LaPremière Guerre mondiale est un conflit militaire qui s’est déroulé en Europe de 1914 à 1918.. Considérée comme un des événements marquants du xxe siècle, cette guerre parfois qualifiée de totale a atteint une échelle et une intensité inconnues jusqu’alors.Elle a mis en jeu plus de soldats, provoqué plus de morts et causé plus de destructions matérielles que toute autre
1. Introduction 2. Caractérisation textuelle du roman et du texte narratif Le genre roman » petits rappels Le schéma narratif au service du résumé d’un texte narratif 3. Différents types de résumés de textes narratifs 3. 1 Le résumé promotionnel Le résumé d’étape 4. Quelques caractéristiques linguistiques et stylistiques des résumés de textes narratifs Le temps des verbes Exercice no 1 passé composé ou plus-que-parfait Le style 5. Applications rédactionnelles et exercices à partir de deux extraits de romans Autour de la syntaxe dans L’extraordinaire voyage du fakir… Exercice no 2 la structure thématique de la phrase Autour du vocabulaire dans L’extraordinaire voyage du fakir… Exercices no 3 et no 4 les synonymes Exercice no 5 le genre des noms Résumé guidé du début de L’extraordinaire voyage du fakir… Résumés guidés du début de Arsène Lupin contre Herlock Sholmès La dame blonde Analyser le fonctionnement narratif d’un roman d’aventures Identifier les fonctions des résumés de textes narratifs Décrire la construction du résumé d’un texte narratif selon sa fonction Appliquer des structures syntaxiques aidant à résumer Faire des choix stylistiques appropriés au type de résumé recherché Produire des résumés de textes narratifs répondant à des critères donnés Dans le chapitre 1, il a été établi qu’un résumé est fonction de sa finalité pour qui et pourquoi l’écrit-on ? Dans ce deuxième chapitre, nous travaillerons le résumé de textes narratifs en prenant comme matériau de départ des chapitres de romans d’aventures. Nous analyserons des résumés de textes narratifs ainsi que des chapitres de romans avant de proposer des tâches de résumés. Le genre roman » petits rappels On peut définir le genre roman » novel par les traits suivants. C’est un texte littéraire narratif un récit de fiction /fictionnel tous les textes narratifs ne sont pas des fictions d’une certaine longueur plus long que la nouvelle, ou short story en anglais ancré dans une culture, une école littéraire ancré dans un sous-genre même si certains romans sont inclassables » roman historique, roman d’amour, roman policier, thriller psychologique, roman d’aventures… Le roman d’aventures est un genre regroupant divers types de récits où le héros, souvent masculin, vit des aventures jonchées de péripéties qui le mettent régulièrement en danger. Le réalisme des situations y est délaissé au profit d’une trame remplie d’intrigues et de suspense. À la fin, il convient que la morale soit sauve et que le bien l’emporte sur le mal. Dans les littératures francophone et anglophone, ce genre littéraire a connu ses heures de gloire à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle; on pense notamment à des auteurs comme Jules Verne ou Joseph Conrad, ou encore Alexandre Dumas plus tôt au XIXe siècle. Le roman d’aventures a donné naissance à des sous-genres comme le roman policier, avec de nouveaux héros populaires parmi lesquels les célèbres Hercule Poirot d’Agatha Christie, Sherlock Holmes de Conan Doyle et Arsène Lupin de Maurice Leblanc. Le schéma narratif au service du résumé d’un texte narratif Comme narration fictionnelle, le roman est codifié dans sa structure. Dans les romans grand public, ce sont généralement les péripéties qui sont le moteur de l’intérêt du lecteur s’il ne se passe rien, l’intérêt tombera pour la majorité des lecteurs. Durant vos études secondaires, vous avez d’ailleurs sans doute étudié le schéma narratif » classique Situation initiale Élément perturbateur Péripéties Dénouement ou élément de résolution Situation finale Ce schéma aide à décoder le texte, à prévoir la suite du récit. Il correspond au script attendu à partir d’une situation initiale, quelque chose survient qui entraîne une série d’événements et de rebondissements qui trouvent leur résolution, ce qui amène à la fin du roman. On peut s’appuyer sur ce schéma pour construire un résumé. Prenons Roméo et Juliette, de Shakespeare, que vous avez sans doute étudié au niveau secondaire Situation initiale Deux grandes familles de Vérone, les Capulet et les Montaigu, s’opposent dans une rivalité féroce. Élément perturbateur Roméo un Montaigu tombe amoureux de Juliette une Capulet, ce qui déclenchera toute une série de péripéties. Péripéties Ils se marient secrètement, ce qui provoquera un enchaînement d’événements, qui culmineront avec la pseudo-mort de Juliette. Dénouement ou élément de résolution Ce voyant, Roméo se tue. Juliette, à son réveil, voit Roméo mort et, patatras !, se tue aussi. Situation finale Les deux familles se réconcilient. Ce découpage en cinq étapes résume l’ensemble de la trame narrative, mais ne donne pas particulièrement envie de lire Roméo et Juliette. Le résumé est strictement utilitaire on en trouvera sur Wikipédia une version plus longue, qui permet de connaître l’œuvre sans l’avoir lue ou vue, comme pièce ou en film dérivé. Si l’on résume pour faire mousser l’intérêt » – pour donner l’envie d’aller voir la pièce, par exemple – on emploiera une langue plus dramatique, un vocabulaire plus riche, plus emphatique, un ton plus interactif, et on n’insistera pas sur le dénouement qui, de surcroît, dans ce cas-ci, est connu de tous. Comme nous voulons travailler l’expression d’un déroulement d’actions, nous nous concentrerons sur les romans d’aventures , forts en péripéties et rebondissements. Le but est de vous aider à acquérir des savoir-faire rédactionnels essentiels pour mettre en récit un enchaînement d’actions de bonnes reprises, de bons marqueurs chronologiques et une utilisation judicieuse du passé composé pour marquer l’accompli, ainsi que du plus-que-parfait pour marquer l’antériorité par rapport à un fait passé. Le résumé promotionnel Prenons le cas du best-seller français L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA. Sur le site de l’éditeur original, Le Dilettante, on trouve le résumé suivant, qui, manifestement, vise à donner envie de lire le livre Résumé Premier roman de la Révélation de la Rentrée 2013 Romain Puértolas Il était une fois Ajatashatru Lavash Patel à prononcer, selon les aptitudes linguales, j’arrache ta charrue » ou achète un chat roux », un hindou de gris vêtu, aux oreilles forées d’anneaux et considérablement moustachu. Profession fakir assez escroc, grand gobeur de clous en sucre et lampeur de lames postiches. Ledit hindou débarque un jour à Roissy, direction La Mecque du kit, le Lourdes du mode d’emploi Ikea, et ce aux fins d’y renouveler sa planche de salut et son gagne-pain en dur un lit à clous. Taxi arnaqué, porte franchie et commande passée d’un modèle deux cents pointes à visser soi-même, trouvant la succursale à son goût, il s’y installe, s’y lie aux chalands, notamment à une délicieuse Marie Rivière qui lui offre son premier choc cardiaque, et s’y fait enfermer de nuit, nidifiant dans une armoire… expédiée tout de go au Royaume-Uni en camion. Digne véhicule qu’il partage avec une escouade de Soudanais clandestins. Appréhendés en terre d’Albion, nos héros sont mis en garde à vue. Réexpédié en Espagne comme ses compères, Ajatashatru Lavash Patel y percute, en plein aéroport de Barcelone, le taxi floué à qui il échappe à la faveur d’un troisième empaquetage en malle-cabine qui le fait soudain romain… et romancier l’attente en soute étant longue et poussant à l’écriture. Protégé de l’actrice Sophie Morceaux, il joue une nouvelle fois la fille de l’air, empruntant une montgolfière pour se retrouver dans le golfe d’Aden puis, cargo aidant, à Tripoli. Une odyssée improbable qui s’achèvera festivement en France où Ajatashatru Lavash Patel passera la bague au doigt de Marie dans un climat d’euphorie cosmopolite. Sur le mode rebondissant des périples verniens et des tours de passe-passe houdinesques, voici donc, pour la première fois dans votre ville, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, un spectacle en Eurovision qui a du battant, du piquant et dont le clou vous ravira. Non, mais. Le résumé ci-dessus rend compte de toutes les étapes du schéma narratif ou presque Situation initiale Un fakir hindou débarque à l’aéroport Roissy à Paris pour aller acheter un lit à clous à IKEA. Élément perturbateur Il se rend à IKEA en taxi, mais arnaque le chauffeur. Péripéties Il rencontre une jolie femme, Marie qu’il arnaque aussi un peu, et passe la nuit dans le magasin parce qu’il n’a pas d’argent pour aller ailleurs. Quand des employés surviennent, il se cache dans une armoire… L’armoire part pour l’Angleterre et Ajatashatru Lavash Patel commence ainsi un tour d’Europe, avec une pointe en Afrique, durant lequel il connaît une série d’aventures plus rocambolesques les unes que les autres. Dénouement ou élément de résolution De retour en France, il retrouve Marie… et le chauffeur de taxi. Situation finale Il se marie avec Marie. Si le résumé » de l’éditeur rend bien compte de toutes les étapes du schéma narratif, son but est évidemment de susciter un plaisir de lecture par le recours à des effets de style reposant surtout sur la cocasserie, à commencer par cet hindou de gris vêtu, aux oreilles forées d’anneaux et considérablement moustachu », formulation qui peut notamment évoquer le grand méchant loup aux grandes oreilles et bien velu de plusieurs contes. Au-dessus de ce résumé, la maison d’édition Le Dilettante présente le roman d’une façon plus analytique, mais qui résume aussi Un voyage low-cost … dans une armoire Ikea ! Une aventure humaine incroyable aux quatre coins de l’Europe et dans la Libye post-Kadhafiste. Une histoire d’amour plus pétillante que le Coca-Cola, un éclat de rire à chaque page mais aussi le reflet d’une terrible réalité, le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle, sur le chemin des pays libres. On trouve dans ces quelques lignes le périple en Europe et en Afrique, les aventures, l’histoire d’amour, le ton du récit et le message que l’auteur veut véhiculer. Un résumé extrême » donc, auquel se combine un commentaire évaluatif. C’est le genre de texte qu’on lit souvent sur la quatrième de couverture » l’arrière du livre, où l’on présente le propos de l’ouvrage ou encore des commentaires de critiques littéraires. Les présentations de films, dans des programmes, prennent aussi cette forme très succincte avec ou sans commentaire évaluatif. Le résumé d’étape Un résumé narratif peut ne couvrir qu’une partie du récit. Dans les histoires sérialisées, on résume souvent l’épisode précédent au début de l’épisode qu’on aborde. Cette forme était courante dans les romans en feuilletons ou romans-feuilletons » du XIXe siècle, qui étaient publiés dans les journaux; en anglais, on pensera à Dickens; en français, à Alexandre Dumas, à Honoré de Balzac, à Eugène Sue moins connu aujourd’hui et aux célèbres aventures de Rocambole, le personnage haut en couleur des Drames de Paris de Ponson du Terrail, qu’on connaît surtout maintenant par l’adjectif rocambolesque » adjectif d’ailleurs souvent utilisé pour décrire L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA. Le résumé d’un épisode précédent est également courant dans les séries télévisées et les webséries. On retrouve aussi des résumés de l’épisode précédent ou encore du chapitre à venir en tête de chapitre dans des œuvres diverses. Si vous avez lu Candide de Voltaire ou Gulliver’s Travels de Jonathan Swift, vous vous souviendrez peut-être d’y avoir vu des résumés en tête de chapitre Chapitre troisième. Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares, et ce qu’il devint Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d’abord à peu près six […] CHAPTER I. THE AUTHOR GIVES SOME ACCOUNT OF HIMSELF AND FAMILY HIS FIRST INDUCEMENTS TO TRAVEL. HE IS SHIPWRECKED, AND SWIMS FOR HIS LIFE; GETS SAFE ASHORE IN THE COUNTRY OF LILLIPUT; IS MADE A PRISONER, AND CARRIED UP THE COUNTRY. My father had a small estate in Nottinghamshire; I was the third of five sons. He sent me to Emmanuel College in Cambridge at fourteen years old, where I resided three years, and applied myself close to my studies; but the charge of maintaining me, although I had a very scanty allowance, being too great for a narrow fortune, I was bound apprentice to Mr. James Bates, an eminent surgeon in London, with whom I continued four years; and my father now and then sending me small sums of money, I laid them out in learning navigation, and other parts of the mathematics useful to those who intend to travel, as I always believed it would be, some time or other, my fortune to do. Première partie, chapitre un L’AUTEUR REND UN COMPTE SUCCINCT DES PREMIERS MOTIFS QUI LE PORTÈRENT À VOYAGER. IL FAIT NAUFRAGE ET SE SAUVE À LA NAGE DANS LE PAYS DE LILLIPUT. ON L’ENCHAÎNE ET ON LE CONDUIT EN CET ÉTAT PLUS AVANT DANS LES TERRES. Mon père, dont le bien, situé dans la province de Nottingham, était médiocre, avait cinq fils j’étais le troisième, et il m’envoya au collège d’Emmanuel, à Cambridge, à l’âge de quatorze ans. J’y demeurai trois années, que j’employai utilement. Mais la dépense de mon entretien au collège était trop grande, on me mit en apprentissage sous M. Jacques Bates, fameux chirurgien à Londres, chez qui je demeurai quatre ans. Mon père m’envoyant de temps en temps quelques petites sommes d’argent, je les employai à apprendre le pilotage et les autres parties des mathématiques les plus nécessaires à ceux qui forment le dessein de voyager sur mer, ce que je prévoyais être ma destinée. Les romans-feuilletons recouraient aussi le plus souvent à ces résumés en tête de chapitre ou feuilleton. Voici par exemple un résumé d’un chapitre du Fantôme de l’opéra, de Gaston Leroux Chapitre 8. Où MM. Firmin Richard et Armand Moncharmin ont l’audace de faire représenter Faust » dans une salle maudite » et de l’effroyable événement qui en résulta. Mais le samedi matin, en arrivant dans leur bureau, les directeurs trouvèrent une double lettre de F. de l’O. ainsi conçue Mes chers directeurs, C’est donc la guerre ? Si vous tenez encore à la paix, voici mon ultimatum. Il est aux quatre conditions suivantes 1° Me rendre ma loge – et je veux qu’elle soit à ma libre disposition dès maintenant ; 2° Le rôle de Marguerite » sera chanté ce soir par Christine Daaé. Ne vous occupez pas de la Carlotta qui sera malade ; Dans ces trois cas Candide, Gulliver’s Travels, Le fantôme de l’opéra, le résumé présente le chapitre qui commence. Dans d’autres cas, par exemple dans les petits romans du magazine pour enfants J’aime lire, c’est le chapitre précédent qui est résumé afin de permettre à l’enfant de fractionner sa lecture s’il le souhaite[1] ». Ainsi, en tête du chapitre 2 du roman Sur la trace du blaireau perdu de Céline Claire, trouve-t-on le résumé suivant du premier chapitre Manon et Alex viennent de rejoindre Tonton Jacques à vélo. Il leur montre sa découverte un blaireau blessé au bord de la route… J’aime lire, no 459 bis, 2015 Comme on le voit, on peut résumer un texte narratif ou un extrait de texte narratif de bien des façons selon la finalité du résumé. Voyons maintenant quelques caractéristiques linguistiques et stylistiques essentielles du résumé du texte narratif. Le temps des verbes Le temps le plus communément employé pour résumer une narration est le présent narratif. Pourquoi ? Parce que le résumé n’est pas la narration même. D’où la difficulté à rédiger le résumé au passé simple, qui est un temps du récit, un temps qui distancie[2]. Or, le résumé d’un texte narratif fonctionne comme un dialogue direct avec le lecteur. Même le passé composé est difficile on ne raconte pas quelque chose qui est arrivé, on rend compte d’une histoire fictive, comme si on y était; le présent narratif ou présent historique crée cet effet. Bien évidemment, on aura tout de même besoin du passé composé et parfois du plus-que-parfait pour relater des faits antérieurs à ceux qui construisent la chaîne narrative de base du résumé. C’est bien le présent qui est utilisé dans le résumé long de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA … débarque un jour à Roissy, … s’y installe… nos héros sont mis en garde à vue présent passif … à qui il échappe … il joue une nouvelle fois la fille de l’air… Mais, si on veut rappeler des faits et des situations antérieurs aux événements qu’on est en train de résumer, on utilisera le passé composé Lavash Patel débarque à Roissy pour acheter un matelas à clous. Il a quitté l’Inde la veille avec pour seul pécule un faux billet de 100 euros. On peut aussi utiliser le passé composé simplement pour marquer l’aspect résultatif d’une action par rapport aux autres dans une séquence Lavash Patel s’interroge. Lui, un homme bon ? Il s’est plutôt toujours vu comme un charlatan ! Lavash Patel entre dans le magasin, trouve le rayon des lits, choisit le modèle et le commande. Il a accompli sa mission. Il peut maintenant se reposer jusqu’au lendemain. Pour marquer l’antériorité par rapport à un moment dont on parle au passé composé, on utilisera le plus-que-parfait Lavash Patel arrive à Paris un peu fatigué. Il a pris l’avion la veille et comme il n’avait jamais pris l’avion avant, il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Ou encore pour marquer une antériorité lointaine par rapport au moment du récit Lavash Patel se remémore son enfance sa rencontre avec un pédophile qui l’avait sodomisé, mais aussi la tendresse infinie de sa mère adoptive. Le plus-que-parfait s’utilise aussi pour marquer l’aspect résultatif dans le passé. Il était heureux. Il avait trouvé l’âme sœur. RAPPELS Passé composé antériorité par rapport au présent de la narration ou résultat dans le présent Plus-que-parfait antériorité par rapport à un moment du passé ou résultat dans le passé Le style Comme nous l’avons dit plus haut, le résumé d’un texte narratif écrit vise à donner aux lecteurs potentiels l’envie de lire l’ouvrage il doit être expressif et susciter des représentations quasi cinématographiques des personnages et du cadre de l’action; sa visée est publicitaire. Lorsque le résumé porte seulement sur une partie du roman, un chapitre par exemple, la langue peut être plus sobre le but premier est alors d’aider le lecteur à se remémorer ce qui précède ou à sauter des parties du récit; cela n’empêche cependant pas de chercher à reconstruire l’atmosphère, à reproduire le ton, ou l’effet de suspense s’il y en a. Vous trouverez ci-dessous deux parcours d’applications rédactionnelles et d’exercices. Le premier porte sur les trois premiers chapitres de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA. Le second sur l’un des romans de la célèbre série des Arsène Lupin Arsène Lupin contre Herlock Sholmès La dame blonde. Autour de la syntaxe dans L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA Pour bien résumer, il faut faire des phrases qui condensent l’information, ce qui passe notamment par une syntaxe dense, autant dans la partie thématique the topic de la phrase, c’est-à-dire ce qui est en début de phrase circonstants en tête de phrase et sujet, que dans la partie rhématique the comment, c’est-à-dire le verbe et ses compléments ainsi que les circonstants placés en fin de phrase. Remplissez le tableau que vous trouverez ici avec les structures demandées sujets comprenant une subordonnée relative explicative, différentes formes syntaxiques de compléments circonstanciels de cause antéposés, etc.; dans la colonne 3, vous placez des exemples tirés des troispremiers chapitres du roman; dans la colonne 4, vous construisez des exemples qui pourraient s’intégrer dans votre résumé. Le but de l’exercice est de vous aider à enrichir vos débuts de phrases en vous amenant à avoir une vision synthétique des constructions les plus courantes qui densifient les thèmes et structurent la progression du texte. Autour du vocabulaire dans L’extraordinaire voyage du fakir… a Les synonymes Savoir choisir le mot qui convient le mieux parmi une série de mots de sens proches est au coeur de toute écriture. Parmi les outils les plus efficaces pour comprendre les nuances de sens entre synonymes et mots de sens proches, Antidote figure en très bonne place, en raison, notamment, de la convivialité de l’interface de son sous-dictionnaire des synonymes. Sans doute d’ailleurs, l’utilisez-vous déjà, la plupart des universités étant abonnées à Antidote. Les deux exercices qui suivent vous amèneront à travailler systématiquement avec Antidote pour explorer des champs synonymiques autour de thèmes clés de L’extraodinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA. Exercice no 3 Explorez les synonymes des mots voyage et aventure dans Antidote, puis faites l’exercice autocorrigé que vous trouverez ici. Exercice no 4 Explorez les synonymes du mot bizarre, dans Antidote, puis faites l’exercice autocorrigé que vous trouverez ici. b Le genre des noms Apprendre des noms en français, c’est les apprendre avec leur genre grammatical masculin ou féminin ! Lisez le premier chapitre de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA, puis faites l’exercice suivant pour vérifier si vous avez la mémoire du genre grammatical. Cet exercice vise à vous entraîner à mobiliser une petite partie de votre attention pour observer le genre et le retenir. Il est conçu de façon à vous permettre de le faire rapidement la liste des noms suit le chapitre 1, de la page 13 à la page 16. Dans certains cas, le genre des noms est donné dans le texte ex. son costume, sa cravate et parfois non ex. à mi-voix ne dit pas si voix est un nom masculin ou féminin – et on dit bien un choix, mais une noix. Avec ou sans l’aide du livre, vous devriez trouver la majorité des réponses. À la deuxième tentative, vous devriez obtenir 30 sur 30. Ajoutez un » ou une » devant les noms. Résumé guidé du début de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA est un roman de Romain Puértolas, paru en 2013. Grand succès de librairie en France, le livre a été traduit dans plusieurs langues; un film en a aussi été est alerte et un rebondissement[3] n’attend pas l’autre. Quoi de mieux pour un exercice de résumé d’un texte narratif? Quelques exercices accompagnent la tâche de résumé proprement dite. Vous trouverez sur le site du Livre de poche[4] les trois premiers mini-chapitres de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA Lisez ces trois mini-chapitres en pensant aux étapes du schéma narratif. Ensemble, ils présentent la situation initiale et l’élément déclencheur... Élaborez mentalement un résumé et racontez oralement le début du récit à quelques autres étudiants de votre cours. En écoutant les résumés des autres, relevez les différences d’un résumé à l’autre Qu’est-ce qui est dit, qu’est-ce qui n’est pas dit ? Comment les phrases s’enchaînent-elles ? Emploie-t-on beaucoup de compléments circonstanciels pour exprimer les circonstances[5] ? La phrase qui clôt le petit résumé a-t-elle du punch ? Ouvre-t-elle sur la suite ?.. Pour bien rendre compte de la situation initiale et de l’élément déclencheur, pensez à camper le décor le lieu, les personnages et l’arnaque en termes vivants qu’est-ce qui arrive à qui et pourquoi ? Ouvrez sur les péripéties à venir, comme le fait la fin du chapitre 3.… Rédigez un résumé de 150 à 200 mots des trois premiers chapitres de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA. Imaginez que vous écrivez votre résumé pour un ami francophone qui n’aurait pas encore lu le livre. Faites un bon usage de la subordonnée relative et de l’apposition, notamment pour décrire les personnages. Soignez la progression thématique n’utilisez pas toujours le fakir » ou il » en sujet; mettez des compléments circonstanciels en tête de phrase. … Résumés guidés de séquences de Arsène Lupin contre Herlock Sholmès La dame blonde Arsène Lupin, c’est le célèbre personnage de gentleman-cambrioleur d’une série de romans du début du XXe siècle. Publiés au départ en feuilleton dans la revue encyclopédique Je sais tout, les romans de Maurice Leblanc mettant en scène Arsène Lupin ont connu une telle postérité qu’on ne compte plus les œuvres qui en sont dérivées films, séries télévisées, chansons, bandes dessinées, mangas, jeux…[6]Arsène Lupin contre Herlock Sholmès rassemble trois récits. Nous travaillerons ici le premier chapitre du premier récit, La dame blonde. Si la société dépeinte est évidemment bien différente du monde que vous connaissez, vous verrez en lisant le premier chapitre que la langue n’est pas particulièrement vieillotte; en fait, le texte se lit très facilement. Vous verrez aussi que les rebondissements[7] ne manquent Lecture guidée du premier chapitre Faites une première lecture au complet du chapitre 1, Le numéro 514-série 23 » de La dame blonde. Certains mots et éléments culturels sont expliqués. Vocabulaire. Cherchez dans Antidote ou le Petit Robert cinq synonymes du verbe voler to steal que vous pourriez réutiliser dans vos résumés. Faites une phrase pour chacun. b Résumés de la première séquence du premier chapitre La première séquence du chapitre, qui se termine sur l’annonce de l’enlèvement de Suzanne Gerbois, a été découpée en 12 étapes dans un tableau MS Word ici . Résumez l’essentiel de chaque étape en 1-3 phrases courtes et expressives, en gardant l’intensité dramatique. Des exemples sont donnés pour les premières étapes. En vous aidant de vos mini-résumés pour chaque étape de la séquence, composez un résumé global d’environ 200 mots. N’hésitez pas à remanier abondamment pour que le résumé coule bien. Comme dans le résumé du début de L’extraordinaire voyage du fakir…, faites un bon usage de la subordonnée relative et de l’apposition, notamment pour décrire les personnages. Soignez la progression thématique en variant les sujets et en mettant des compléments circonstanciels en tête de phrase. Produisez un second résumé plus objectif, moins dramatique n’utilisez pas un ton exclamatif. Faites des phrases plus complexes, plus analytiques. c Résumés de la deuxième séquence du premier chapitre Produisez deux résumés d’environ 200 mots de la deuxième séquence du chapitre dans le premier, vous jouerez des effets dramatiques exclamations, modalisations émotives fortes…; dans le second, vous utiliserez un ton plus sobre, plus neutre. Gérezvotre bibliothèque en ligne, discutez en tout convivialité et découvrez de nouveaux livres. S'inscrire; Se connecter ; Accueil; Forum; Bibliomania; Plus. Listes; Book Club; Prix LA; Blog; Venez partager avec notre communauté de mordus de lecture ! Un forum convivial et dynamique Bibliomania. Une bibliothèque virtuelle. Un profil. Pour partager avec ses amis. Un book club.Période historique XXè siècle La Première Guerre mondiale Type de document Roman Auteur PINGUILLY YvesEditeur Nathan Collection Les Romans de la mémoire NathanAnnée d'édition 2008 A partir de 11 ans. ISBN 2-0925-2088-1 Prix 5,95 € Fiche du livre Avis des lecteurs Résumé Tierno et Aboubacar quittent leur village africain respectif pour aller à Dakar, à l'école militaire des Blancs. Pourtant, c'est une toute autre destination qu'ils suivent, contraints. Ils se rendent en France pour intégrer les régiments déjà au front, à Verdun. La guerre foudroie tous ces hommes engagés volontairement ou non, Blancs ou Noirs, qui défendent la patrie. L'avis d'Histoire d'en lire Yves Pinguilly a raison de mettre en avant la participation des soldats africains, intégrés aux régiments français pendant la Première Guerre mondiale. Tout en montrant certaines différences de traitement entre les soldats blancs et noirs, il ajoute plusieurs touches d'humanité et malgré aussi les atrocités provoquées par cette guerre. Un bel hommage aux poilus, de toutes origines. Bien que ce roman soit court, Un Tirailleur en enfer Verdun 1916 s'adresse davantage à des jeunes de collège, le vocabulaire étant un peu complexe, malgré l'aide du lexique en fin de livre. En dehors de son aspect "documentaire", le récit en lui-même manque de force sur un tel sujet. Note Un Tirailleur en enfer Verdun 1916 a été sélectionné par le Ministère de l’Éducation nationale pour le niveau Collège dans la catégorie spéciale Première Guerre édition 2003.
Un*tirailleur en enfer : Verdun 1916 / Yves Pinguilly. - Paris : Nathan, DL 2008. - 1 vol. (133 p.) : couv. ill. en coul. ; 19 cm - portail de services pour l'utilisateur de la bibliothèque . sebina, you, services, bibliothèque, utilisateur. Aller à la recherche; Aller au contenu principal; Aller à la colonne de gauche; Aller à la colonne de droite; Aide. Mon compte Nom d'utilisateur Mot
Résumé et recueil de citations établis par Bernard MARTIAL, professeur de lettres en CPGE. Entre … changement de page dans l’édition du Livre de poche n°6524. 1ère partie, p. 22 à 142 LE FEU Journal d'une escouade 1916. À LA MÉMOIRE DES CAMARADES TOMBÉS À CÔTÉ DE MOI À CROUŸ ET SUR LA CÔTE 119. H. B. I. LA VISION Des hommes sont installés à la terrasse du premier étage d’un sanatorium donnant sur la Dent du Midi, l’Aiguille Verte et le Mont Blanc. Silence. Les hommes sont repliés sur eux-mêmes, et pensent à leur vie et à leur mort ». Une servante, habillée de blanc, distribue les journaux. C’est chose faite, dit celui qui a déployé le premier son journal, la guerre est déclarée. […] 24 — C’est un crime que commet l’Autriche, dit l’Autrichien. — Il faut que la France soit victorieuse, dit l’Anglais. — J’espère que l’Allemagne sera vaincue, dit l’Allemand. » Le silence est plein de la révélation qui vient d’être apportée La guerre ! » Sur ce paysage, ils croient voir apparaître la guerre. Des multitudes fourmillent par masses distinctes. Sur des champs, des assauts, vague par vague, se propagent, puis s’immobilisent ; des maisons sont éventrées comme des hommes, et des villes comme des maisons, des villages apparaissent en blancheurs émiettées, comme s’ils étaient tombés du ciel sur la terre, des chargements de morts et des blessés épouvantables changent la forme des plaines. 25 On voit chaque nation dont le bord est rongé de massacres, qui s’arrache sans cesse du cœur de nouveaux soldats pleins de force et pleins de sang ; on suit des yeux ces affluents vivants d’un fleuve de mort. Au Nord, au Sud, à l’Ouest, ce sont des batailles, de tous côtés, dans la distance. On peut se tourner dans un sens ou l’autre de l’étendue il n’y en a pas un seul au bout duquel la guerre ne soit pas. Un des voyants pâles, se soulevant sur son coude, énumère et dénombre les belligérants actuels et futurs trente millions de soldats. Un autre balbutie, les jeux pleins de tueries — Deux armées aux prises, c’est une grande armée qui se suicide. — On n’aurait pas dû, dit la voix profonde et caverneuse du premier de la rangée. Mais un autre dit — C’est la Révolution française qui recommence. — Gare aux trônes ! annonce le murmure d’un autre. Le troisième ajoute — C’est peut-être la guerre suprême. Il y a un silence, puis quelques fronts, encore blanchis par la fade tragédie de la nuit où transpire l’insomnie, se secouent. — Arrêter les guerres ! Est-ce possible ! Arrêter les guerres ! La plaie du monde est inguérissable. » Quelqu’un tousse. Le calme des paysages submerge ces visions et les parleurs rentrent en eux, préoccupés par leurs poumons. Le soir, un orage éclate sur le massif du Mont-Blanc et les hommes regardent les coups de tonnerre éclater sur la montagne. 26 — Arrêter la guerre ! disent-ils. Arrêter les orages ! » Les visions de l’orage se confondent avec le spectacle de la guerre Mais les contemplateurs placés au seuil du monde, lavés des passions des partis, délivrés des notions acquises, des aveuglements, de l’emprise des traditions, éprouvent vaguement la simplicité des choses et les possibilités béantes… Celui qui est au bout de la rangée s’écrie — On voit, en bas, des choses qui rampent. — Oui… c’est comme des choses vivantes. — Des espèces de plantes… — Des espèces d’hommes. Voilà que dans les lueurs sinistres de l’orage, au-dessous des nuages noirs échevelés, étirés et déployés sur la terre comme de mauvais anges, il leur semble voir s’étendre une grande plaine livide. Dans leur vision, des formes sortent de la plaine, qui est faite de boue et d’eau, et se cramponnent à la surface du sol, aveuglées et écrasées de fange, comme des naufragés monstrueux. Et il leur semble que ce sont des soldats. La plaine, qui ruisselle, striée de longs canaux parallèles, creusée de trous d’eau, est immense, et ces naufragés qui cherchent à se déterrer d’elle sont une multitude… Mais les trente millions d’esclaves jetés les uns sur les autres par le crime et l’erreur, dans la guerre de la boue, lèvent leurs faces humaines où germe enfin une volonté. L’avenir est dans les mains des esclaves 27, et on voit bien que le vieux monde sera changé par l’alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont infinis. » II. DANS LA TERRE Sur le champ de bataille le ciel, la terre et l’eau. La tranchée 28 Des espèces d’ours c’est nous ! Je vois des ombres émerger de ces puits latéraux, et se mouvoir, masses énormes et difformes des espèces d’ours qui pataugent et grognent. C’est nous ». Enterrés au fond d’un champ de bataille depuis plus de quinze mois, depuis cinq cents jours. Présentation des hommes de l’escouade Paradis 29, Volpatte et Firmin 30, Lamuse, Biquet, Tirette, le père Blaise 31, Barque… Blaire se fâcha. Ses sourcils se froncèrent sous son front où s’accumulait la noirceur. — Qu’est-c’ que tu m’embêtes, toi ? Et pis après ? C’est la guerre. Et toi, face d’haricot, tu crois p’t’être que ça n’te change pas la trompette et les manières, la guerre ? Ben, r’garde-toi, bec de singe, peau d’fesse ! Faut-il qu’un homme soye bête pour sortir des choses comme v’là toi ! » 32 … Marthereau, Tirloir, Pépin 33, Tulacque. Regroupement de l’escouade de Bertrand et de la moitié de la section à un coude de la tranchée 34. Notre compagnie occupe en réserve, une parallèle de 2e ligne. La nuit travaux de terrassement, le jour attente. Début de l’aube. Les divers accoutrements des hommes Pépin, Barque, Lamuse, Eudore, Tulacque, les casques 35 Biquet, Cadilhac, les jambes ! Volpatte, Mesnil André, Tirette, Marthereau, Pépin, Barque 36. Histoire des bottes du fantassin allemand prises par Caron à un mitrailleur bavarois abattu près de la route des Pylônes et confiées à Poterloo au moment de son évacuation. Comment chacun s’occupe Mesnil Joseph, blaire, Marthereau, Lamuse, Eudore, Volpatte, Mesnil André 37 Barque. Trois générations de soldats Nos âges ? Nous avons tous les âges. Notre régiment est un régiment de réserve que des renforts successifs ont renouvelé en partie avec de l’active, en partie avec de la territoriale. Dans la demi-section, il y a des des bleus et des demi-poils. Fouillade a quarante ans. Blaire pourrait être le père de Biquet, qui est un duvetier de la classe 13. Le caporal appelle Marthereau grand-père » ou vieux détritus » selon qu’il plaisante ou qu’il parle sérieusement. Mesnil Joseph serait à la caserne s’il n’y avait pas eu la guerre. Cela fait un drôle d’effet quand nous sommes conduits par notre sergent Vigile, un gentil petit garçon qui a un peu de moustache peinte sur la lèvre, et qui, l’autre jour, au cantonnement, sautait à la corde avec des gosses. Dans notre groupe disparate, dans cette famille sans famille, dans ce foyer sans foyer qui nous groupe, il y a, côte à côte, trois générations qui sont là, à vivre, à attendre, à s’immobiliser, comme des statues informes, comme des bornes ». Originaires de toutes les régions Nos races ? Nous sommes toutes les races ». Poterloo, mineur de Calonne, Fouillade, batelier de Cette 38, Cocon de Lyon, Biquet le Breton, André Mesnil le Normand, Lamuse, paysan du Poitou, Barque, le Parisien,, Tirette de Clichy-la-Garenne, Paradis du Morvan. Nos métiers ? Un peu tout dans le tas ». Laboureurs et ouvriers pour la plupart. Lamuse, valet de ferme, Paradis, charretier, Cadilhac a des terres, Père Blaise, métayer dans la Brie, barque, garçon livreur, le Caporal Bertrand, contremaître dans une manufacture de gainerie 39, Tirloir, peintre de voitures, Tirloir, bistrotier à la barrière du Trône, Eudore tient un estaminet près du front, Mesnil André, pharmacien, son frère Mesnil Joseph, vendeur de journaux dans une gare, Cocon, quincailler, Becuwe Adolphe et Poterloo, mineurs. Plus ceux dont on ne se rappelle pas le métier ou que l’on confond Pépin qui n’en a pas. Pas de profession libérale autour de moi. Des instituteurs sont sous-officiers à la compagnie ou infirmiers. Dans le régiment, un frère mariste est sergent au service de santé ; un ténor, cycliste du major ; un avocat, secrétaire du colonel ; un rentier, caporal d’ordinaire à la Compagnie Hors Rang. Ici, rien de tout cela. Nous sommes des soldats combattants, nous autres, et il n’y a presque pas d’intellectuels, d’artistes ou de riches qui, pendant cette guerre 40, auront risqué leurs figures aux créneaux, sinon en passant, ou sous des képis galonnés ». On diffère profondément… mais pourtant on se ressemble diversités d’âges, d’origine, de situation, mêmes silhouettes, mêmes mœurs, mêmes habitudes, même caractère simplifié d’hommes revenus à l’état primitif », même parler, fait d’un mélange d’argots et de patois. Et puis, ici, attachés ensemble par un destin irrémédiable, emportés malgré nous sur le même rang, par l’immense aventure, on est bien forcé, avec les semaines et les nuits, d’aller se ressemblant. L’étroitesse terrible de la vie commune nous serre, nous adapte, nous efface les uns dans les autres. C’est une espèce de contagion fatale. Si bien qu’un soldat apparaît pareil à un autre sans qu’il soit nécessaire, pour voir cette similitude, de les regarder de loin, aux distances où nous ne sommes que des grains de la poussière qui roule dans la plaine ». On attend et on se fatigue d’attendre On attend toujours, dans l’état de guerre. On est devenus des machines à attendre ». On attend la soupe, puis les lettres 41 ; après on attend autre chose. Récriminations pour la soupe. 42-43 Arrivée du ravitaillement. 44-45 Satisfaction et plaisanteries obscènes. 46 Du café et du tabac. Conversations et altercations dispute entre Pépin et Tulacque 47, Lamuse s’interpose 48. Hier, c’était Plaisance qui voulait se battre avec Fumex, me dit Paradis. La journée s’avance. Brouillard et humidité. Cocon explique la situation des tranchées Il y a dans le secteur du régiment quinze lignes de tranchées françaises, les unes abandonnées, envahies par l’herbe et quasi nivelées, les autres entretenues à vif et hérissées d’hommes. Ces parallèles sont réunies par des boyaux innombrables qui tournent et font des crochets comme de vieilles rues. Le réseau est plus compact encore que nous le croyons, nous qui vivons dedans. Sur les vingt-cinq kilomètres de largeur qui forment le front de l’armée, il faut compter mille kilomètres de lignes creuses tranchées, boyaux, sapes. Et l’armée française a dix armées. Il y a donc, du côté français, environ dix mille kilomètres de 49 tranchées et autant du côté allemand… Et le front français n’est à peu près que la huitième partie du front de la guerre sur la surface du monde ». Conversation entre les hommes C’est vrai, quand on y pense, qu’un soldat — ou même plusieurs soldats — ce n’est rien, c’est moins que rien dans la multitude, et alors on se trouve tout perdu, noyé, comme quelques gouttes de sang qu’on est, parmi ce déluge d’hommes et de choses » dit Barque 50. Il faut empêcher les Boches de passer caporal Bertrand. Fouillade rouspète. Moi, dit Barque, je ne rouspète plus. Au commencement, je rouspétais contre tout le monde, contre ceux de l’arrière, contre les civils, contre l’habitant, contre les embusqués. Oui, j’rouspétais, mais c’était au commencement de la guerre, j’étais jeune. Maint’nant, j’prends mieux les choses ». Prendre les choses comme elles viennent, vivre au jour le jour, faire ce qu’on nous dit de faire Faut vivre au jour le jour, heure par heure même, si tu peux […] Les faces cuites, tannées, incrustées de poussière, opinent, se taisent. Évidemment, c’est là l’idée de ces 51 hommes qui ont, il y a un an et demi, quitté tous les coins du pays pour se masser sur la frontière ». Renoncement à comprendre, et renoncement à être soi-même ; espérance de ne pas mourir et lutte pour vivre le mieux possible. Faire ce qu’on doit et se démerder Chacun pour soi, à la guerre ! » Souvenirs de Barque, Tirloir, Lamuse, Paradis, Blaire, Pépin le bon temps » passé à Soissons ville quasi évacuée pendant plusieurs mois 52. Une époque d’abondance du poulet, du lapin, de l’argent. Au milieu de tout ça, on courait après le feu. le cantonnement de la Martin César, le cuistot qui trouvait toujours de quoi faire du feu un violon, des queues de billard 53, des fauteuils de salon, un vieux meuble. Les chapardages le lieutenant Virvin défonçant la porte d’une cave à coups de hache, Saladin, l’officier de ravitaillement volant deux bouteilles de blanc. Le cuistot est mort d’une crise cardiaque, on l’a enterré 54. Les soldats essaient de se débrouiller pour éviter les corvées sauf quand les copains sont en danger ex. de Lamuse, virtuose du tirage au flanc qui a sauvé la vie à des blessés en allant les chercher dans la fusillade. Presque tous les gars de l’escouade ont quelque haut fait militaire à leur actif et, successivement, les croix de guerre se sont alignées sur leurs poitrines ». Aux attaques de mai, Biquet a attrapé quatre Allemands. il y a deux mois, Tulacque en a tué neuf. Tulacque 55, Tirloir, Eudore n’ont rien contre les simples soldats allemands mais ils en veulent aux officiers. En tous cas, on n’est pas fixé pour les hommes, reprend Tirloir, mais les officiers allemands, non, non, non pas des hommes, des monstres. Mon vieux, c’est vraiment une sale vermine spéciale. Tu peux dire que c’est les microbes de la guerre. Il faut les avoir vus de près, ces affreux grands raides, maigres comme des clous, et qui ont tout de même des têtes de veaux ». Tirloir se souvient d’un colonel prussien aristocrate qui le méprisait. Il lui a donné un coup de pied au cul. Blaire 56 et Pépin évoquent les allemands qu’ils n’hésiteront à tuer et tous leurs objets qu’ils pourront revendre couvercles d’argent, pistolets, jumelles, casques. Pépin compte bien avoir les frusques d’un galonné de Guillaume. — T’en fais pas j’saurai bien goupiller ça avant que la guerre finisse. — Tu crois à la finition de la guerre, toi ? demande l’un. — T’en fais pas, répond l’autre ». Arrivée d’un groupe deux officiers d’état-major avec des civils. Des touristes des tranchées 57. Le capitaine leur montre une banquette de tir. Deux hommes s’approchent de nous Ah ! ah ! fait le premier monsieur, voilà des poilus… Ce sont de vrais poilus, en effet » 58. Les hommes nous regardent en train de boire notre café comme des animaux au zoo. — C’est bon, mes amis ? […] — C’est très bien, c’est très bien, mes amis. Vous êtes des braves ! ». Nous réalisons en entendant un officier que ces hommes étaient des journalistes ; Barque se moque de la propagande et des mensonges des journalistes Le kronprinz est fou, après avoir été tué au commencement de la campagne, et, en attendant, il a toutes les maladies qu’on veut. Guillaume va mourir ce soir et remourir demain. Les Allemands n’ont plus de munitions, becquètent du bois ; ils ne peuvent plus tenir, d’après les calculs les plus autorisés, que 59 jusqu’à la fin de la semaine. On les aura quand on voudra, l’arme à la bretelle. Si on attend quèq’jours encore, c’est que nous n’avons pas envie d’quitter l’existence des tranchées ; on y est si bien, avec l’eau, le gaz, les douches à tous les étages. Le seul inconvénient, c’est qu’il y fait un peu trop chaud l’hiver… Quant aux Autrichiens, y a longtemps qu’euss i’ s n’tiennent plus i’ font semblant… » V’là quinze mois que c’est comme ça et que l’directeur dit à ses scribes Eh ! les poteaux, j’tez-en un coup, tâchez moyen de m’décrotter ça en cinq sec et de l’délayer sur la longueur de ces quatre sacrées feuilles blanches qu’on a à salir. » Le caporal fait remarquer aux hommes qu’ils sont les premiers à vouloir lire les journaux. L’attention se disperse. Une partie de manille. Cocon et Tirette évoquent leurs souvenirs de caserne sujet de conversation inépuisable 60. Les anecdotes des ex-troupiers défi à un gradé. Arrivée du vaguemestre militaire chargé du service postal. De mauvaise humeur. Il distribue le courrier 61 et transmet les ordres du général commandant l’armée défense de porter des capuchons, ordre de tailler les barbes. D’autres nouvelles aussi incertaines que fantaisistes la division serait relevée pour aller soit au repos soit au Maroc ou en Egypte 62. On veut savoir d’où viennent ces informations. Le bon sens reprend le dessus et chasse le rêve. Les lettres reçues et celles qu’il faut écrire Tirloir et Eudore. Barque est inspiré 63, Lamuse beaucoup moins, Eudore est ému. Le moment des lettres est celui où l’on est le plus et le mieux ce que l’on fut. Plusieurs hommes s’abandonnent au passé […]. Sous l’écorce des formes grossières et obscurcies, d’autres cœurs laissent murmurer tout haut un souvenir » Le père Blaire fabrique une bague pour sa 64 femme. Dans ces trous dénudés de la terre, ces hommes […] ont l’air encore plus sauvages, plus primitifs, et plus humains, que sous tout autre aspect » Un adjudant passe avec une compagnie de territoriaux chargés dans le secteur des travaux de terrassement de seconde ligne et de l’entretien des boyaux d’arrière. Des petits vieux mal fagotés ou de gros poussifs avec leurs outils 65. Tirette et Barque se moquent d’eux ; ils prennent à partie deux hommes ce qui fait rire les autres. Il n’en faut pas davantage pour exciter encore les 66 deux compères que le désir de placer un mot jugé drôle par un public peu difficile incite à tourner en dérision les ridicules de ces vieux frères d’armes qui peinent nuit et jour, au bord de la grande guerre, pour préparer et réparer les champs de bataille. Et même les autres spectateurs s’y mettent aussi. Misérables, ils raillent plus misérables qu’eux. » Les soldats continuent leurs railleries. Le défilé des vétérans se termine au milieu des sarcasmes. 67 Crépuscule. Défilé d’une troupe de tabors soldats marocains avec un tirailleur sénégalais. Ceux-là, on ne s’en moque pas. Leur passage est l’indice d’une attaque prochaine. Ce sont des soldats courageux. 68 — Au fond, ce sont de vrais soldats. — Nous ne sommes pas des soldats, nous, nous sommes des hommes, dit le gros Lamuse. L’heure s’est assombrie et pourtant cette parole juste et claire met comme une lueur sur ceux qui sont ici, à attendre, depuis ce matin, et depuis des mois. Ils sont des hommes, des bonshommes quelconques arrachés brusquement à la vie. Comme des hommes quelconques pris dans la masse, ils sont ignorants, peu emballés, à vue bornée, pleins d’un gros bon sens, qui, parfois, déraille ; enclins à se laisser conduire et à faire ce qu’on leur dit de faire, résistants à la peine, capables de souffrir longtemps. Ce sont de simples hommes qu’on a simplifiés encore, et dont, par la force des choses, les seuls instincts primordiaux s’accentuent instinct de la conservation, égoïsme, espoir tenace de survivre toujours, joie de manger, de boire et de dormir ». La nuit tombe. Ordre de rassemblement de la deuxième demi-section devant le dépôt d’outils 69. Chacun prend une pelle et une pioche. Coups de tonnerre dans le ciel. DESCENTE Arrivée du 6e Bataillon à la fin de la nuit dans un champ près du bois des Alleux 70. Nous attendons le reste du 5e Bataillon qui était en première ligne. La relève qui a commencé hier à six heures et a duré toute la nuit est finie. La 18e Compagnie a eu dix-huit tués et une cinquantaine de blessés à cause des bombardements. Arrivées de la 17e, de la 18e et de la 20e. Le capitaine de la 18e compagnie passe avec sa canne 71. Je vais au devant de la 18e. Des hommes qui reviennent de l’enfer. Vacarme épouvantable. La 2e section avec son sous-lieutenant. Des onze hommes de l’escouade du caporal Marchal, il n’en reste plus que trois. Marchal m’apprend la mort de Barbier 72 samedi à 23h, de Besse un obus lui a traversé le ventre et l’estomac, de Barthélémy et Baubex atteints à la tête et au cou, de Godefroy le milieu du corps emporté, Gougnard jambes hachées, Mondain dimanche matin, poitrine défoncée par l’écroulement de la guitoune, Franco colonne vertébrale cassée par cet écroulement, Vigile idem, tête aplatie 73. Marchal est accaparé par ses camarades. Un rescapé Vanderborn, le tambour. Les soldats sont gais, heureux de s’en être sortis. Ils sont soulagés pour six semaines. Les soldats de la guerre ont, pour les grandes et les petites choses, une philosophie d’enfant ils ne regardent jamais loin ni autour d’eux, ni devant eux. Ils pensent à peu près au jour le jour. Aujourd’hui, chacun de ceux-là est sûr de vivre encore un bout de temps. C’est pourquoi, malgré la fatigue qui les écrase, et la boucherie toute fraîche dont ils sont éclaboussés encore, et leurs frères arrachés tout autour de chacun d’eux, malgré tout, malgré eux, ils sont dans la fête de survivre, ils jouissent de la gloire infinie d’être debout ». 74 IV. VOLPATTE ET FOUILLADE Le sergent et le capitaine sont en colère. Volpatte et Fouillade ont été réquisitionnés et emmenés en première ligne par le 5e Bataillon. Le caporal Bertrand me demande d’aller les chercher avec Farfadet. On fait le chemin à l’envers en remontant la côte. Farfadet a du mal à suivre. En sortant du bois, on les retrouve 75. Volpatte n’entend rien, il a des bandages autour de la tête. Fouillade explique qu’ils reviennent du lieu où le 5e Bataillon les a mis jeudi et… les a oubliés. Ils sont restés quatre jours et quatre nuits dans un trou d’obus puant et sous les balles 76. On leur avait dit de se tenir là et de tirer. Le lendemain, ils ont eu la visite d’un type de liaison du 5e qui s’est enfui. Ils ont tenu avec une boule de son, un seau de vin et une caisse de cartouches. Farfadet donne à boire à Volpatte qui grelotte. Ils ont fait prisonniers deux allemands qui sont tombés dans leur trou et les ont attachés. Oubliés par le type de liaison, par le 6e et par le 18e 77, ils ont été retrouvés par ceux du 204 à qui ils ont remis les Boches. Au passage, ils ont même sorti le sergent Sacerdote de son trou. Volpatte a été blessé aux oreilles par l’explosion d’un obus. Retour. Farfadet et moi, nous portons le barda de Volpatte. Il se réjouit car avec sa blessure, il va être évacué 78. Dix heures sonnent au village. Volpatte imagine déjà son évacuation comme ce qui est arrivé à Jules Crapelet. Il montre la photo de sa femme et de ses deux garçons. Il dit que ses oreilles repousseront pendant sa convalescence et que d’ici là la guerre sera peut-être finie J’irai en convalo, dit Volpatte, et pendant qu’mes oreilles se recolleront, la femme et les p’tits me regarderont 79, et je les regarderai. Et pendant c’temps-là qu’elles r’pouss’ront comme des salades, mes amis, la guerre, elle s’avancera… Les Russes… On n’sait pas, quoi !… ». Fouillade en est presque jaloux et Farfadet comprend maintenant ce que veut dire une bonne blessure » la seule chose qu’un pauvre soldat puisse espérer qui ne soit pas fou ». On approche du village ; on contourne le bois. On voit une femme blonde. Fouillade nous apprend qu’elle s’appelle Eudoxie, qu’elle est réfugiée et qu’elle est à Gamblin dans une famille 80. Lamuse s’intéresse à elle. Il apparaît. Il veut porter les affaires de Volpatte et de Fouillade. En fait 81, il cherche Eudoxie. Elle réapparaît et je comprends que c’est à Farfadet que la bohémienne s’intéresse. Lamuse n’a rien vu mais le plus blessé n’est peut-être pas celui qu’on pense. On redescend au village 82 et les camarades se rassemblent sur la place de l’église V. L’ASILE Marche du régiment en quête d’un nouveau gîte sur la route qui monte au milieu du bois. Cohue endiguée par les talus et vacarme nocturne. On n’y voit rien 83. Spectacle de l’aube après plusieurs haltes. On sort de cette nuit de marche. Le nouveau cantonnement Gauchin-l’Abbé. D’après la rumeur, il y a tout ici Brigade, Conseil de Guerre 84, une espèce de terre promise. Après vingt-huit kilomètres dans la nuit, on arrive près des maisons au petit jour mais on ne s’arrête pas. Brouillard et froid. Le soleil perce enfin 85 et devient ardent. Bientôt il fait chaud dans ce pays de craie. Long nuage de calcaire et de poussière, les pieds semblent barboter dans des auges de maçons. On s’écarte pour laisser passer un convoi de camions qui soulève un nuage de poussière qui nous recouvre 86. On ressemble à des statues de plâtre. On se remet en route. Arrivée au cantonnement sur le coup de midi. Le régiment envahit la seule rue de Gauchin-l’Abbé. Les hommes s’engouffrent dans les bâtiments. Nous allons jusqu’au bout du village puis revenons à l’entrée 87. Fatigue et impatience au sein de l’escouade où chacun est pressé de trouver un coin à louer chez l’habitant. Ce sera difficile trois compagnies arrivent après la nôtre, quatre sont arrivées avant et il y a beaucoup de gens plus puissants que les simples soldats. La grange dévolue à l’escouade. On déchante mais il faut se dépêcher de trouver la meilleure place 88. L’escouade se scinde en deux patrouilles qui partent dans la rue. J’ai l’impression d’une sorte de combat désespéré entre tous les soldats, dans les rues du village qu’on vient d’occuper. — Pour nous, dit Marthereau, la guerre, c’est toujours la lutte et la bataille, toujours, toujours ! » Partout des refus de la part des habitants. Les trois rues du village noires de monde. La foule 89. J’aperçois Eudoxie dans une ruelle. Je ne dis rien à Lamuse qui ne l’a pas vue. Pour le moment, il faut trouver un coin. Barque nous entraîne vers une porte jaune. Devant, on rencontre Blaire 90 qui attend la voiture-dentiste. Négociations avec les habitants pour s’installer. Un local très sombre en terre battue, encombré de linge sale 91. Une vieille porte sur deux tonneaux fera office de table. On sera une douzaine. La femme a peur qu’on lui vole sa planche. 92 — Mais nous, on n’est pas des voleurs, insinue Lamuse, avec modération pour ne pas irriter la créature qui dispose de notre bien-être. — J’dis pas, mais vous savez, les soldats, i’s abîment tout. Ah quelle misère que c’te guerre ! » Vingt sous par jour. On essaie de protester. La femme prévient qu’elle peut trouver d’autres clients. On voudrait acheter du vin. La femme dit qu’elle n’en vend pas. — Vous comprenez, l’autorité militaire force ceux qui tiennent du vin à le vendre quinze sous. Quinze sous ! Quelle misère que c’te maudite guerre ! On y perd, à quinze sous, monsieur. Alors, j’n’en vends pas d’vin. J’ai bien du vin pour nous. J’dis pas que quéqu’fois, pour obliger, j’en cède pas à des gens qu’on connaît, des gens qui comprennent les choses, mais vous pensez bien, messieurs, pas pour quinze sous ». Elle accepte finalement de vendre un litre de vin à Lamuse pour vingt-deux sous 93. Elle nous conduit dans le cellier où il y a trois gros tonneaux. Barque ronchonne. La mégère devient agressive — Vous ne voudrez pas qu’on se ruine à cette misère de guerre ! C’est assez de tout l’argent qu’on perd à ci et à ça. Barque s’accroche avec elle. On s’interpose. Le mari appelle sa femme Palmyre qui s’en va. Colère de Barque et de Marthereau contre les hôtes 94 et contre Lamuse. — J’sais bien que c’est partout et toujours la même histoire, mais c’est égal… — I’s’ démerde l’habitant, ah ! oui ! I’ faut bien qu’i’ y en ait qui fassent fortune. Tout le monde ne peut pas s’faîre tuer. — Ah ! les braves populations de l’Est ! — Ben, et les braves populations du Nord ! — … Qui nous accueillent les bras ouverts !… — La main ouverte, oui… — J’te dis, répète Marthereau, que c’est un’ honte et une dégueulasserie ». On annonce la nouvelle au cantonnement. Courses pour le déjeuner. Barque a réussi à se faire donner les pommes de terre et la viande constituant la portion des quinze hommes de l’escouade. Il a aussi acheté du saindoux et des petits pois en conserve. La boîte de veau à la gelée de Mesnil André servira de hors d’œuvre. 95. La cuisine. Une marmite de plus sur la cuisinière de fonte. La femme se plaint. Les autres arrivent. Crépuscule de cave. Farfadet se frotte contre le mur et se salit. Puis il fait tomber sa cuiller qu’il retrouve charbonneuse 96. Repas abondant. Lueur par le soupirail. Biquet raconte ses tribulations avec une blanchisseuse, Tulacque parle de la queue devant l’épicerie et du rapport qui prévoit des sanctions sévères en cas de déprédations chez l’habitant. Volpatte va être évacué et Pépère va aller à l’arrière avec les hommes de la classe 93. Leur hôtesse a des soldats à sa table les infirmiers des mitrailleurs. Pépin parle d’une vieille qui reçoit gratuitement les gars de la 9e parce que son vieux, qui est mort il y a cinquante ans, était voltigeur 97. Palmyre apporte le café. Pourquoi que vous appelez l’adjudant le juteux ? […] Toujours ça a été ». Dix sous le café. Visite de Charlot, un garçon de la maison de la côté. Il raconte que ses parents ont aussi des soldats et qu’ils leur vendent tout ce qu’ils veulent. — Dis donc, petit, viens un peu ici, dit Cocon, en prenant le bambin entre ses genoux. Écoute bien. Ton papa i’ dit, n’est-ce pas Pourvu que la guerre continue ! » hé ? — Pour sûr, dit l’enfant en hochant la tête, parce qu’on devient riche. Il a dit qu’à la fin d’mai on aura gagné cinquante mille francs. — Cinquante mille francs ! C’est pas vrai ! — Si, si ! trépigne l’enfant. Il a dit ça avec maman. Papa voudrait qu’ça soit toujours comme ça. Maman, des fois, elle ne sait pas, parce que mon frère Adolphe est au front. Mais on va le faire mettre à l’arrière et, comme ça, la guerre pourra continuer ». Bruit de querelles le mari reproche à sa femme de ne pas savoir y faire 98. On sort de notre souterrain. Les mouches. Dans le bric-à-brac de la maison, un vieux monsieur. Il se prétend le beau-père de quelqu’un qui est ici. Palmyre le laisse faire en passant le balai sans rien dire 99. Des commères parlent de la façon de doser le Picon. Les bestioles se multiplient à cause de la chaleur. Je vais flâner avec Lamuse l’après-midi. Corvisart voudrait bien venir avec nous mais il est de corvée de colombins. Des cris Barque en proie à une ménagerie de ménagères. La scène est observée par une fillette 100. Six hommes, conduits par un caporal-fourrier, portent des capotes neuves et des chaussures. Lamuse voudrait de nouvelles chaussures. Un aéroplane ronfle. Lamuse ne croit pas au progrès — Ces machines-là, jamais ça ne deviendra pratique, jamais. — Comment peux-tu dire ça ! On a fait tellement de progrès, si vite… — Oui, mais on s’arrêtera là. On ne fera jamais mieux, jamais ». Il préfère me parler d’Eudoxie. Elle est là. Je fais semblant de ne pas m’en être aperçu 101. Mon vieux, veux-tu que je te dise ? Elle est venue pour moi ». Il veut épouser cette Eudoxie Dumail, cette paysanne plus belle qu’une Parisienne. Il a du mal à exprimer ses sentiments 102. C’est parti pour le commerce local avec les soldats. Cortège d’un enterrement militaire. Nous avons dépassé les dernières maisons. Au bout de la rue, le train régimentaire et le train de combats se sont installés avec leur matériel, les chevaux, la forge. Au bord du camp, la fameuse voiture stomatologique que cherchait Blaire 103. Il est là et interpelle Sambremeuse, l’infirmier, qui revient de ses courses. Suite de la promenade dans un sentier. Puis, nous nous trouvons face-à-face avec Eudoxie 104. Déclaration d’amour de Lamuse à Eudoxie qui le repousse. Il veut l’embrasser. Elle suffoque. Je m’interpose. Elle s’en va. J’entraîne le pauvre Lamuse 105. Les hommes du corps de garde Bigornot, Cornet, Canard, La Mollette parlent d’un marchand de vin, de Pépère, des femmes. Les autres regardent des avions ennemis. 106 On rentre. Carassus et Cheyssier annonce le départ de Pépère à l’arrière. Des bandes de poilus en conversations dans le village. Cohue autour d’un marchand de journaux. Fouillade, Paradis. Biquet nous parle de sa tenue qu’il va devoir nettoyer. Montreuil a une lettre pour lui c’est sa mère qui s’inquiète pour lui. Au centre du village 107, l’affluence augmente. On salue le commandant, et l’aumônier noir. On est interpellés par Pigeon, Guenon, le jeune Escutenaire, le chasseur Clodore. Bizouarne, Chanrion, Roquette parlent du départ de Pépère. Biquet de la lettre de sa mère. Elle date de dix jours. On rejoint notre asile. On est bien maintenant ». Biquet écrit à sa mère 108. VI. HABITUDES Poule noire, deux poussins, un vieux coq dans la basse-cour. Commentaires de Paradis et de Volpatte. On est bien, dit Barque » 109. Les petits canards. Au-delà de cette cour de ferme, un verger, une prairie, des abeilles, un pré, une pie. Les soldats s’étirent sur un banc de pierre. Voilà dix-sept jours qu’on est là. Des poilus se promènent. Tellurure 110. On croyait aussi qu’on s’rait malheureux ici comme dans les autres cantonnements. Mais cette fois-ci, c’est le vrai repos, et par le temps qu’i’ dure, et par la chose qu’il est ». Pas trop d’exercices, pas trop de corvées. Au bout du banc, le vieux bonhomme au trésor. Autrefois, il aimait les femmes ; maintenant, il ne pense plus qu’à l’argent. Il repart chercher son trésor et entre dans la maison 111. Dans la chambre, une petite fille joue à la poupée très sérieusement. On regarde le temps qui passe. Nous nous sommes attachés à ce coin de pays où le hasard nous a maintenus, au milieu de nos perpétuels errements, plus longtemps et plus en paix qu’ailleurs ». Le mois de septembre. On s’est habitués, ces lieux et nous, à être ensemble et on ne pense plus réellement au départ. La 11e Division est restée un mois et demi au repos et la 375e neuf semaines. — On finirait bien la guerre ici… Barque s’attendrit et n’est pas loin de le croire — Après tout, elle finira bien un jour, quoi ! » 112 Farfadet est plus heureux que nous à cause de son idylle avec Eudoxie. Il va nous quitter il va être appelé à l’arrière, à l’Etat-major de la Brigade 113. VII. EMBARQUEMENT Une alerte nous a, dans la nuit, arrachés au sommeil et au village de Gauchin-l’Abbé et on a marché jusqu’à une gare. On est sentinelles sur le quai. Une locomotive empêche Barque de parler 114. Des rames de quarante à soixante wagons. Les convois, les bâtiments de la gare. Des voitures militaires, des camions, des files de chevaux dans des terrains vagues 115. On embarque des canons camouflés. Un cheval peint. Sur le soir, des soldats arrivent, de plus en plus nombreux. Les statistiques de Cocon C’est rien ça encore, dit Cocon, l’homme-statistique. Rien qu’à l’ État-Major du Corps d’Armée, 116 il y a trente autos d’officier, et tu sais pas, ajouta-t-il, combien i’ faudra de trains de cinquante wagons pour embarquer tout le Corps – bonhommes et camelote – sauf, bien entendu, les camions, qui rejoindront le nouveau secteur avec leurs pattes ? N’cherche pas, bec d’amour. Il en faudra quatre-vingt-dix ». Il y en a trente-neuf. Gare surpeuplée. Le soir, les lumières s’allument 117. La gare prend un aspect fantastique. Cavaliers et fantassins s’avancent. On embarque des chevaux. Des voitures sur des wagons-tombereaux. La Section des projecteurs 118. — Il y a quatre Divisions, à cette heure, au Corps d’Armée, répond Cocon. Ça change quelquefois c’est trois, des fois, c’est cinq. Pour le moment, c’est quatre. Et chacune de nos divisions, reprend l’homme-chiffre que notre escouade a la gloire de posséder, renferme trois – régiments d’infanterie ; deux – bataillons de chasseurs à pied ; – un – régiment d’infanterie territoriale – sans compter les régiments spéciaux, Artillerie, Génie, Train, etc., sans non plus compter l’ État-Major de la et les services non embrigadés, rattachés directement à la Un régiment de ligne à trois bataillons occupe quatre trains un pour l’ la Compagnie de mitrailleuses et la compagnie hors rang, et un par bataillon. Toutes les troupes n’embarqueront pas ici les embarquements s’échelonneront sur la ligne selon le lieu des cantonnements et la date des relèves ». Tulacque est fatigué parce qu’on ne leur donne pas assez à manger. — Je m’suis renseigné, reprend Cocon. Les troupes, les vraies troupes, ne s’embarqueront qu’à partir du milieu de la nuit. Elles sont encore rassemblées çà et là dans les villages à dix kilomètres à la ronde. C’est d’abord tous les services du Corps d’Armée qui partiront et les – éléments non endivisionnés, explique obligeamment Cocon, c’est-à-dire rattachés directement au ». Parmi les tu ne verras pas le Ballon, ni l’Escadrille c’est des trop gros meubles, qui naviguent par leurs seuls moyens avec leur personnel, leurs bureaux, leurs infirmeries. Le régiment de chasseurs est un autre de ces […] 119 Comme du Corps d’Armée, y a l’Artillerie de Corps, c’est-à-dire l’artillerie centrale qui est en plus de celle des divisions. Elle comprend l’ – artillerie lourde, – l’ – artillerie de tranchées, – les – parcs d’artillerie, – les auto-canons, les batteries contre-avions, est-ce que je sais ! Il y a le Génie, la Prévôté, à savoir le Service des cognes à pied et à cheval, le Service de Santé, le Service vétérinaire, un escadron du Train des équipages, un régiment territorial pour la garde et les corvées du – Quartier Général, – le Service de l’Intendance avec le Convoi administratif, qu’on écrit pour ne pas l’écrire comme le Corps d’Armée. Il y a aussi le Troupeau de Bétail, le Dépôt de Remonte, etc. ; le Service Automobile – tu parles d’une ruche de filons dont j’pourrais t’parler pendant une heure si j’voulais – le Payeur, qui dirige les Trésors et Postes, le Conseil de Guerre, les Télégraphistes, tout le Groupe électrogène. Tout ça a des directeurs, des commandants, des branches et des sous-branches, et c’est pourri de scribes, de plantons et d’ordonnances, et tout l’bazar à la voile. Tu vois d’ici au milieu d’quoi s’trouve un général commandant de Corps ! » À ce moment, nous fûmes environnés par un groupe de soldats porteurs, en plus de leur harnachement, de caisses et de paquets ficelés dans du papier, qu’ils traînaient cahin-caha et posèrent à terre en faisant ouf. — C’est les secrétaires d’État-Major. Ils font partie du – du Quartier Général – c’est-à-dire de quelque chose comme la suite du Général. Ils trimbalent, quand ils déménagent, leurs caisses d’archives, leurs tables, leurs registres et toutes les petites saletés qu’il leur faut pour leurs écritures. Tiens, tu vois, ça, c’est une machine à écrire que ces deux-là – ce vieux papa et c’petit boudin – emportent, la poignée enfilée dans un fusil. Ils sont en trois bureaux, et il y a aussi la Section du Courrier, la Chancellerie, la – Section Topographique du Corps d’Armée – qui distribue 120 les cartes aux divisions et fait des cartes et des plans, d’après les aéros, les observateurs et les prisonniers. C’est les officiers de tous les bureaux qui, sous les ordres d’un sous-chef et d’un chef – deux colons – forment l’État-Major du Mais le proprement dit, qui comprend aussi des ordonnances, des cuisiniers, des magasiniers, des ouvriers, des électriciens, des gendarmes, et les cavaliers de l’Escorte, est commandé par un commandant ». Des hommes essaient de faire monter une voiture sur un wagon. L’un d’entre eux bouscule Barque. On gêne partout 121. Les hommes commentent ces événements. On se tait et alors on entend Cocon qui dit — Pour voir passer toute l’armée française qui tient les lignes – je ne parle pas de c’qui est installé en arrière, où il y a deux fois plus d’hommes encore, et des services comme des ambulances qu’ont coûté 9 millions et qui vous évacuent des 7000 malades par jour – pour la voir passer dans des trains de soixante wagons qui se suivraient sans arrêt à un quart d’heure d’intervalle, il faudrait quarante jours et quarante nuits ». Les hommes se désintéressent de ces chiffres et suivent d’un œil larmoyant le train blindé qui passe 122. VIII. LA PERMISSION Eudore rentre de permission. Il rencontre un tringlot soldat du train puis quatre hommes qui reviennent de la corvée de vin 123. Ils lui demandent s’il a vu sa femme Mariette. Oui, mais une seule fois. Eudore raconte son histoire. Ils tiennent un estaminet dans une des quatre maisons de Villiers-l’Abbé. En vue de sa permission, Mariette avait demandé un laissez-passer, bien à l’avance, pour Mont-Saint-Eloi où habitent les parents d’Eudore. Mais la permission est arrivée plus tôt que prévue si bien qu’elle n’avait pas reçu le papier. Eudore a attendu chez ses parents et à la fin du sixième et dernier jour, il a reçu une lettre de Mariette, par l’intermédiaire du fils de Florence, pour le prévenir qu’elle n’avait pas encore le laissez-passer. Il a finalement décidé d’aller à Villiers-l’Abbé 124. Après une visite au maire, il s’est mis en route 125 d’abord en train puis à pied, sous la pluie qui tombait sans discontinuer depuis six jours. Il arrive à la station avec quatre autres permissionnaires. Ils passent devant la ferme des Alleux qui est la première maison. Détruite 126 comme la deuxième. Ils arrivent à celle d’Eudore et Mariette, la troisième. Eudore retrouve sa femme et il dit à ses camarades de rentrer. Ils ne pourront aller de nuit jusqu’à Vauvelles. Eudore propose alors de les accompagner jusqu’à la dernière maison, la ferme du Pendu 127. Mais un sous-officier de garde leur dit que la ferme est devenue un poste de police et qu’ils ont des prisonniers allemands. Ils doivent repartir. Eudore revient donc chez lui avec les permissionnaires. Ils voudraient bien dormir dans la cave mais elle est inondée et il n’y a pas de grenier. Ils s’apprêtent à partir 128. Il est neuf heures du soir. Eudore et Mariette les empêchent de s’en aller. Ils sont restés comme ça toute la nuit. Au matin 129, les premiers clients arrivent à l’estaminet pour boire un café. Mariette s’affaire à le préparer. Les permissionnaires dont un gros Macédonien viennent remercier Mariette et s’excuser du dérangement 130. Ils veulent payer le café mais Mariette leur offre. Ils s’en vont mais déjà un autre client arrive. Mariette a préparé un paquet pour Eudore un jambonneau, un litre de vin et du pain. — Pauv’ Mariette, soupire Eudore. Y avait quinze mois que je ne l’avais vue. Et quand est-ce que je la reverrai ! Et est-ce que je la reverrai ? » Eudore va partager ce colis avec ses camarades de l’escouade 131. IX. LA GRANDE COLÈRE Volpatte rentre de deux mois de convalescence, renfrogné. Ses camarades lui demandent de parler. Il ne veut rien dire. Après une mâtinée de terrassement, on se retrouve pour 132 le repas dans un boyau d’arrière. Pluie torrentielle. On mange debout. Barque et Blaire interrogent Volpatte qui finit par dire ce qu’il a sur le cœur il y a trop d’embusqués à l’arrière 133. Barque lui conseille de ne pas se soucier d’eux. Volpatte gronde — J’suis pas maboul tout à fait, et j’sais bien qu’des mecs de l’arrière, l’en faut. Qu’on aye besoin d’traîne-pattes, j’veux bien… Mais y en a trop, et ces trop-là, c’est toujours les mêmes, et pas les bons, voilà ! » Volpatte commence à expliquer. Tous les planqués bien au chaud qu’il a vus dans le premier patelin où on l’a envoyé et qui diront ensuite qu’ils ont été à la guerre Ah ! mon vieux, ruminait notre camarade, tous ces mecs qui baguenaudent et qui papelardent là-dedans, astiqués, avec des kébrocs et des paletots d’officiers, des bottines – qui marquent mal, quoi – et qui mangent du fin, s’mettent, quand ça veut, un cintième de casse-pattes dans l’cornet, s’lavent plutôt deux fois qu’une, vont à la messe, n’défument pas et l’soir s’empaillent dans la plume en lisant sur le journal. Et ça dira, après J’suis t’été à la guerre. » Une chose a frappé Volpatte ces planqués-là s’installent à leur aise chez les gens au lieu de manger sur le pouce comme les soldats 134. Tant mieux pour eux », dit le voisin de Volpatte qui n’est pas content de cette remarque. Le voisin lui dit qu’il voudrait bien être à leur place. — Pour sûr, mais qu’est-ce que ça prouve, face de fesse ? D’abord, nous, on a été au danger et ce s’rait bien not’ tour. C’est toujours les mêmes, que j’te dis, et pis, pa’ce qu’y a là-d’dans des jeunes qu’est fort comme un bœuf, et balancé comme un lutteur, et pis pa’c’qu’y en a trop. Tu vois, c’est toujours trop » que j’dis, parce que c’est ça ». Le voisin cherche à provoquer Volpatte il faut bien que quelqu’un fasse marcher les affaires 135. Le temps se calme. Volpatte parle d’un gars qu’il a rencontré dans un hôpital d’évacuation et qui l’a guidé dans le dépôt pour lui montrer tout ce qui se passait. Mais lui n’est pas retourné aux tranchées comme Volpatte. L’lendemain, i’ s’était fait coller ordonnance, pour couper à un départ, vu qu’c’était son tour de partir depuis l’commencement d’la guerre ». Sur le pas de sa porte où il dormait dans un lit, il passait son temps à cirer les chaussures de son chef. Jamais, mon vieux, i’ n’avait été envoyé sur le front, quoique de la classe 3 et un costaud bougre, tu sais. L’danger, la fatigue, la mocherie de la guerre, c’était pas pour lui, pour les autres, oui. I’ savait que si i’ mettait l’pied sur la ligne de feu, la ligne prendrait toute la bête, aussi i’ coulait de toutes les pattes pour rester sur place. On 136 avait essayé de tous les moyens pour le posséder, mais c’était pas vrai, il avait glissé des pinces de tous les capitaines, de tous les colonels, de tous les majors, qui s’étaient pourtant bougrement foutus en colère contre lui. I’ m’racontait ça. Comment qu’i’ f’sait ? I’ s’laissait tomber assis. I’ prenait un air con. I’ faisait l’saucisson. I’ d’venait comme un paquet de linge sale. J’ai comme une espèce de fatigue générale », qu’i’ chialait. On savait pas comment l’prendre et, au bout d’un temps, on le laissait tomber, i’ s’faisait vomir par tout un chacun. V’là. I’ changeait sa manière aussi suivant les circonstances, tu saisis ? Qué’qu’fois, l’pied y faisait mal, dont i’ savait salement bien s’servir. Et pis, i’ s’arrangeait, l’était au courant des binaises, savait toutes les occases. Tu parles d’un mecton qui connaissait les heures des trains ! Tu l’voyais s’rentrer en s’glissant en douce dans un groupe du dépôt où c’était l’filon, et y rester, toujours en douce poil-poil, et même, i’ s’donnait beaucoup d’mal pour que les copains ayent besoin de lui. I’ s’levait à des trois heures du matin pour faire le jus, allait chercher de l’eau pendant que les autres bouffaient ; enfin quoi, partout où i’ s’était faufilé, il arrivait à être d’la famille, c’pauv’ type, c’te charogne ! Il en mettait pour ne pas en mettre. I’ m’faisait l’effet d’un mec qu’aurait gagné honnêtement cent balles avec le travail et l’emmerdement qu’il apporte à fabriquer un faux billet de cinquante. Mais voilà I’ raboulera sa peau, çui-là. Au front, i’ s’rait emporté dans l’mouvement, mais pas si bête ! I’ s’fout d’ceux qui prennent la bourre sur la terre, et i’ s’foutra d’eux plus encore quand i’s seront d’ssous. Quand i’s auront fini tous de s’battre, i’ r’viendra chez lui. I’ dira à ses amis et connaissances Me v’là sain t’et sauf », et ses copains s’ront contents, parce que c’est un bon type, avec des magnes gentilles, tout saligaud qu’il est, et – c’est bête comme tout – mais c’t’enfant d’vermine-là, tu l’gobes ». Il y en a beaucoup comme lui dans chaque dépôt, ajoute Volpatte 137. C’est pas nouveau, ajoute Barque. Mais Volpatte n’en revient pas d’avoir vu autant de gens dans les bureaux. — Y a les bureaux ! ajouta Volpatte, lancé dans son récit de voyage. Y en a des maisons entières, des rues, des quartiers. J’ai vu que mon tout petit coin de l’arrière, un point, et j’en ai plein la vue. Non, j’n’aurais pas cru qu’pendant la guerre y avait tant d’hommes sur des chaises … » La pluie s’arrête. On se met en marche. On entend encore le bruit de Volpatte dans le bruit des pas. Il en veut maintenant aux gendarmes. Plus on s’éloigne du front, plus on en voit. Tulacque lui aussi a une rancune contre eux. Ils embêtent les gars qui essaient de se débrouiller. Un gars essaie de les défendre 138 mais Tulacque et Volpatte insistent. Volpatte précise que certains gendarmes pestent contre les règlements qui changent sans arrêt T’nez, le service prévôtal ; eh bien, vous apprenez c’qui fait le principal chapitre de la chose, après c’n’est plus ça. Ah ! quand cette guerre s’ra-t-elle finie ? » qu’i’ disait. — I’s font ce qu’on leur dit de faire, ces gens, hasarda Eudore. — Bien sûr. C’est pas d’leur faute, en somme. N’empêche que ces soldats de profession, pensionnés, médaillés – alors que nous, on est qu’des civils – auront eu une drôle de façon de faire la guerre ». Volpatte évoque un forestier qui se plaignait du traitement que leur réservaient les civils alors qu’ils avaient fait quatre ans de service Dans les on nous fait nettoyer, et enlever les ordures. Les civils voient c’traitement qu’on nous inflige et nous dédaignent. Et si tu as l’air de rouspéter, c’est tout juste si on n’parle pas de t’envoyer aux tranchées, comme les fantassins ! Qu’est-ce que devient notre prestige ! Quand nous serons de retour dans les communes, comme gardes, après la guerre – si on en revient, de la guerre – les gens, dans les communes et les forêts, diront Ah ! c’est vous que vous décrottiez les rues à X… ? » 139 Lamuse a vu un gendarme qui était juste mais qui a reconnu que certains abusaient de leur pouvoir. Un jour, Paradis a pris un gendarme pour un sous-lieutenant. Un peu plus tard, alors qu’ils sont assis le long d’un mur, Volpatte continue son déballage. Il était dans le bureau de la comptabilité au Dépôt. Il avait fait une demande pour être reversé dans son régiment. Il tombe sur un sergent 140 en train d’engueuler un scribe pour des histoires de procédure. Il attend la fin de l’engueulade et le sergent lui dit qu’il n’a pas de temps. Il est dans tous ses états à cause de sa machine à écrire. Puis il s’en prend à quelqu’un d’autre pour une histoire de bordereau de cartes. A coté, un autre s’occupe des circulaires. D’autres causent. Au bout de la grande table un homme 141 chargé des permissions se retrouve sans rien à faire depuis que la grande attaque a commencé et que les permissions ont été suspendues. Il y a encore beaucoup d’autres tables dans d’autres salles. Tulacque évoque le cas d’un chauffeur bien habillé et galonné appuyé sur une voiture. Tout le monde a son couplet sur les filoneurs ». Les exemples … planton au Service Routier, pis à la Manute, pis cycliste au ravitaillement du XIe Groupe, porteur de pli au Service de l’Intendance, au Canevas du Tir, à l’Équipage des Ponts, et le soir à l’ et à l’ ordonnance que les femmes 142 prenaient pour des soldats, un autre qui a fait une tournée d’conférences en Amérique avec mission du ministre.Devantles cagnas, le capitaine veillait seul, grand corps maigre, tout en jambes. Il attendait Bourland, un de ses hommes de liaison, qu’il avait envoyé à la route pour avoir des nouvelles. J’entendis le retour des souliers cloutés du soldat. Peu après, un ordre passa de hutte en hutte : « Debout Rassemblement.
David Diop vient de remporter le prix Goncourt des Lycéens pour "Frère d'âme" Seuil. Le chant déchirant d'un tirailleur sénégalais pris de folie dans la boucherie de 14, après avoir assisté impuissant à la mort de son ami d'enfance, celui qu'il appelle son "plus que frère". David Diop signe un 1er roman d'une beauté écrasante, qui donne voix aux milliers d'Africains, quasiment jamais entendus. Le romancier David Diop a remporté jeudi le convoité Goncourt des Lycéens, qui fête cette année ses 30 ans, pour "Frère d'âme" Seuil, histoire d'amitié, jusqu'à la folie, dans l'enfer des tranchées. Le roman a été choisi au 2e tour, par 5 voix sur 13, devant "Le Malheur du Bas" Albin Michel d'Inès Bayard et "La vraie vie" d'Adeline Dieudonné L'Iconoclaste. Le jury a été séduit par "sa vision terrible de la Grande guerre, entre Afrique et Europe, sagesse et folie". L'an dernier, les lycéens avaient consacré "L'art de perdre" Flammarion d'Alice Zeniter, un récit puissant sur les non-dits de la guerre d'Algérie racontant le destin d'une famille française dont le grand-père fut malheureux du Femina, du Médicis, du Goncourt et du Renaudot, David Diop était le seul auteur à figurer dans toutes les sélections des grands prix littéraires d'automne et le seul homme en lice pour le Goncourt des lycéens. "Je suis extrêmement heureux d'avoir été choisi par vous parce que je suis enseignant et que j'ai enseigné en lycée à la fin du siècle dernier, mais je garde toujours dans mon coeur vos regards, vos sourires, quand vous découvrez les textes et je suis vraiment très sensible à votre, je ne vais pas dire amour, disons prédilection", a déclaré David Diop, joint par téléphone. L’histoire 1914. Ils ont vingt ans, Alfa Ndyaye et Mademba Diop, deux jeunes Sénégalais amis d'enfance, venus de leur village sur le sol français pour défendre la patrie. "Vous les chocolats d'Afrique Noire vous êtes naturellement les plus courageux parmi les courageux. La France reconnaissante vous admire", leur répète le capitaine Armand. Alors quand il leur ordonne de sortir de la tranchée pour affronter l'ennemi, ils font comme leurs camarades, ils sortent du trou et se lancent en hurlant, "le fusil réglementaire dans la main droite et le coupe-coupe sauvage dans la main gauche". Un jour, à la sortie de la tranchée, Mademba Diop est blessé. La mort ne vient pas tout de suite. "Lui, Mademba, n'était pas encore mort qu'il avait déjà le dedans du corps dehors". Alors que les soldats ont depuis longtemps rejoint la tranchée, Alfa reste au côté de Mademba, assistant à la longue agonie de son "plus que frère", sans savoir quoi faire. "Trois fois il m’a demandé de l’achever, trois fois j’ai refusé". Quand enfin son ami rend son dernier souffle, Alfa porte son corps jusqu'à la tranchée, en pensant, trop tard, qu'il aurait dû faire ce que lui demandait son ami abréger ses souffrances. "Ah, Mademba Diop ! Ce n'est que quand tu t'es éteint que j'ai vraiment commencé à penser. Ce n'est qu'à ta mort, au crépuscule, que j'ai su, j'ai compris que je n'écouterais plus la voix du devoir, la voix qui ordonne, la voix qui impose la voie. Mais c'était trop tard", tard. Alpha commence sa guerre. Décide de ne plus faire le sauvage pour la France "parce que ça l'arrange". Il devient "sauvage par réflexion". "Quand je sors du ventre de la terre, je suis inhumain par choix, je deviens inhumain un tout petit peu. Non pas parce que le capitaine me l'a commandé, mais parce que je l'ai pensé et voulu". Et il se met à tuer à sa manière, répétant à chaque sortie de la tranchée le même rituel macabre, une cérémonie qu'il accomplit en pensant à son "plus que frère" Mademba. Il en choisit un. Un du camp adverse. Il le ligote. Il l'éventre. Puis il fait pour lui ce qu'il n'a pas fait pour son ami. "Dès sa seconde supplication des yeux, je lui tranche la gorge comme aux moutons du sacrifice. Ce que je n'ai pas fait pour Mademba Diop, je le fais pour mon ennemi aux yeux bleus. Par humanité retrouvée". Le rituel se finit toujours de la même manière il découpe la main de l'ennemi aux yeux bleus, et la rapporte comme un trophée dans la tranchée. Au début ça rassure ses camarades, qui l'accueillent comme un héros. Mais à force, une main, puis deux, puis trois, puis 4,5, 6… Alpha leur fait peur. Il accomplit jour après jour le même crime macabre, rien ni personne ne semblant capable de l'arrêter. Jusqu'à ce que le Capitaine l'envoie se "reposer un peu" à l' loin des tranchées et des obus, Alpha plonge dans son passé. Le village, ses règles, ses croyances, le chagrin de son père après la disparition de sa mère, son enfance auprès de son ami Mademba, petit et malingre, pendant que lui, Alpha, devenait grand et fort, et le souvenir de "Fary Thiam", la jeune femme qui contre toute les lois du village lui a offert la "joie du corps" avant son départ pour la guerre, lui donnant un bonheur que son ami et "presque frère" Mademba n'a pas eu la chance de connaître avant de mourir au front. "Je suis deux voix simultanées. L'une s'éloigne et l'autre croit", cette citation de Cheikh Hamidou Kane apostée par l'auteur en exergue de son roman annonce le sortilège Alpha s'enfonce dans ses pensées, se fond dans les souvenirs, se dissout tant et si fort qu'il finit par se confondre avec son "plus que frère", incorpore son âme à la sienne jusqu'à s'effacer, jusqu'à lui céder sa place, pour réparer l'irréparable, apurer la boucherie, sauver son ami du néant et le rendre à la vie, et pour Alpha, se sauver lui-même et retrouver le chemin de l'humanité."Frère d'âme" est un long cri déchirant, un chant comme une incantation, qu'il faut lire sans résister. Laisser les mots vous percuter sans broncher. David Diop ne nous laisse pas le choix. Il faut avancer avec Alpha. L'accompagner jusqu'aux confins. Et vivre ce que des milliers de tirailleurs sénégalais ont eu à souffrir, à mourir dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "Frère d'âme" est aussi l'histoire d'une émancipation. "Personne ne sait ce que je pense, je suis libre de penser ce que je veux. Ce que je pense c'est qu'on veut que je ne pense pas. L'impensable est caché derrière les mots du capitaine. La France du capitaine a besoin que nous fassions les sauvages quand ça l'arrange".David Diop construit son histoire par petits cercles, s'élargissant à chaque passage, phrases répétées, revisitées, comme un conte s'enrichissant chaque fois qu'il est une nouvelle fois raconté. En faisant sa propre guerre, Alpha brise le joug. Même s'il faut s'y perdre, il se réapproprie son histoire, comme le fait l'écrivain en la racontant avec ses propres mots, convoqués loin, très loin des tranchées, dans l'histoire, la coutume, le rythme, la musique, l'âme de ses ancêtres. Avec ce premier roman d'une beauté écrasante, David Diop redonne voix aux milliers de soldats africains, si peu entendus, envoyés à la mort dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "Frère d'âme est en lice pour le Goncourt, le Renaudot, le Médicis, le Fémina, et le Prix Interallié. "Frère d'âme", David Diop Seuil - 175 pages - 17 €Ah ! Mademba Diop, mon plus que frère, a mis trop de temps à mourir. Ça a été très, très difficile, ça n'en finissait pas, du matin aux aurores, au soir, les tripes à l'air, le dedans dehors, comme un mouton dépecé par le boucher rituel après son sacrifice. Lui, Mademba, n'était pas encore mort qu'il avait le dedans du corps dehors. Pendant que les autres s'étaient réfugiés dans les plaies béantes de la terre qu'on appelle les tranchées, moi je suis resté près de Mademba, allongé contre lui, ma main droite dans sa main gauche, à regarder le ciel froid sillonné de métal. Trois fois il m'a demandé de l'achever, trois fois j'ai refusé. C'"était avant, avant de m'autoriser à tout penser. Si j'avais été tel que je suis aujourd'hui, je l'aurais tué la première fois qu'il me l'a demandé, sa tête tournée vers moi, sa main gauche dans ma main droite.""Frère d'äme", page 12
EurêkaVal-de-Marne. Professionnel. Afficher ou masquer le menu "Professionnel" Petite enfance. Maternelles et élémentaires . Centres de loisirs. Collèges et Lycées. Connexion. Se pré-inscrire . Identifiant. Mot de passe. Mot de passe oublié. Saut de ligne. Recherche avancée. Le niveau 1 de la médiathèque André Malraux n'est pas accessible mardi 16 et mercredi 17 août en raison des Le contexte de l’œuvre En 1921 a été créé à Paris le Comité aux héros de l’Armée noire présidé par le général Louis ARCHINARD, ancien commandant supérieur du Soudan français, assisté du général MARCHAND. Ce comité, placé sous le haut patronage du président de la République, du président du Conseil, des ministres des Affaires étrangères, de la Guerre et des Colonies, du commissaire général des Troupes noires et des maréchaux de France, avait pour mission de faire ériger en métropole et en Afrique, un monument à la mémoire des soldats indigènes morts pour la France au cours de la 1ère guerre mondiale, à l’aide des souscriptions des communes de France et des Amis des Troupes noires françaises ». Deux villes ont été rapidement retenues Reims en métropole, et Bamako capitale du Soudan français actuel Mali , sur les rives du Niger en Afrique. Édouard Daladier, ministre des Colonies, à la tribune Photographie conservée au musée Saint-Remi de Reims La description du monument de Reims réplique de celui de Bamako Le monument à l’Armée noire de Reims est l’œuvre de deux Parisiens, le sculpteur Paul MOREAU-VAUTHIER et l’architecte Auguste BLUYSEN. Il était constitué d’un socle en granit de 4 mètres de haut rapporté d’Afrique, en forme de Tata », fortin traditionnel africain, sur lequel étaient gravés les noms des principales batailles de la 1ère guerre mondiale au cours desquelles les troupes africaines ont été engagées. Ce socle était surmonté d’un bronze de trois mètres de haut représentant un groupe de soldats du corps d’armée colonial constitué de quatre tirailleurs africains rassemblés autour d’un drapeau français porté par un officier blanc. C’est un groupe de cinq combattants. Un sous-lieutenant imberbe étreint un drapeau tandis qu’à sa droite, un tirailleur en chéchia semble guetter encore l’ennemi, du côté de la Pompelle. À gauche, un autre tirailleur semble avoir été surpris au moment où il se lève pour sortir de la tranchée. Derrière, deux colosses noirs semblent dire Nous sommes là, si l’on a besoin de nous ». Un murmure d’admiration parcourt la foule, qui reconnaît le symbole du dévouement et de la fidélité de nos soldats noirs. L’Éclaireur de l’Est, 14 juillet 1924 Le monument Aux héros de l’Armée noire », érigé à Reims en témoignage de reconnaissance envers les Enfants d’adoption de la France, morts en combattant pour la Liberté et la Civilisation », était la réplique du monument inauguré le 3 janvier 1924 à Bamako. Le monument de Bamako Archives municipales et communautaires de Reims Le monument démantelé par les autorités allemandes d’occupation en septembre 1940 Pendant la 2e guerre mondiale, dès le début de l’Occupation, la statuaire de bronze a été démontée par les Allemands, embarquée sur un wagon de chemin de fer pour une destination inconnue. Elle a sans doute été fondue pour en récupérer le métal, tandis que le socle du monument était détruit. Marcel COCSET est parvenu à photographier clandestinement l’enlèvement du monument en septembre 1940, puis des membres de sa famille venus déposer des fleurs à l’emplacement du monument disparu au début du mois d’octobre 1940. En 1961, la municipalité de Reims et la délégation locale de l’Association française des coloniaux et anciens combattants d’outre-mer ont pris l’initiative de créer un Comité du Monument aux soldats d’outre-mer à Reims, déclaré en sous-préfecture le 30 mars 1961, dont la mission était de faire édifier à Reims un Monument en remplacement du Monument à l’Armée noire détruit sous l’Occupation ». Le monument de 1963, désigné sous le nom de Monument aux soldats d’Outre-mer par le Comité d’érection et qualifié de Monument à la mémoire des morts de l’Armée noire sur le décret ministériel approuvant son érection, est constitué de deux obélisques de 7 mètres de haut en pierre d’Eurville, érigés sur un bloc d’une tonne, et entouré d’un dallage de schistes de Rimogne. Les deux obélisques symbolisent l’union des combattants métropolitains et africains, et le bloc la résistance de Reims et de ses défenseurs pendant la 1ère guerre mondiale. En 2008 la Ville de Reims prenait l’initiative de reconstruire à l’identique le Monument aux héros de l’Armée noire érigée en 1924 Voici une reproduction de l’œuvre historique, par l’artiste Jean-François Gavoty, mise en place à l’automne 2013, visible aujourd’hui au parc de Champagne Le monument reconstruit aujourd’hui au parc de Champagne. Ted Yoho, un membre républicain du Congrès américain, aurait été surpris en train d’invectiver la représentante politique sur les marches du Capitole. Depuis, il a présenté ses excuses à Alexandria Ocasio-Cortez pour ces propos insultants. Mais la démocrate a balayé du revers de la main ses excuses, dans un discours prononcé le jeudi 23 juillet 2020. Je ne demandais rien à personne, je montais les marches, et Ted Yoho a agité son doigt sous mon nez, a-t-elle expliqué, le jeudi 23 juillet. Il m’a dit que j’étais dégoutante ». Il m’a dit que j’étais folle ». Avant d’ajouter Devant un journaliste, Ted Yoho m’a traitée – je cite – de put*** de sal*** ». Ce sont les termes qu’il a employés contre une femme membre du Congrès.» La démocrate a ainsi refusé les excuses du Républicain. Traiter une femme de salope est ce du sexisme à votre avis ? Est ce grave ou pas du tout ? Vous répondrez à ces deux questions en introduction . Ecoutez la formidable réponse d’ Alexandria Ocasio-Cortez à l’agression dont elle a été victime . Vous devez développer une réponse , sans reprendre ses mots et en vous aidant de la vidéo ci dessous , pour ces 2 questions Pourquoi et comment notre société doit elle lutter contre les violences verbales ordinaires contre les femmes ? POUR ALLER PLUS LOIN… Depuis le 27 novembre 2018, un nouveau service en ligne permet de discuter en direct avec un policier ou un gendarme spécialiste des violences sexistes ou sexuelles, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Vous pouvez lui expliquer votre situation personnelle sans donner votre identité, signaler des faits de violences sexuelles et/ou sexistes dont vous êtes victime ou témoin. Vous pouvez aussi demander des informations, des conseils ou de l’aide. Chantage, humiliation, injures, coups… Les femmes victimes de violences peuvent contacter le 3919. Pour ceux qui souhaitent enregistrer leur voix sur une image ou une vidéo, rien de plus simple, suivez le mode d’emploi ci dessus !Encorela schizophrénie à l’œuvre. Pourtant, pragmatiquement, il est plus judicieux de dispenser l’enseignement amazighe avec les caractères arabes. D’abord, pour des raisons purement linguistiques. En effet, la majorité des Algériens, grâce à la massification scolaire, maîtrise parfaitement la langue arabe.
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LesAutochtones, la Milice et le département des Affaires indiennes dans le processus de recrutement pendant la Grande Guerre 1914-1916 Par Maria Roxana Samson Département de sciences sociales Mémoire présenté en vue de lobtention du grade de Matre ès arts (M.A.) en sciences sociales – concentration études autochtones Août 2021 Réponsebonjour je ne sais pas si cela peut t'aider mais j'ai pris ce resumer je n'ai jamais lu ce livre, après tu a sûrement un resumer derrière ton livre. Explications A travers l’histoire de Tierno, un jeune homme peulh de dix-sept ans originaire du Fouta-djalon, une région de l’actuelle république de Guinée, Yves Pinguilly retrace le destin de ces 600 000 Africains arrachés à leur famille, leur village, leurs traditions, et propulsés dans l’enfer des combats. Nous sommes en 1915, Tierno fait la fierté de sa famille parce qu’il a le privilège de pouvoir poursuivre ses études à Dakar, mais là, il sera embarqué de force, en compagnie d’Aboubacar, un Soussou qui devient son ami, par un recruteur, à destination du sud de la France où, comme lui, des milliers de jeunes Africains vont apprendre à faire la guerre avant de faire la guerre ». Puis ce sera l’horreur de Verdun, la boue, les tranchées, la peur, la mort des camarades et les hommes qu’il faut tuer pour se sauver soi-même. soirée !! Habillésde scaphandres, les membres de l’équipage sortent de la Résumé chapitre par chapitre de l’œuvre «la Planète des singes» 2 fusée. .Ils enlèvent le scaphandre du singe en vue de s’assurer que l’air est respirable. Alors la bête gambade (= bond) joyeusement et disparaît dans la forêt. A leur tour, les trois hommes enlèvent leurs scaphandres et inspectent les lieuxCe blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus. Il était le grand favori des prix littéraires ; la critique avait encensé son roman dès sa parution en août 2018. David Diop vient enfin de recevoir un prix le Goncourt des lycéens » créé en 1988. Ce qui a séduit les jeunes jurés? c’est la vision terrible de la Grande Guerre » entre sagesse » de l’Afrique et folie » de l’Europe. Et précisément dans le déroulé des souvenirs du narrateur, Alfa Ndiaye, ex tirailleur sénégalais qui a combattu au front sous le drapeau français, vont s’affronter deux mondes celui de l’enfer du champ de bataille où toutes les valeurs sont abolies et celui d’une terre aimante généreuse. Tout comme le lecteur sera invité à entendre deux voix dans ce thrène des temps modernes dédié à l’Ami, ce frère d’âme suis deux voix simultanées. L’une s’éloigne et l’autre croît. Cheikh Hamidou Kane L’aventure ambiguë, cité en exergue Dès l’incipit, l’aveu je sais j’ai compris je n’aurais pas dû »-qui d’ailleurs sera souvent repris en écho - énonce dans sa gradation même une prise de conscience et un regret. Un aveu qui semble émerger d’une longue période de silence -ce dont témoigneraient les points de suspension qui le narrateur se rappelle d’abord les circonstances qui ont présidé à son choix devenir sauvage. Son frère d’armes, son plus que frère » son frère d’âme précisément et le titre du roman joue sur la paronomase implicite se meurt agonise. Pour n’avoir pas répondu aux trois supplications de l’achever, empêtré par des pensées commandées par le devoir et recommandées par le respect des lois humaines », Alfa taraudé par la culpabilité décide alors de venger son plus que frère Mademba Diop. Ce que je n’ai pas fait pour Mademba je le fais pour l’ennemi aux yeux bleus. La France a besoin de notre sauvagerie alors on obéit. Mais moi je suis devenu sauvage par réflexion. Le récit d’une folie meurtrière assumée n’omet aucun détail dans la restitution quasi clinique du corps à corps avec l’ennemi d’en face et vante la fierté du travail accompli après tout, la nuit tous les sangs sont noirs ; réalisme cru certes mais en parfaite adéquation avec la barbarie de cette guerre... Entre la cinquième et la sixième main coupée,-c’est le trophée que rapporte Alfa du camp ennemi- une scène traitée en un long plan séquence en dit long sur la démence cruelle des chefs le capitaine Armand -aux yeux noyés d’une colère continue- intime l’ordre de tuer les 7 traîtres » ceux qui refusent d’obéir au sifflet de la mort ». Ecoeuré par la laideur du carnage, blâmant intérieurement la folie du capitaine, Alfa salue le courage » de ses copains dont Alphonse et Albert offerts comme du gibier aux salves ennemies… D’abord complices, les Toubabs et les Chocolats en viennent à redouter celui qu’ils assimilent à un sorcier » un démm un dévoreur d’âmes. Dès la septième main coupée, Alfa est évacué à l’Arrière. Et c’est dans le Centre où le sourire appelle le sourire, qu’il va convoquer -à partir de dessins- son passé heureux à Gandiol, sa relation avec Fary, et surtout l’amitié indéfectible qui l’a lié à Mademba Diop, -deux adolescents si dissemblables et pourtant si proches. Une évocation souvent empreinte de poésie et d’onirisme qui selon une tradition orale, tisse l’interpénétration des règnes et des espèces, dans une perspective animiste, où anamorphoses et métamorphoses semblent se rejoindre dans un cosmos originel. L’auteur prête à son personnage un regard à la fois enfantin, circonspect ingénu et ironique. Et pourtant certains épisodes frappent par leur cruauté la mère disparue et peut-être enlevée par les Maures du Nord, le mercantilisme du collecteur d’impôts -et en filigrane les ravages de la colonisation- auxquels s’oppose la sagesse du père… C’est à Mademba Diop qu’est dédié ce thrène des temps modernes. Ce roman se donne en effet à entendre comme un chant funèbre aux accents de cantilène parfois. Des cris déchirants contre l'inconcevable et des chuchotements caressants contre l'indicible. Les récurrences de certaines formules mon plus que frère, par la vérité de Dieu, la parenté à plaisanterie, les anaphores qui scandent des paragraphes ou/et les répétitions lancinantes à l’intérieur de paragraphes, la métaphore quasi omniprésente de la femme terre ont la force incantatoire de récits mythiques. Et c’est l’expression dedans dehors » déclinée dans ses sens propre et figuré et en ses multiples variations qui est le leitmotiv le dedans de la terre était dehors, le dedans de mon esprit était dehors, Fary m’a ouvert le dedans de son corps; derrière ses lunettes le docteur François regarde le dedans de nos têtes, etc. Dualité et dichotomie ! Division et antagonisme ! Alfa entre l’humain et l’inhumain !.le Corps et l’Âme ! Vers la fin du roman s’interrogeant sur sa propre identité et sur la façon de se raconter lui qui ne parle pas le français sait que la vérité de la parole n’est pas une mais double voire triple il découvre qu’il est double ».Phrases et rythme sont alors au service de cette révélation hallucinée et lucide qui allie les contraires je dépouille je vide les crânes et les corps[…} mais je suis aussi la lune rouge qui se lève sur le fleuve[…] Je suis l’innocent et le coupable ». Il sait qu’il est l’ami qu’il aurait dû achever en cette journée funeste et que son âme s’en est allée mourir dans le corps de son plus que frère ». Au final le je » renverra à Mademba Diop et le tu » à Alfa son plus que frère. L’absence d’article ou d’adjectif possessif dans le titre du roman, n’induisait-elle pas une réciprocité ? Amitié fusionnelle que Montaigne -d’ailleurs cité en exergue-, a célébrée et résumée dans cette phrase qui résonne par-delà les siècles nous nous embrassions par nos noms » A travers le parcours de ce jeune artilleur sénégalais, David Diop non seulement réhabilite la mémoire des oubliés » du carnage que fut la première mondiale tout en tordant le cou aux préjugés racistes à l'encontre des Noirs, mais en une langue originale le wolof adapté à la langue française il convertit la violence des souvenirs en appels déchirants et si profondément humains ! L’histoire du sorcier-lion est pleine de sous-entendus, celui qui la raconte peut y dissimuler une autre histoire qui pour être dévoilée doit se laisser deviner un peu…. Ainsi de Frère d’âme ?Publishingplatform for digital magazines, interactive publications and online catalogs. Convert documents to beautiful publications and share them worldwide. Title: Spécimen Français 1re, Author: Hachette Education Secondaire, Length: 544 pages, Published: 2019-04-30 Un tirailleur en enferEn replaçant le lecteur au cœur des périodes difficiles de notre Histoire, les Romans de la Mémoire, fondés sur une information historique rigoureuse, proposés par la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de ta défense, en partenariat avec tes éditions Nathan, se veulent une contribution à son approche de la d'occasion écrit par Yves Pinguillyparu en 2015 aux éditions Nathan, Nathan Jeunesse, Les romans de la Fetkann ! de la Jeunesse 200412 ans et +, Romans, témoignages & Co, Romans, témoignages & Co133 pages, BrochéCode ISBN / EAN 9782092520888La photo de couverture n’est pas contractuelle.
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En1939, à 18 ans, il s'engage dans l'armée, sous l'uniforme des fameux " Tirailleurs algériens " et plonge bientôt héroïquement dans l'enfer de la Seconde Guerre mondiale pour " libérer le pays ". Il a révélé qu'il avait attrapé le virus de la course à pied pendant cette période de sept ans sous les drapeaux, en 1940, avant de reprendre le combat sur tous les fronts. Et s'il regarder 0140 The Sandman Will Keep You Awake - The Loop Résumé Un simple accident[] Suite à de nombreuses moqueries concernant le poids de sa mère de la part de Samantha Jennings, James Choke la saisit par le col et la plaque contre le mur de la salle de classe. N'ayant pas vu le clou rouillé qui dépassait de ce dernier, Samantha s'ouvre la joue. La professeur de physique-chimie, Cassandra Voolt, essaye d'empêcher James de s'enfuir, en vain. Alors, James quitte le collège et se réfugie dans un tunnel en béton, dans un parc. Après une heure passée dans celui-ci, il décide de rentrer chez lui et d'affronter sa mère qui devait avoir été mise au courant de l'incident qui s'était passé au collège. En entrant dans le vestibule, James jette un coup d’œil au téléphone et constate que le directeur de l'école a appelé douze fois sans parvenir à joindre sa mère, Gwen Choke. Alors, il va dans le salon et voit cette dernière affalée sur le sofa avec son beau-père, Ron Onions. De toute évidence, ils sont tous les deux ivres et James rappelle à sa mère qu'elle n'a pas le droit de boire à cause d'un traitement qu'elle prend. Après avoir bataillé avec son beau-père, James est contraint d'aller chercher sa petite sœur Lauren à l'école. En partant de la maison, il emporte quarante livres pour acheter de quoi à manger pour sa sœur et lui.- Օфፍኛаኅω е кеτሥмθтвуծ
- ቃохохреврο ςըтрոтэсу
- Λሪսውሚу ощιζуրовин
- ቆωթа зеտаጹէм
- Ωտуጦу щረтуቲ ር
Résumé du document Joey n'est encore qu'un poulain de 6 mois à peine quand il est séparé de sa mère et acheté dans une foire par un homme saoul qui semble bien brutal et qui l'a acheté juste pour contrarier un de ses confrères. Cet homme ne sait pas s'y prendre avec les chevaux et semble même en avoir peur ... Sommaire Présentation générale niveau de lecture, genre, contexteI Résumé détaillé de l'histoireII Conclusion, avis personnel Extraits [...] Ce sont les deux meilleurs chevaux de leur escadron de cavalerie. Lors de leur premier assaut contre les Allemands, le capitaine Nicholls est tué. Joey continue droit devant sans cavalier et les tirailleurs allemands, effrayés, s'éparpillent. Un groupe de soldats allemands est fait prisonnier et la cavalerie anglaise gagne cet assaut ; seulement, un quart de l'escadron a péri sous le feu ennemi. Joey est maintenant attribué au soldat Warren, qui s'occupe très bien de lui mais n'est pas un bon cavalier car il a été traumatisé lors d'un précédent assaut où son cheval a été abattu sous lui. [...] [...] Ils sont très heureux. Mais un jour, un escadron d'artillerie allemand passe par la ferme et réquisitionne les deux chevaux pour faire partie d'un attelage tirant un canon. Ils se déplacent alors le long de la ligne de front, vivent constamment dehors par tous les temps et sont de plus beaucoup moins bien nourris et soignés qu'avant. Beaucoup de chevaux meurent durant l'hiver. Topthorn lui-même montre des signes de faiblesse. Un vétérinaire signale que, même s'il peut continuer, cette vie est trop difficile pour des pur-sang et qu'ils doivent tout de même les ménager au maximum. [...] [...] On y voit surtout la vie à l'arrière des tranchées. Joey partage l'existence et la lutte des soldats pour survivre dans l'enfer des champs de bataille. On rencontre dans ce roman des soldats à figure humaine, quelque soit leur camp, qui doutent, qui s'interrogent sur le bien-fondé de cette guerre, qui ont peur et qui peuvent même discuter amicalement avec les soldats ennemis dans un moment de trêve. Joey navigue entre les deux camps et son parcours permet de montrer à quel point les sentiments et les émotions des combattants étaient les mêmes de part et d'autre de la ligne de front. [...] [...] Mais un jour, alors que les soldats s'accordent une pause au bord d'une rivière, Topthorn tombe et ne se relève plus. Il est mort. Le vétérinaire déclare que son cœur a lâché et qu'il avait prévenu que ce travail était trop dur pour un cheval de race. Friedrich est effondré et Joey empli de tristesse. Soudain, l'armée ennemie envoie des obus sur les Allemands. C'est la débandade. Friedrich, qui tarde à quitter le corps de Topthorn, est fauché par un obus et tombe mort au côté du cheval. [...] [...] David est tué, laissant Albert effondré. Enfin l'Armistice est annoncé. Les chevaux doivent être vendus aux enchères sur place avant le rapatriement des troupes. L'escadron d'Albert tente par tous les moyens d'acheter Joey, mais c'est un vieil homme qui remporte les enchères le grand-père d'Emilie. Il raconte que la jeune fille est morte il y a peu, sans doute de chagrin, et qu'il lui avait promis de retrouver les deux chevaux. Cependant, constatant l'amour que porte Albert pour Joey, il accepte de lui laisser le cheval à condition qu'il parle d'Emilie pour entretenir sa mémoire. [...]Lesserveurs de test viennent d'ouvrir, les joueurs invités peuvent tester le nécromancien ainsi que le prochain patch de Diablo 3. - page 5 .