinceau et de la couleur." "Vous faites semblant de trouver ça profond, mais ça n'a aucun sens" Vous aviez peut-être beaucoup ri en lisant qu'en 2016, un visiteur du musée d'art moderne de San Francisco avait posé ses lunettes sur le sol et que certains visiteurs avaient cru qu'il s'agissait d'une œuvre. S'il est juste un blagueur, est-ce aussi le cas de Marcel Duchamp et de son urinoir ? "On peut croire que c'est un escroc, mais il y a des bibliothèques entières remplies d'auteurs qui ont passé leur vie à contempler son génie", balaye Elisabeth Couturier. "Ça veut quand même dire qu'il a touché quelque chose. Il a ouvert des milliers de perspectives". Andy Warhol, dont le travail repose grandement sur le fait d'exposer comme des œuvres d'art des objets emblématiques de la société de consommation, n'aurait pas existé si Duchamp n'avait pas redéfini ce qui peut être une œuvre. Vous aurez donc du mal à convaincre des générations d'historiens que l'urinoir de Duchamp n'a en fait aucun sens. Mais il arrive bien sûr aux défenseurs de l'art contemporain eux-mêmes de trouver certains artistes, pourtant reconnus, totalement inintéressants. Stéphane Correard, qui tient lui-même un salon de galeristes, n'est par exemple pas convaincu par le travail de Daniel Buren, l'auteur des fameuses colonnes installées dans la cour du Palais-Royal à Paris. "Il a un discours théorique très fort, mais en réalité, son travail s'est 'spectacularisé' au fil des années, et aujourd'hui c'est devenu purement de la décoration", estime-t-il. Comme pour la musique ou le cinéma, vous pouvez donc parfaitement trouver sans intérêt un artiste reconnu. Stéphane Corréard résume "Il y a des choses qu'on aime et d'autres, non. Ce qui n'a pas de sens, c'est d'être pour ou contre l'art contemporain dans son ensemble". "Je ne veux pas avoir besoin d'une notice pour comprendre les œuvres" Vous n'êtes pas le seul le sujet déchire aussi les amateurs d'art contemporain. "Dans les écoles d'art, le discours d'un artiste sur son travail a presque plus d'importance que le travail lui-même", déplore ainsi Stéphane Corréard. "Pour moi, la vérité d'une œuvre doit se trouver dans l'œuvre elle-même. Ça doit rester quelque chose qu'on pourrait redécouvrir plusieurs siècles après et comprendre." Quelle quantité d'informations faut-il donner au spectateur ? La taille des cartels qui accompagnent les œuvres varie considérablement selon les musées. "Il faut donner quelques clés, mais aussi faire comprendre que ce n'est pas le plus important. Quand on a appris à approcher l'art, les clés, on va les chercher soi-même", estime Jean Blaise, qui a passé sa carrière à installer l'art contemporain dans l'espace public. D'autant qu'une œuvre n'a pas forcément qu'un sens, déterminé par l'artiste. Pour Elisabeth Couturier, "une œuvre forte évoque des tas de choses, que l'artiste a parfois mises inconsciemment". Et il arrive qu'il n'y ait rien de particulier à comprendre. "Un artiste comme James Turrell fait appel au corps et aux sens", avec ses pièces vides où il joue sur la lumière, explique la critique d'art. "Vous entrez et vous êtes immergé dans une ambiance de couleur, du bleu, du noir. Vous ne voyez plus les arêtes de la pièce, il vous fait perdre vos repères, vous osez à peine marcher. C'est magnifique". "Tout ça ne sert qu'à faire de l'argent" Sans doute que la Fiac, avec ses 193 stands où les œuvres sont à vendre, n'est pas l'événement qui vous convaincra du contraire. Stéphane Corréard trouve étonnant que "le principal événement d'art contemporain dans l'année soit une foire marchande". Dans le milieu de l'art, "la légitimité apportée par le marché a dépassé celle apportée par les conservateurs de musées", s'inquiète d'ailleurs le critique et collectionneur. Etre vendu cher fera plus de bien à la carrière d'un artiste que d'être admiré par les musées, qui finissent par suivre les collectionneurs Stéphane Corréard relève que le Centre Pompidou à Paris expose "à 90% des stars du marché". Vous n'avez donc pas tort en imaginant que l'argent influence au moins une partie de l'art contemporain. Même le très connu et très politique street-artist Banksy n'échappe pas au fait que ses œuvres soient vendues aux enchères – et quand il met en scène l'autodestruction d'une de ses toiles, elle prend de la valeur. Pour les artistes, il devient difficile de se faire un nom et de vivre de leur art sans plaire aux grands collectionneurs, "des multimillionnaires qui n'ont pas forcément une ouverture artistique énorme", précise Stéphane Corréard. "Si les musiciens devaient être financés par Bernard Arnault ou François Pinault [deux milliardaires français et mécènes importants de l'art contemporain], poursuit-il, le hard rock ou le rap existeraient-ils ?" Les critiques voient surgir des artistes "qui défraient le marché et dont on se demande pourquoi ils sont mis en avant", estime Elisabeth Couturier, si ce n'est qu'ils plaisent à ceux qui ont les moyens de les acheter. Elle se souvient notamment des "formalistes zombies", des peintres abstraits à la mode en 2014 "et qui ne valent plus un clou aujourd'hui". Leurs tableaux ne portaient aucune idée forte mais étaient "parfaits pour les décorateurs", résume le New York Magazine. Mais avant de rejeter l'art contemporain parce qu'il aurait vendu son âme, sachez tout de même que tout cela n'est pas nouveau. Auteure de Les Avant-gardes artistiques. Une histoire transnationale, Béatrice Joyeux-Prunel rappelle que nombre de ces mouvements d'avant-garde "ont pu innover parce que les artistes vendaient une production plus classique à côté", tel Monet, envoyé peindre des vues sur la Côte d'Azur parce qu'elles plaisaient aux collectionneurs américains. En revanche, ce phénomène prend aujourd'hui des proportions jamais vues dans le cas de certains artistes les plus chers du monde. La production de Damien Hirst ou Jeff Koons s'est transformée en une industrie qui emploie des dizaines de personnes, pour satisfaire la demande. "Je pense qu'ils sont aujourd'hui plus proches de ce qu'est une maison de couture qu'un artiste", estime Stéphane Corréard des marques qui produisent de façon créative, mais pour vendre à des clients fortunés. Il imagine même un futur où ces stars auraient "vocation à être remplacées un jour, à la tête de leur griffe, par de jeunes stylistes qui apporteraient de nouvelles idées". La métamorphose de certains artistes en marques, que vous pouvez déplorer, serait alors complète. "On ne se souviendra jamais de ces artistes comme on se souvient de Van Gogh aujourd'hui" Cela, vous n'en savez rien, et les professionnels de l'art non plus. "Moi-même, je me pose souvent cette question", admet Jean Blaise. "Je pense qu'on ne sait pas lesquels des artistes contemporains resteront à la postérité". Ce qui est sûr, c'est que l'art contemporain a un handicap par rapport aux courants qui l'ont précédé il est contemporain, justement, et le "tri" de l'histoire, qui permet de distinguer les grands artistes des autres, ne s'est pas encore fait. "A l'époque de Van Gogh, il y avait des centaines de Van Gogh, en moins bons", s'amuse Elisabeth Couturier. Mais ils sont tombés dans l'oubli, et vous ne les voyez pas sur les murs des musées. De plus, vous n'ignorez sans doute pas que parmi les artistes entrés au Panthéon de l'art, beaucoup étaient aussi très critiqués en leur temps. "A une époque, 99% des gens pensaient que Picasso n'était pas un artiste", rappelle Jean Blaise. "Aujourd'hui, quand je regarde les personnes en train de faire la queue pour admirer la dernière exposition Picasso, je me dis qu'à l'époque, elles auraient sans doute détesté".
Eneffet, l’art permet de communiquer entre les différentes cultures sans pour autant se comprendre verbalement. Tantôt de façon humoristique à travers des caricatures, tantôt à travers des découvertes archéologiques, tantôt à travers diverses toiles, on reconnaît les différences entre nos pays d’origine.
L’œuvre d’art peut décorer, amuser, éduquer, amener à se souvenir et à méditer… Mais doit-elle servir nécessairement à quelque chose ? Activité découvrir des œuvres du 17e siècle et 20e siècle et s’interroger sur leur rôle, leur fonction. Activité expérimenter des démarches artistiques le théâtre-image et l’art systématique. Lesarts plastiques sont un moyen de s’exprimer et de créer. Ils peuvent être assimilés au langage mais, à la différence des mots prononcés, c’est un objet ou une œuvre qui est créée et qui bien souvent représente quelque chose de précis. Les domaines artistiques de l’art plastique sont nombreux. La peinture fait partie de
Quand j’écris et que je finis par aboutir à quelque chose de satisfaisant après avoir eu la douloureuse impression de trouver chaque mot au fond de moi comme on arrache une dent, j’ai souvent envie d’aller lire le texte à des proches. C’est assez agaçant d’être dans mes parages, quand l’évènement se produit. Envie d’en parler, de regarder ce qu’il provoque, de voir dans les yeux des personnes qui m’entourent qu’elles m’ont comprise. Comprise parce que je fais partie de ces personnes qui entretiennent une relation ambigüe avec les mots ils m’échappent souvent, dans la vitesse de l’oralité, ils me fuient ou refusent d’exprimer exactement ce que je voudrais. À l’écrit, posés sur le papier, ils s’assagissent. Ils me laissent dire. Le décalage est parfois douloureux. L’impression que jamais personne ne prendra le temps de rentrer dans mon corps, dans ma tête, avec l’obsolescence de l’écrit me terrifie. Il arrivera peut-être un jour où je serai seule avec mes pensées. Et cette pensée est insupportable, comme la plupart de celles que mes neurones ont en stock. La conclusion à laquelle j’ai abouti, non sans regret car elle semble particulièrement égoïste, est que ce que je recherche, en prenant la plume, c’est avant tout partager du moi. Je ne m’étais jamais vraiment rendu compte de la dimension cathartique de tout ça, de la manière avec laquelle je me raccrochais à ce que je produisais pour donner consistance à mon existence, avant qu’un ami me dise des choses un peu abruptement. L’art, c’est pas un truc d’égoïste. C’est un truc de partage, donc c’est un truc qui doit plaire. Plaire aux autres – à toi, on s’en fiche. Il ne sert à rien s’il n’enchante que toi. ». C’est vrai qu’en étant honnête, je me suis souvent posé la question. Si j’avais particulièrement réussi un texte, qu’il disait exactement ce que j’avais en tête, mais qu’il restait incompréhensible pour le reste du monde, alors quoi ? Si l’on est seuls à avoir raison ? Si l’on est un grand artiste mais incapable de communiquer ? Si l’on fait les choses bien, mais que personne ne partage leur valeur ? À quoi sert l’art, finalement ? La dernière fois, je suis allée voir un comédien que je connais bien jouer au théâtre. Je sais toutes les réflexions profondes, existentielles, je sais tous les détails choisis, conscientisés, toutes les attentes comblées, qu’il avait placés dans la construction de son spectacle. Son spectacle était beau, était de qualité, parce qu’il avait mis ce soin à le travailler, à lui donner corps avec sens. Un sens déverrouillé pour lui. Mais qui, peut-être, serait impénétrable pour d’autres. Je connais trop ce besoin de mettre le doigt sur ce qui s’agite en nous pour être regardante à propos de ce que cette chose-là peut bien provoquer sur d’autres. Mais en ayant l’élan d’y inviter ma mère, je me suis retrouvée, de nouveau, face à ces interrogations. Ma mère fait partie de ces personnes que la culture bourgeoise, normée, dominante, révolte. Elle est de ceux à qui cette culture-là crache régulièrement à la gueule, en leur faisant croire qu’ils ne sont pas assez subtils, qu’ils n’ont pas assez de goût. Ses goûts sont différents. Elle apprécie les messages clairs, directs, les émotions brutes. Elle prend en horreur ces génies qui se regardent le nombril et renferment les secrets de leurs œuvres sans aucun amour du partage. Elle est sensible à la communication, au dialogue. Les artistes qui laissent perplexe pour le bonheur du mystère l’ennuient profondément, et le fait qu’ils soient si encensés de nos jours, ceux qui ne sont pas si simples, si populaires, le fait que le gratin les adule, la rend folle. Alors en voulant l’emmener au théâtre, je me suis posé la question. Est-ce qu’il y avait du partage là-dedans ? Est-ce qu’elle aurait quelque chose à manger, à se nourrir, en dehors de ce que les comédiens et le metteur en scène eux avaient eu envie de donner à voir ? Finalement, est-ce qu’il y avait un peu d’elle dans ce spectacle, est-ce qu’elle y trouverait son compte ? Je suis revenue sur mes pas. Et même si ce n’était pas le cas, si ce n’était pas fait pour lui plaire, est-ce pour autant moins légitime » à être vu, regardé ? À quoi sert l’art ? Se donner ou donner aux autres ? Valider les ressentis du spectateur en face pour les partager, ou lui offrir de nouvelles questions ? Laisser se déployer l’interprétation ou dérouler un récit du présent qui s’impose ? À quoi sert l’art ? Je ne sais pas. Personne ne sait, ou plutôt tout le monde le sait pour soi. Ce que je sais, c’est qu’agrafer une réponse à cette question lui ôte soudain toute sa valeur. Prescrire ce que l’art doit soigner chez chacun, entraîner, gratter, c’est lui retirer toute sa puissance. Celle du choix. Celle de la diversité. Celle de la culture. Des cultures.

Lart sert-il à quelque chose ? En 1917, Marcel Duchamps expose dans un salon d'art un urinoir. L'objet qu'est l'urinoir, en devenant oeuvre d'art, perd sa fonction initiale. Des lors qu'il est exposé dans un salon d'art, on ne s'en servira plus pour uriner. Peut-on dire qu'il sert à quelque chose ? On aurait plutôt envie de dire qu'il ne sert maintenant plus à rien, et que le propre des

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Lart ne doit pas seulement être entendu dans le sens de « beaux-arts » : il ne faut pas oublier l'art de l'artisan, qui lui aussi réclame une technique, c'est-à-dire un ensemble de règles à respecter.Il est clair cependant que les beaux-arts n'ont pas la même finalité puisqu'ils recherchent le beau et produisent des objets dépourvus d'utilité.
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A quoi sert l’art ? » Propositions des participants à la discussion : L’art sert à s’émerveiller, à exprimer ses sentiments, à écouter ce que l'artiste nous dit; L’art est une marque dans le temps; L’art sert à connaître le passé; L’art est une création qui exprime quelque chose de la vie, Il y a d'autres arts : art de

A quoi vise l'art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n'observions pas en nous, jusqu'à un certain point, ce qu'ils nous disent d'autrui. Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps mais qui demeuraient invisibles telle l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur. [...] Remarquons que l'artiste a toujours passé pour un idéaliste ». On entend par là qu'il est moins préoccupé que nous du côté positif et matériel de la vie. C'est, au sens propre du mot, un distrait ». Pourquoi, étant plus détaché de la réalité, arrive-t-il à y voir plus de choses? On ne le comprendrait pas, si la vision que nous avons ordinairement des objets extérieurs et de nous-mêmes n'était une vision que notre attachement à la réalité, notre besoin de vivre et d'agir, nous a amenés à rétrécir et à vider. De fait, il serait aisé de montrer que, plus nous sommes préoccupés de vivre, moins nous sommes enclins à contempler, et que les nécessités de l'action tendent à limiter le champ de la vision. Henri Bergson. La pensée et le mouvant, 1938. PUF, Quadrige1990. à 151. Thème L'art. La perception. Question Quelle est la finalité de l'art ? Vise-t-il seulement à exprimer un état émotionnel, une psychologie individuelle avec sa particularité et son arbitraire comme semble le croire la vulgate déposée dans les copies d'élèves ? Avec cette question, Bergson nous invite à interroger l'essence de l'art et à affronter la question au niveau qui est celui du grand art. Exit la mièvrerie psychologisante ; la grande affaire des artistes n'est pas le divan du psychanalyste et son horizon égotiste, c'est le réel tel qu'il s'offre à une liberté qui s'en empare et en interroge l'être. A quoi vise donc l'activité artistique ? Thèse À nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience » répond Bergson. L'art fait voir ce qu'ordinairement on ne sait pas voir. Il découvre à nos regards ce qui s'y trouve depuis toujours mais demeure caché sans le dévoilement qu'en opère l'artiste. Au fond l'art atteste qu' une extension des facultés de percevoir est possible » Ibid, Ce qui conduit Bergson à affronter une nouvelle question. Question Comment rendre compte de cette possibilité ? Qu'est-ce qui permet ce pouvoir révélateur de l'art ? Thèse La réponse bergsonienne tient du paradoxe. Si la peinture, la littérature ont un pouvoir de révélation, c'est que l'artiste est moins attaché à la réalité » que le commun des hommes. Tout se passe comme si sa distraction », son détachement était le vecteur d'une perception plus éclairante dans laquelle chacun retrouve sa propre expérience mais une expérience ayant besoin de l'artiste pour prendre conscience d'elle-même. Que faut-il entendre par là ? Explication détaillée I L'art est révélation de ce qui est. L'art donne à voir apprend-on. Il montre, il fait surgir dans un matériau sensible un contenu inséparable de la forme glorieuse dans laquelle il s'exhibe. La question est de savoir ce qu'il en est de ce contenu. Est-ce une réalité créée de toute pièce par l'artiste de telle sorte que l'art ouvrirait sur des fantaisies ou des mythologies personnelles ? Le propos bergsonien dissuade d'emblée d'envisager ainsi la création artistique en soulignant que l'art renvoie à l'expérience humaine universelle. Il met en jeu les données universelles de l'expérience des hommes. D'une part ce qui est et qui est constitué aussi bien du monde extérieur, désigné dans le texte par le mot de nature, que du monde intérieur, celui que le texte désigne comme monde de l'esprit. D'autre part les sens et la conscience. C'est, en effet, par l'intuition sensible ou par l'intuition que la conscience a de ses états et des ses actes que nous avons accès aux données naturelles ou spirituelles. La montagne qui se découpe là-bas, le petit coin de ciel bleu ou de mur jaune qui surgit dans le champ de vision sont ce qui existe pour nous par la médiation des sens et de la conscience. C'est pareil pour la vie de l'âme avec ses modulations affectives, ses rêves, ses joies et ses souffrances. Elle requiert un acte de la conscience pour être perçue. Or les sens et la conscience sont-ils par principe attentifs à l'infinie richesse du réel ? Il semble que non et ce qui l'atteste, selon Bergson, c'est l'expérience même de l'art. Il y a, en effet, depuis des siècles, des hommes dont la fonction est justement de voir et de nous faire voir ce que nous n'apercevons pas naturellement ». Ibid, La réflexion sur l'art engage donc une réflexion sur la perception car si la finalité de l'art est de porter à l'expression ce qui existe et que nous ne savons pas voir, cela signifie que la faculté perceptive n'accomplit pas parfaitement sa fonction. PB Qu'est-ce que la perception et pourquoi est-elle en défaut par rapport au réel auquel elle renvoie ? La perception est la fonction de notre rapport au réel. C'est par elle que nous nous représentons des objets dans l'espace, que nous formons une image de ce qui existe, et ce n'est pas une mince affaire de savoir comment s'élabore cette représentation. Suppose-t-elle une passive réception de ce qui est donné aux sens et à la conscience ? A l'évidence non puisque le monde perçu varie d'un sujet à un autre et qu'avec Bergson on peut faire de la perception la pierre de touche de la distinction de l'artiste et du commun des hommes. Il semble donc qu'elle soit tributaire d'une manière de se projeter vers les choses, de les configurer de telle sorte que le sujet percevant intervient activement dans la construction de l'objet perçu. Opération complexe donc que la perception, l'enjeu de ce texte étant d'établir que la fonction de notre ouverture au réel, peut être moins ce qui nous le révèle que ce qui fait écran et tisse un voile empêchant d'accéder à la réalité des choses. Le donné avec sa richesse et son originalité n'apparaît pas nécessairement aux sens et à la conscience dans la clarté de son offrande. Il ne frappe pas explicitement nos sens et notre conscience » dit Bergson. Entendons, il est possible que nous n'y soyons pas sensibles ou attentifs. Ce qui n'est pas explicité » est, en effet, ce qui n'est pas porté à la lumière du jour, ce qui reste caché, ce qui demeure invisible au regard ou à la conscience. Ces effets d'occultation » sont le lot de la perception commune. Ex La coupe de fruits sur la table de la cuisine est bien perçue par la cuisinière mais il faut le grand art de Cézanne pour rendre visible ce que l'on voit sans le voir vraiment la profondeur, le velouté, la mollesse, la dureté même des objets - Cézanne disait même leur odeur » Merleau-Ponty dans le doute de Cézanne, Sens et non sens, Gallimard, p. 20. Ex De même il faut l'art de Turner pour dévoiler le paysage comme atmosphère et on ne voit plus la lagune de Venise après lui comme on la voyait avant. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes. Un Corot, un Turner, pour ne citer que ceux-là, ont aperçu dans la nature bien des aspects que nous ne remarquions pas. - Dira-t-on qu'ils n'ont pas vu, mais créé, qu'ils nous ont livré des produits de leur imagination, que nous adoptons leurs inventions parce qu'elles nous plaisent, et que nous nous amusons simplement à regarder la nature à travers l'image que les grands peintres nous en ont tracée ? C'est vrai dans une certaine mesure; mais, s'il en était uniquement ainsi, pourquoi dirions-nous de certaines oeuvres - celles des maîtres qu'elles sont vraies ? où serait la différence entre le grand art et la pure fantaisie ? Approfondissons ce que nous éprouvons devant un Turner ou un Corot nous trouverons que, si nous les acceptons et les admirons, c'est que nous avions déjà perçu quelque chose de ce qu'ils nous montrent. Mais nous avions perçu sans apercevoir. C'était, pour nous, une vision brillante et évanouissante, perdue dans la foule de ces visions également brillantes, également évanouissantes, qui se recouvrent dans notre expérience usuelle comme des dissolving views» et qui constituent, par leur interférence réciproque, la vision pâle et décolorée que nous avons habituellement des choses. Le peintre l'a isolée; il l'a si bien fixée sur la toile que, désormais, nous ne pourrons nous empêcher d'apercevoir dans la réalité ce qu'il y a vu lui-même. » La pensée et le mouvant, Si la peinture élargit la faculté perceptive, la littérature enrichit la conscience de la vie intérieure. Les romanciers comme les musiciens font entendre ou figurent dans des personnages la petite musique de l'âme. Stendhal peint par exemple les émotions, les désirs, les espérances, les déceptions de Julien Sorel, de Madame de Rênal ou de Mathilde de la Mole, dans Le Rouge et le Noir. Comment pourrions-nous vivre de la vie de ces héros s'ils ne nous parlaient pas de nous-mêmes ? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n'observions pas en nous, jusqu'à un certain point, ce qu'ils nous disent d'autrui. » affirme Bergson. De fait qu'est-ce qui fait du personnage d'Emma Bovary une grande création littéraire ? Il est vrai que Flaubert disait Madame Bovary c'est moi », mais si la tendance à fuir dans une vie fantasmatique la médiocrité de son quotidien social et sentimental, si le désir d'être autre chose que ce que l'on est n'avaient pas un écho en chacun de nous, Flaubert ne serait pas l'auteur d'une grande œuvre d'art. Le bovarysme n'aurait-il pas son siège dans quelques uns des sous-moi qui composent notre complexe nature psychologique ? » demande judicieusement Georges Palante dans son essai sur le bovarysme 1903. C'est parce que le romancier a su élever son expérience à l'universel qu'il nous émeut. Son génie est de peindre un état de notre âme, si passager, si furtif pour certains qu'ils n'en soupçonnent même pas l'existence. Lui, en révèle les multiples nuances, les couleurs changeantes et en suivant Emma dans son exaltation ou son désespoir, dans ses rêves ou dans son ressentiment, Flaubert nous permet de découvrir une part de nous-mêmes qui nous était inconnue ou du moins si peu sensible que nous ne la remarquions même pas. Il eût fallu pour cela être attentif à la durée et à son hétérogénéité, thème cher à notre philosophe. Tout ce qui existe déploie son être dans le temps et celui-ci se caractérise par l'absence d'homogénéité. Le temps vécu n'est pas le temps des horloges, temps mathématique où une heure est identique à une heure ; c'est la durée où chaque instant est unique, différent d'un autre au point qu'être fidèle au réel impliquerait une disponibilité permanente à l'imprévisible nouveauté des choses extérieures et intérieures. Il y a une minute du monde qui passe, il faut la peindre dans sa réalité » disait Cézanne. Comme le peintre, le poète essaie de capter la vie mouvante de l'âme, ses couleurs changeantes, ses ombres et ses clartés. Il s'agit de dévoiler sous la pauvreté de ce qui apparaît à une perception rétrécie une réalité concrète que seule une attention pénétrante peut mettre à jour. L'artiste est l'homme de cette attention. En lui la nature ou l'âme se sent, se pense et s'exprime. C'est dire que l'artiste ne fait pas exister arbitrairement ce qu'il dépeint. Ni il ne le crée absolument, ni il ne se contente de l'imiter. Il n'invente pas ; il découvre au regard une réalité préexistante. Il n'imite pas car l'opération de dévoiler est toujours transposition d'une réalité dans un élément le poème, le roman, la peinture, la musique d'une autre nature et dont les contraintes exigent de ruser avec le réel pour en restituer la vérité. L'esthétique de la mimesis n'a jamais été une invitation à reproduire le réel, le propos aristotélicien disant que l'art imite la nature ou l'achève» signifiant que l'artiste doit être un aussi bon artiste que la nature pour porter à l'expression ce qu'il cherche à en montrer. Or pour rivaliser avec la nature, il faut savoir lui être infidèle. Le corps humain n'a jamais eu les proportions de la statuaire grecque mais ce sont ces proportions qui en montrent la force et l'harmonie. L'homme qui marche n'a jamais eu les deux pieds rivés au sol, comme dans l'œuvre de Rodin, mais sans cette ruse, le mouvement serait suspendu. L'art est un mensonge qui dit la vérité ; tous les artistes le proclament à leur façon. La servile reproduction ne dévoile rien. Quel intérêt aurait une activité se contentant de reproduire ce qui se donne à la perception immédiate ? La vocation de l'art consiste à déchirer les apparences qui dissimulent sous leur abstraction le concret pour faire apparaître ce qui n'apparaît pas à la perception banale. Bergson recourt à une image pour illustrer la fonction révélatrice de l'art. Ce qui se passe dans l'art est comparable à ce qui se passe pour l'image photographique. Le bain dans lequel on plonge la pellicule pour faire apparaître l'image ne crée pas cette dernière, il ne fait que la révéler mais sans la solution nécessaire à la fixation de l'image, celle-ci demeurerait invisible. Ainsi en est-il de l'art. L'artiste n'invente pas la réalité qu'il donne à voir mais sans lui elle demeurerait invisible. La question est donc maintenant de comprendre pourquoi il a ce pouvoir. II La raison d'être de ce pouvoir. Et ce n'est pas un moindre paradoxe de découvrir que si l'artiste est le révélateur du réel, c'est parce qu'à la différence des autres hommes, il y est moins attaché ». Il est, dit-on, un distrait », un idéaliste ». Quelle que soit la dénomination, on signifie que l'artiste n'est pas inscrit dans le réel comme les hommes le sont ordinairement. Fait étonnant. Bergson s'y attarde en mettant en évidence le paradoxe Pourquoi, étant plus détaché de la réalité, arrive-t-il à y voir plus de choses ? ». On a plutôt tendance à penser qu'il faut être solidement arrimé au réel pour le voir. Or l'artiste incarne le contraire de ce qui se revendique comme modalité d'être réaliste ». Le réaliste se croit au plus près de la réalité parce que les besoins et les intérêts matériels des hommes sont ce qui structure son rapport au réel. Il a les pieds sur terre », lui ; il a le souci de l'utilité et de l'efficacité ! Il est étranger à ce qu'il qualifie d'idéalisme » à savoir cette façon d'exister comme une sensibilité et une spiritualité libre, laissant subsister le réel dans son étrange présence pour en faire un objet de contemplation. La réalité est pour lui le corrélat de sa manière intéressée de se projeter vers elle. Aux antipodes de son affairement, de son pragmatisme, l'artiste lui semble dans la lune ». Sa manière d'être au monde est si détachée de ses préoccupations utilitaires qu'il lui semble en retrait, sur une autre planète », et c'est ce que connote l'idée de distraction. Le distrait est aveugle à ce qui éblouit les yeux des autres. Il ne voit pas ce qu'ils voient. Il a une manière d'être présent au monde donnant le sentiment de l'absence. Les liens tissant les rapports des autres au réel sont chez lui comme suspendus. Bergson insiste sur son détachement ». Le détachement est la vertu que l'on reconnaît habituellement au philosophe parce que le travail de la pensée exige le recul, la distance, la mise hors jeu des désirs, des passions et des intérêts matériels dont l'effet est de détourner l'esprit de sa fin propre, à savoir de la recherche de la vérité. C'est aussi celle de l'artiste, selon Bergson, mais chez lui le détachement n'est pas le résultat d'une ascèse. Il n'est pas volontaire, conquis, il est un état naturel ». Tout se passe comme si la nature avait donné à certains hommes le don de sentir ou de penser autrement que le commun des hommes. Pour prendre la mesure de leur singularité, il convient de décrire la manière usuelle d'être au monde. Elle se caractérise par le privilège de l'action sur la contemplation et par le rétrécissement du champ de vision. Pourquoi ? Parce que vivre c'est agir. Il y a là une urgence de première nécessité. Nous avons des besoins à satisfaire, des intérêts vitaux et nous sommes tout naturellement enclins à ne saisir du réel que ce qui est en rapport avec ces besoins et ces intérêts matériels. L'arbre en fleurs est pour le paysan la promesse d'une bonne récolte, il n'en perçoit que ce qu'il lui est utile d'en percevoir. Sa perception est intéressée, ses préoccupations le détournant de regarder l'arbre à la manière du peintre Bonnard. Ce dernier ne le voit pas pour ce qu'il pourra en tirer, il le voit pour lui-même. Les formes, les couleurs, les volumes de l'amandier en fleurs s'imposent à lui dans l'énigme de leur visibilité. Dans son texte d'hommage à Berthe Morisot, Valéry insiste sur cette caractéristique du peintre d'être affranchi d'un rapport pragmatique au réel. A la différence du paysan, du militaire et du géologue qui ne voient du paysage que ce qui fait sens pour leurs intérêts, celui-ci est chose vue, simplement vue pour l'artiste peintre. Aux nécessités de l'action structurant la perception des uns, s'oppose l'attitude contemplative de l'autre. Si l'on rajoute que pour les besoins de l'action, il a fallu désigner les choses par des mots, des mots qui finissent par se substituer à elles de telle sorte qu'on ne les voit plus dans leur originalité et leur unicité mais on se contente des étiquettes que le langage a collées sur elles, on comprend que la vision que nous avons ordinairement des objets extérieurs et de nous-mêmes soit une vision que notre attachement à la réalité, notre besoin de vivre et d'agir, nous a amenés à vider et à rétrécir ». A l'opposé, le désintérêt des artistes pour l'action et les intérêts matériels les rend disponibles pour une perception plus profonde de la réalité. Ils sont sensibles en général par un seul sens et attentifs au concret, à son caractère unique, original, mouvant. Leur perception est ouverte au don infiniment renouvelé de la réalité pure. Elle en a la densité et, grâce à eux, la perception commune rétrécie et vidée » s'élargit et s'enrichit. Il est donc bien vrai que l'art donne à voir. Il n'imite pas le visible, il rend visible » disait Klee. Il ouvre sur un monde qui, en un certain sens, est bien le monde de tel ou tel artiste car le sensible est toujours au point de convergence du sentant et du senti et le sentant est irréductiblement un être singulier. C'est Cézanne ou Flaubert. Mais si ce monde était purement subjectif, l'oeuvre serait privée de toute puissance d'émotion esthétique. Car, ainsi que l'écrit Mikel Dufrenne Le critère de la véracité esthétique, c'est l'authenticité à travers l'auteur de l'oeuvre, s'il est inspiré, il semble que ce soit le monde comme Nature naturante qui nous fasse signe, et nous donne à déchiffrer un de ses visages. Chaque monde singulier est un possible du monde réel. [..] Le monde, c'est l'inépuisable il déborde toujours ce que vivent, comme leur principal souci et leur principale tâche, les hommes d'une époque » Esthétique et philosophie, Klincksieck, p. 26. Néanmoins peut-on affirmer que le monde ouvert par l'artiste procède d'un accès direct à la réalité? Bergson le soutient dans de nombreux textes La nature a oublié d'attacher leur faculté de percevoir à leur faculté d'agir. Quand ils regardent une chose, ils la voient pour elle, et non plus pour eux. Ils ne perçoivent plus simplement en vue d'agir ; ils perçoivent pour percevoir, - pour rien, pour le plaisir. Par un certain côté d'eux-mêmes, soit par leur conscience soit par un de leurs sens, ils naissent détachés ; et selon que ce détachement est celui de tel ou tel sens, ou de la conscience, ils sont peintres ou sculpteurs, musiciens ou poètes. C'est donc bien une vision plus directe de la réalité que nous trouvons dans les différents arts ; et c'est parce que l'artiste songe moins à utiliser sa perception qu'il perçoit un plus grand nombre de choses » Ibid, p. 152, 153. Dans Le rire, il écrit aussi Mais de loin en loin, par distraction, la nature suscite des âmes plus détachées de la vie. Je ne parle pas de ce détachement voulu, raisonné, systématique, qui est oeuvre de réflexion et de philosophie. Je parle d'un détachement naturel, inné à la structure du sens ou de la conscience, et qui se manifeste tout de suite par une manière virginale, en quelque sorte, de voir, d'entendre ou de penser. Si ce détachement était complet, si l'âme n'adhérait plus à l'action par aucune de ses perceptions, elle serait l'âme d'un artiste comme le monde n'en a point vu encore. Elle excellerait dans tous les arts à la fois, ou plutôt elle les fondrait tous en un seul. Elle apercevrait toutes choses dans leur pureté originelle, aussi bien les formes, les couleurs et les sons du monde matériel que les plus subtils mouvements de la vie intérieure. » PUF, p. 120. 1900. Si l'on peut suivre Bergson dans l'idée qu'une perception délivrée des limites du besoin, des préoccupations utilitaires et des conventions linguistiques est sans doute plus disponible à la richesse du donné que celle qui en est prisonnière, en revanche il est difficile de le suivre lorsqu'il parle d'une manière virginale » de percevoir permettant de saisir les choses dans leur pureté originelle ». Car cette idée d'une virginité possible des sens et de la conscience n'est-elle pas une illusion ? Les sens et la conscience ne sont-ils pas irréductiblement des médiations dans le rapport au réel et ces médiations peuvent-elles jamais être virginales ? Ce serait oublier qu'elles ont été éduquées dans un contexte culturel, qu'elles portent la marque d'une subjectivité même si elle est élevée à l'universel, et surtout qu'elles ne sont pas des instruments passifs dans la représentation. Le donné est toujours l'objet d'une transposition et toute transposition implique une part de construction. Peut-on sérieusement prétendre que l'artiste échapperait aux lois générales de la perception ? Telle était l'aspiration des grands artistes modernes. Les Monet, Gauguin, Cézanne, Malevitch, Klee étaient obsédés par le souci de retrouver un rapport au réel vierge de toutes les influences d'une civilisation dont ils voulaient secouer le joug. Ils ont produit de grandes œuvres. Peut-on dire pour autant qu'ils nous ont donné accès à la pureté originelle des choses ? Conclusion Il y a dans ce texte une conception originale de l'art. Bergson soutient que l'art est une voie d'accès plus directe à la réalité que la perception commune car les sens et la conscience de l'artiste sont en consonance avec le réel. Ce statut d'exception tient au fait que la nature a fait naître des âmes qui, de manière innée, sont détachées de la vie, ce détachement naturel étant la garantie d'une manière virginale de percevoir. Thèse intéressante mais problématique. La question est en dernière analyse de savoir s'il suffit d'être délivré des intérêts pragmatiques pour mieux voir et faire disparaître les médiations. Est-il légitime de prétendre qu'il y a pour l'homme une intuition possible de l'immédiat ? C'est en tout cas ce qu'affirme Bergson. Par l'élargissement de la faculté perceptive et de la conscience qu'il implique, l'art a l'insigne privilège de détruire les médiations occultantes pour donner accès à la réalité pure. Etude– Le soutien-gorge sert-il vraiment à quelque chose? L'utilité de cette pièce de lingerie est remise en question par un médecin du sport de Besançon. Il Passer au contenu CoursFormation annuelle – L’Essentiel de la CompositionAtelier – La Méthode Losange, déverrouiller l’inspirationAtelier – Développer la Structure d’une Idée MusicaleLes cours particuliersRessourcesUne technique fondamentale pour développer un thème facilementL’outil pour composer facilement avec les harmoniquesLe cycle des quintes interactifLe tonnetz, un outil qu’il FAUT connaîtreDu papier à musique sans marque ni logoLes 100 citations les plus inspirantes pour les compositeursLe guide des modestout ce dont vous avez besoin pour stimuler votre inspirationLes glossaires de la musiqueArticlesParlons musiqueActualitésCitationsThéorie et AnalyseLes modesSolfègePratique et méthodeInspiration et créativitéDevenir compositeur proLogiciels de musique et MAOÀ-proposCe que vous apprendrez ici…Qui est Clément San Martin ?Ecrire article sur ce siteContactAccès MembreInscriptionConnexionMot de passe oublié Quelles sont les limites de l’art ? 🙄 Quelles sont les limites de l’art ? 🙄 Clément San Martin2022-03-16T235944+0200 Articles similaires Lien de chargement de la page Lécriture manuscrite sert-elle à quelque chose aujourd'hui ? · Je ne souhaite pas passer pour une rétrograde attachée aux bonnes vieilles valeurs ancestrales. Lisez, documentez-vous et vous verrez, il existe des études concernant l’écriture manuscrite et ce qu’on peut y lire est assez étonnant. A quoi sert l’Art ? » samedi 13 octobre 2007 jumelé Famili Jazz De 17 h30 à 19 h Buvette des Economats du Familistère Animation Jean-Paul SENELLART La multiplicité des points de vue sur l’Art et des formes d’Art, rend difficile toute réflexion sur l’Art. Et pourtant il doit bien y avoir quelque chose de commun entre toutes ces créations que l’on appelle artistiques… Autre difficulté suffit-il d’affirmer, à propos d’une production, qu’elle est une œuvre d’art pour qu’elle en soit une ? Pour savoir à quoi sert l’art, il faudra bien savoir de quoi on parle… Pour Bergson, l’artiste est celui qui est capable de se détacher de la réalité, de "notre besoin de vivre et d’agir" qui "nous a amené à rétrécir et à vider" notre vision du monde. Dès lors l’art sert à nous révéler en nous et hors de nous ce que nos préoccupations matérielles nous empêchent de voir. Pour le peintre Paul Klee "l’art ne reproduit pas le visible, il rend visible". Pour d’autres dans le désordre, l’Art doit imiter la nature, être engagé, rendre compte de la réalité humaine, exprimer des idéaux, la beauté, nous rapprocher de Dieu… et bien d’autres choses encore ! La minute étymologique de Patrice Bourrec Art aptitude, habileté à faire quelque chose Famille d’une racine indo-européenne are adapter qui apparaît dans le latin artus membre d’où artis manière avec glissement dans le grec harmonia juste rapport. Cinéphilie-philo Manuel Caré SONATE D’AUTOMNE d’Ingmar Bergman 1978 Une pianiste de renommée internationale retrouve sa fille qu’elle n’a pas vu depuis sept ans. Elle s’aperçoit que sa carrière artistique a primé sur sa vie sentimentale et familiale.

Lart sert-il à quelque chose ? En 1917, Marcel Duchamps expose dans un salon d'art un urinoir. L'objet qu'est l'urinoir, en devenant oeuvre d'art, perd sa fonction initiale. Des lors qu'il est exposé dans un salon d'art, on ne s'en servira plus pour uriner. Peut-on dire qu'il sert à quelque chose ? On aurait plutôt envie de dire qu'il ne

Une page de Wikiversité, la communauté pédagogique libre. L'art et le réel[modifier modifier le wikicode] La définition du beau que nous avons tenté de donner n’est pas suffisante pour comprendre ce qu'est l'art. On peut se rendre compte que l'art a pour but d'exprimer quelque chose, mais quoi et comment ? Platon, dans La République Livre X, étudie le rapport entre art et réalité. Sa thèse consistera à dire alors que l'art n'exprime rien de vrai, ne signifie rien de profond l'art, en fait, ne produit que des illusions. Afin de le montrer, il va opposer l'imitation artistique et l'efficacité technique de l'artisanat. Que doit faire un menuisier qui veut fabriquer un lit ? Il doit par la pensée se référer à ce que Platon nomme l’idée de lit, c'est-à-dire considérer un schéma de fabrication. Or, il existe le même rapport entre le cercle dessiné et sa définition qu'entre le lit fabriqué et l’idée de lit. Dans les deux cas, il y a matérialisation imparfaite d'un idéal. Le lit fabriqué par l'artisan ne fait que ressembler au lit idéal unique, l’idée du lit. Pour Platon, il existe trois degrés dans la production. Puisque les idées renvoient à l'essence même des choses, leur nature, le monde sensible ne peut être que le reflet du monde des idées. Tous les cercles dessinés par exemple ne sont que les apparences sensibles d'une même réalité, à savoir le cercle réel, le cercle qui est vraiment un cercle, l’idée du cercle. Par conséquent, si les idées représentent la réalité elle-même, seul Dieu peut les produire. L'artisan est celui qui matérialisera certaines de ces idées. Il ne produira pas le lit "qui est lui-même ce qu'est le lit", mais seulement un objet singulier et sensible qui ressemble à ce qu'est le lit par nature. Enfin, nous trouvons l'artiste. Il ne se réfère pas aux idées pour produire ses objets, à ce que sont véritablement les choses. Alors que Dieu est l'artisan de l'être, le menuisier est l'artisan de quelque chose qui ressemble à l'être, l'artiste se contente de l'apparence. On ne peut pas par exemple dire que l'artiste produit un lit sur sa toile parce que ce lit n'a aucune réalité. Dieu et le menuisier sont des artisans, l'artiste n'est qu'un "imitateur". L'art est au troisième degré, le plus éloigné de la réalité, de l'être. Il imite non pas l'être mais reproduit les apparences des objets sensibles. Dans son texte du Gorgias, Platon distingue les différents arts qui ne produisent qu'une apparence trompeuse et les savoirs qu’il considère comme véritables la médecine, la gymnastique... s'opposant à la cuisine, la rhétorique... Ce qu’il critique dans l'art, c’est la tromperie, effectuée en donnant l’apparence du vrai. De même que la rhétorique imite l’apparence de la vérité en fabricant de beaux discours, de même l'artiste imite l’apparence de la réalité en produisant ses œuvres. Platon donne une comparaison surprenante l'artiste est comparable à quelqu’un qui promène un miroir "en tous sens" ce qu’il produit n'est qu'un reflet sans consistance, une apparence doublement éloignée de l'être. C'est pourquoi il fait la critique d'une tendance relativiste d'un art grec qui déjà à l'époque tenait compte davantage du point de vue du spectateur que de la réalité elle-même. Comme l'illustre le célèbre exemple du concours de sculpture remporté par Phidias, l'art est un jeu sur les apparences qui nous plonge dans l'illusion. Cependant, peut-on se contenter de dire que l'art n'est qu'une imitation des apparences ? N'est-il qu’illusion ? N'est-il pas au contraire une manière d'approcher le réel ? L'art comme langage[modifier modifier le wikicode] Platon oublie peut-être que l'art, même celui qui reproduit, qui imite au plus près la réalité par exemple, le réalisme des natures mortes, exprime quelque chose. L'œuvre de l'artiste n’est pas une simple copie mais reste une expression artistique d'un côté, l'artiste s'exprime à travers son œuvre, mais le spectateur attend aussi d'une œuvre qu'elle "s'exprime" à lui. L'illustration est l’expression "cela me parle". Nous pouvons dire alors que l'art est un langage symbolique. Considérons un artiste et son œuvre, par exemple Van Gogh "Au lieu de rendre exactement ce que j’ai devant les yeux, je me sers de la couleur le plus arbitrairement pour m'exprimer plus fortement... Je voudrais faire le portrait d'un ami artiste qui rêve de grands rêves, qui travaille comme le rossignol chante... Cet homme sera blond. Je voudrais mettre dans le tableau mon appréciation, mon amour que j’ai pour lui...Derrière la tête, au lieu de peindre le mur banal du mesquin appartement, je peins l'infini, je fais un fond simple du bleu le plus riche, le plus intense que je puisse confectionner, et par cette simple combinaison la tête blonde éclairée sur ce fond bleu riche, obtient un effet mystérieux comme l'étoile dans l'azur profond." À Théo, août 1888 On peut donc dire que l'artiste s'exprime à travers un langage symbolique de couleurs, de sons, de mouvements... Dans le café de nuit, le jeu des couleurs jaune sale, rouge brutal... tend à donner l'impression d'un univers souillé, d'une déchirure morale; le jeu des formes personnages aplatis, rapetissés, semblables à des spectres, espace déformé fait sentir, revivre l'irréalité de cet univers, l'impression d'ivresse et de vertige. "Dans mon tableau le café de nuit, j’ai cherché à exprimer que le café est un endroit où l’on peut se ruiner, devenir fou, commettre des crimes" À Théo, septembre 1888. Au delà de la copie et grâce à l'art, l'artiste révèle un monde, le rend plus dense, l'immortalise ce tableau est l’expression artistique du monde prolétaire de la fin du XIXe siècle. Van Gogh a lu Zola. Et puisque l’on peut comparer une œuvre d'art à un texte la matérialité et les formes de l'œuvre sont comme le vocabulaire et la syntaxe d'un texte. Apprécier une œuvre, veut dire savoir lire, l'interpréter. Plus précisément l'art est vécu comme un langage à l'imagination, par le moyen des symboles. L'art peut donc être considéré comme une grande métaphore. Cicéron disait qu'un poème est une peinture loquace et la peinture un poème muet. Comme les métaphores des poèmes, l'art en général stimule l'imagination et l'entendement. Il n'explique rien et ne parle pas explicitement, mais il suggère des interprétations, évoque des images il inspire et remplis l'être humain d'idées neuves, de sentiments nouveaux. On comprend alors pourquoi une œuvre trop réaliste ne procure aucune émotion esthétique. Quand tout est apparent, clair, explicite, d'un réalisme extrême, là où il n'y a qu’à regarder, quand tout est apparent, quand tout n'est qu'apparence, notre imagination n’est pas stimulée, tout n'est qu'affaire de sensation. Proust dans À la recherche du temps perdu que les habitués appellent simplement "La Recherche", explique et analyse dans le second tome À l'ombre des jeunes filles en fleurs la déception qu’il éprouve devant la cathédrale de Balbec. Il ne ressentait aucune émotion artistique car il ne voyait devant lui qu'une cathédrale, entre la poste et le bistro. Or, une cathédrale est la reformulation symbolique de l'histoire racontée dans la Bible. Proust voyait donc un objet qui avait perdu sa fonction de signe, cette bâtisse ne lui inspirait rien, ne signifiait rien pour lui. De même que nous sommes limités à ne considérer que la matérialité d'un mot lorsqu'on en ignore le sens, de même Proust était réduit à ne voir qu'une construction en pierre. Le signe était là, mais sans la présence de la signification, le signe ne laissait transparaître aucun sens. Cette déception de Proust correspond donc à un désenchantement, car l'art est essentiellement un pouvoir d'enchantement, d'envoûtement, un pouvoir poétique. La magie dans l'art consiste à transformer des objets en symboles, de telle sorte que des couleurs, des sons, des formes... pourront évoquer des sentiments, des images, des idées. Cela donne, en termes psychologiques, l'art est enchanteur car inspirateur d'interprétations. À travers des choses réelles et matérielles se trouve l'échappatoire à tout ce qui fait la matérialité du réel, la nécessité, la répétition, la banalité. Aussi pouvons nous rapprocher de l'expérience esthétique de celle du rêve. Quels rapports peuvent être établis ? Principalement deux Premièrement, ils peuvent être conçus tous les deux comme un langage au moyen de symboles car l'œuvre d'art, comme le rêve, s'interprète Freud a écrit abondamment sur le sujet. Deuxièmement, le propre du rêve est d’être vécu comme le réel la peur dans un cauchemar est réellement vécue dans ce qui est imaginé en rêve. Il en va de même pour l'art. Ce qui est imaginé lors de l'observation d'une œuvre artistique, c'est-à-dire ce qui est interprété, est cru comme réellement perçu dans l'œuvre. La souffrance dans un tableau de Goya, la puissance de la nature dans un autre tableau de Turner, la paix tranquille d'une campagne ou d'une chaude journée d'été dans la symphonie pastorale de Beethoven... Tous ces sentiments, ces perceptions ne sont pas réelles; elles sont comme dans nos rêves le fruit de notre imagination. Dans les deux cas, ce qui est imaginé est pris pour une perception. Il donc vrai de dire comme Platon que l'art provoque des illusions, mais dans le cas de l'art l'illusion n’est pas synonyme de tromperie. L'illusion de ce qui est vu est paradoxalement ce qui aurait dû être vu. Ces artistes font percevoir dans une illusion toute la profondeur de la réalité. Conclusion[modifier modifier le wikicode] Pour finir cette partie, une définition nouvelle de l'art peut-être extraite de tout ce que qui a été vu précédemment. L'art semble être l'activité humaine qui façonne la matière de telle sorte qu'elle pourra exprimer un sentiment, une idée, et même, ajoute Bergson, un effort, une force. Même si cette définition est illustrée avec l'exemple des grands peintres, il faut la vérifier dans d'autres domaines. Bergson parlait de la grâce, la beauté des gestes, et de l'art qui avait pour objet ce type de beauté, celui de la danse. En observant un danseur expérimenté et/ou doué, apparaît l'impression que le geste même le plus complexe, même le plus inattendu, devient naturel. Ce fait suppose une certaine facilité, voire une liberté quant à l'usage du corps. Comme si le danseur échappait à tout ce qui le caractérise d'habitude sa matérialité, sa raideur, son inertie. Dans le sport, c’est aussi la grâce qui différencie le geste efficace du beau geste cela paraît simple. Dans un spectacle de la grâce, l'imagination participe à la vie d'un corps qui n'est possédé que pendant les rêves, un corps sans inertie, sans pesanteur, sans étendue... Le corps du danseur n’est pas un corps de rêve mais un corps rêvé, car l’idée qu'une volonté a pris le pas sur un corps, qui se fait peu à peu oublier, se fait sentir. L'esprit prend corps ou la matière s'anime. À ce moment, la danse devient expression, l'esprit dévoile ce qu’il contient à travers le corps. L'art est donc bien l’expression du spirituel. Kant a montré les contradictions de la beauté, et même en tentant de la définir autrement, une nature paradoxale de la beauté est toujours présente. L'art est l'activité qui se sert de la matière pour la dépasser, qui façonne des objets sensibles pour nous détacher des simples apparences sensibles. La beauté est donc un sentiment résultant du fait que l’on voit au travers de la matérialité de l’objet d'art quelque chose d'ordre spirituel. Un visage humain aux traits parfaits, possédant un joli teint est sûrement agréable à regarder, mais il n'est que cela s'il n'exprime rien. Le beau visage est celui qui reflète l'âme, transparaître une profondeur, une intériorité, bref, qui est de l’ordre du spirituel. Comparable à un signe, il sera trouvé beau lorsqu’il tendra à se faire oublier, à faire oublier sa matérialité. Maisà l'inverse l'art militant peut aussi dénoncer quelque chose. b)dénonciation L'art a longtemps servi comme support de la critique. L'exemple le plus frappant est peut etre celui de La fontaine qui dénonce les mœurs de son temps et l'attitude du roi. Ainsi dans la fable le loup et le chien il condamne l'attitude des nobles à travers le personnage du chien qui sont serviles vis à La question de la beauté, dans l’Antiquité, est liée essentiellement à beauté naturelle, qui représente l’idéal ou le modèle de la beauté. L’art, cherchant à rivaliser avec la nature, ne produit que des imitations, il est artifice ». Hegel 1770-1831 explique en quoi l’imitation de la nature demeurait la principale finalité de l’art grec Zeuxis peignait des raisins qui avaient une apparence tellement naturelle que les pigeons s’y trompaient et venaient les picorer, et Praxeas peignit un rideau qui trompa un homme, le peintre lui-même. On parle, dans ce cas, d’un triomphe de l’art » Esthétique I, 1829. Il ajoute On peut dire d’une façon générale qu’en voulant rivaliser avec la nature par l’imitation, l’art restera toujours au-dessous de la nature et pourra être comparé à un ver faisant des efforts pour égaler un éléphant ». S’établit avec Hegel et pour l’ensemble de la philosophie moderne un renversement total c’est désormais par rapport à l’homme que la nature est pensée La beauté artistique, fruit de l’esprit, est supérieure à la beauté naturelle » Esthétique, début de l’introduction. Oscar Wilde, écrivain irlandais, l’auteur du Portrait de Dorian Gray 1891, influencé par les écrits sur l’art de Baudelaire et de Théophile Gautier, va jusqu’à affirmer que ce sont la nature et la vie qui imitent l’art Des jeunes hommes se sont suicidés parce que Rolla [héros de Musset dans le roman éponyme de 1833] et Werher [héros de Goethe dans le roman Les souffrances du jeune Werther de 1774] se sont suicidés ». Les personnages réels imitent des personnages de fiction. Et nous sommes, en peinture, au tout début du mouvement impressionniste. Il n’empêche que les appréciations d’Oscar Wilde peuvent sembler aujourd’hui critiquables d’après la conception moderne de l’art, les Monet sont supérieurs aux Corot ; les couchers de soleil de Turner sont, écrit Wilde, tout à fait passés de mode …. Les admirer est un signe marquant de provincialisme. » Nietzsche 1844-1900 va idéaliser l’artiste, et l’opposer au philosophe et à ce que nous appelons finalement, aujourd’hui, depuis Zola et l’affaire Dreyfus, l’intellectuel. Seule la vie de l’artiste mérite d’être vécue. Dans La Naissance de la Tragédie, Nietzsche renverse les valeurs établies par certains Grecs Socrate est principalement visé en expliquant que l’art est un remède contre toutes les maladies de la réalité. Nietzsche n’aime pas la réalité. Il défend au contraire le monde de l’apparence et de l’illusion, celui de la légèreté et de la superficialité. Nietzsche, qui n’aime pas non plus l’esprit de sérieux, est resté un enfant. L’artiste représente l’homme vrai ». Il faut lire, écrit-il encore, les livres qui vous apprennent à danser » Humain, trop humain, I, § 206, 1878 et 1886.
Ilsert à enseigner l’histoire, présente, passée et future. Il sert à divertir, réfléchir, confronter, discuter, critiquer. Il ne laisse personne indifférent. L’art sert à enrichir nos connaissances, à notre évolution, à nous faire rire, pleurer et à exprimer plusieurs émotions. Même la
L'analyse du professeur Ce sujet invite à poser le problème des finalités de l’art. La question de l’utilité de l’art est en effet récurrente, dans la mesure où nous supposons implicitement que toute activité n’est pas à elle-même sa propre fin mais sert à autre chose de la même façon que la médecine sert à soigner, soigner sert à être en bonne santé, être en bonne santé sert à bien vivre, bien vivre à être heureux etc.. Or, l’oeuvre d’art, dans la mesure où elle est destinée à être vue, à se montrer, semble se définir par une forme de gratuité esthétique l’affranchissant de toute utilité directe dans son rapport aux autres activités humaines, tout au moins dans un rapport utilitariste qui fait de toute chose un moyen en vue de la production d’une autre chose. Dès lors, si l’oeuvre d’art ne produit rien d’autre que le fait de montrer quelque chose qui ne peut avoir d’utilité instrumentale pour celui qui la contemple, il semble pourtant, par ailleurs, que le fait de contempler une oeuvre d’art procure des sensations, des idées, des impressions qui, si elles ne sont pas quantifiables très directement en termes d’utilité matérielle, sont pourtant importantes aux yeux des hommes. Tout le problème sera donc de montrer que le critère de l’utilité est, rapporté à l’art, ambigu et oblige à redéfinir l’utilité selon un critère non utilitariste. ...

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