131140(of 500) Essais gratuits de Etudier | CorrigĂ© sur le texte de Nicolas Malebranche (1638â1715) De la recherche de la vĂ©ritĂ© XĂšme Ă©claircissement « Je vois, par Dissertations Sujets Fiches de lecture Tableau de Bord S'inscrire Home Page Explication De Texte Kant Le Respect. Explication De Texte Kant Le Respect Page 14 sur 50 - Environ 500 essais coursTexte extrait de La Lettre de l'Espace Ă©thique , n°12-13-14, Ă©tĂ©-automne 2000. Ce numĂ©ro de la Lettre est disponible en intĂ©gralitĂ© en suivant le lien situĂ© Ă la droite de la page. Le PĂšre Bernard Matray est considĂ©rĂ© comme l'une des personnalitĂ©s dĂ©terminantes investie durant de nombreuses annĂ©es dans les rĂ©flexions qui concernent l'Ă©thique du soin. Toujours disponible, attentif, sensible et au service d'une recherche exigeante, il a consacrĂ© Ă©galement son temps Ă une action de terrain, notamment dans les domaines du soin palliatif et du handicap. Il a honorĂ© l'Espace Ă©thique d'interventions dont nous conservons la mĂ©moire. Nous tenions Ă lui rendre un hommage et marquer ainsi notre profonde considĂ©ration pour une Ćuvre qui Ă bien des Ă©gards anime notre action. Bernard Matray est mort le 27 mai 1999. Nous reproduisons l'extrait d'une de ses interventions dans le cadre du Groupe d'Ă©thique de l'Association des paralysĂ©s de France dont il Ă©tait membre. Emmanuel Hirsch PrĂ©sence de l'autre Ă soi et de soi Ă l'autre Parler de la prĂ©sence Ă l'autre et de son corollaire la prĂ©sence de l'autre, c'est Ă©voquer la finalitĂ© de la relation, sa rĂ©ussite â celle qui est attendue dans toute rencontre inter-humaine vraie. Cette prĂ©sence est d'abord espĂ©rĂ©e, parfois acquise, parfois conquise, mais elle garde en toutes circonstances sa caractĂ©ristique essentielle d'ĂȘtre vulnĂ©rable. Ainsi nous laisse-t-elle toujours dans l'incertitude de pouvoir l'Ă©tablir et de pouvoir la maintenir dans les multiples relations dont nous sommes les acteurs. La prĂ©sence dit la qualitĂ© d'un lien, elle n'est pas simple proximitĂ© ou juxtaposition de deux partenaires dans l'indiffĂ©rence. Elle nous est concĂ©dĂ©e librement par autrui et, de la mĂȘme maniĂšre, nous la concĂ©dons librement Ă autrui. Comme dĂ©marche oĂč le sujet s'engage, elle ne peut s'Ă©tablir que dans l'ordre de la reconnaissance et de la gratuitĂ©. Ce qui fait la valeur unique de la prĂ©sence en fait donc aussi la fragilitĂ© â elle est totalement remise entre les mains de chacun des partenaires, dont nous savons qu'il peut Ă tout moment faire le choix de s'en retirer. La recherche de la prĂ©sence Ă l'autre et de la prĂ©sence de l'autre constitue le tissu mĂȘme de notre vie la plus quotidienne. Sans elle, nous serions enfermĂ©s dans une errance solitaire, synonyme de dĂ©tresse et de mort. Elle anime notre vie familiale, notre vie de travail, notre vie de loisirs, notre vie intellectuelle et notre vie politique. Au plan culturel, l'importance de cette prĂ©sence de l'autre Ă soi et de soi Ă l'autre est aujourd'hui une valeur reçue, mĂȘme si nous ne sommes pas toujours experts dans sa mise en Ćuvre. Bien des recherches philosophiques contemporaines, depuis le personnalisme d'Emmanuel Mounier, l'Ă©clairage de la phĂ©nomĂ©nologie, les analyses d'Emmanuel Levinas sur le visage humain, ont contribuĂ© Ă l'insĂ©rer dans l'air du temps » et Ă forger une sensibilitĂ© commune qui constitue un atout majeur et une sorte de capital dans lequel nous pouvons puiser. Le respect pour que s'exerce une libertĂ© La notion de respect nous introduit, elle, dans le champ des valeurs le respect d'autrui dĂ©finit un mode de comportement tenu pour fondateur du champ relationnel. Le respect de l'autre est d'abord un choix qui inspire des attitudes dans lesquelles cet autre est reconnu comme partenaire, Ă Ă©galitĂ© avec soi-mĂȘme. Parler de respect, c'est privilĂ©gier une norme Ă©thique, et se rendre attentif, par le fait mĂȘme, aux risques de dĂ©viation grave et d'Ă©chec qui pĂšsent sur toute relation interhumaine. Ces risques sont ceux du rejet d'autrui, de son utilisation, de sa domination, voire de sa destruction comme autre. Ils sont prĂ©sents dans toute relation, si brĂšve ou occasionnelle soit-elle, Ă partir d'une mĂȘme attitude fondamentale le refus de reconnaĂźtre Ă autrui le statut de partenaire dans la relation. Ainsi, par exemple, n'y-a-t-il plus de place pour la rĂ©ciprocitĂ© dans une relation oĂč ne cherchent Ă s'affirmer que des volontĂ©s de puissance. Le respect porte donc en lui un prĂ©supposĂ© d'Ă©galitĂ©, un souci de non-violence, un dĂ©sir de non-appropriation, qui reconnaĂźt et garantit Ă l'autre, de façon inconditionnelle, la sphĂšre d'existence personnelle oĂč il exercera sa libertĂ©. Dans la relation thĂ©rapeutique, l'attention portĂ©e au respect d'autrui est d'autant plus essentielle qu'elle vient rééquilibrer l'inĂ©galitĂ© inscrite dans toute relation de ce type, oĂč l'un des partenaires est soignant et l'autre soignĂ©, l'un soumis aux limitations de la maladie et du handicap, l'autre confortĂ© dans un savoir et un pouvoir. L'importance donnĂ©e actuellement Ă la recherche Ă©thique invite Ă reconnaĂźtre qu'un rĂ©el consensus s'Ă©labore aujourd'hui dans le champ des pratiques professionnelles chez les diffĂ©rents acteurs de la santĂ© et que le souci de respecter le malade s'affirme dans bien des dĂ©marches d'information, de recueil du consentement, d'acceptation d'un Ă©ventuel refus de soin. Notre sociĂ©tĂ© semble mieux promouvoir que par le passĂ© cette valeur du respect d'autrui et avec une certaine loyautĂ© â ce qui, lĂ encore, ne signifie pas, bien sĂ»r, que sa mise en Ćuvre soit partout et toujours satisfaisante. Le respect est un concept Ă©thique il dit la loi qui, reconnue par les deux partenaires, permet Ă la relation d'exister. L'enjeu du respect, c'est l'existence mĂȘme de la subjectivitĂ© et de l'inter-subjectivitĂ©, c'est-Ă -dire la possibilitĂ© mĂȘme de la prĂ©sence. Sans lui, il y a rĂ©duction du partenaire Ă la condition de chose et sa disparition comme partenaire. Le respect garantit que, dans le temps de la prĂ©sence, une part de libertĂ© restera non aliĂ©nĂ©e au plaisir, au dĂ©sir ou au savoir de l'autre. Un auteur contemporain explicite ainsi l'obligation du respect dans un style suggestif qui paraphrase celui de certains passages de la Bible Vous commencerez par le respect. Vous ne prendrez pas Ă l'autre ce qui est son bien, ce qui fait partie de sa propre vie, ce qui le fait vivre, ce qui le soutient dans son existence. Vous ne lui prendrez pas sa nourriture, vous ne lui prendrez pas son travail, vous ne lui prendrez pas sa maison, vous ne lui prendrez pas ceux qu'il aime. Vous ne lui prendrez pas ses certitudes, son espoir, son dĂ©sir, l'Ćuvre oĂč il met son esprit, son cĆur et ses mains. Vous ne lui prendrez pas sa vie. Vous ne lui prendrez pas sa mort. Vous ne lui arracherez par force rien de ce qui le tient en vie. » Le respect est la condition de la prĂ©sence. Il maintient aussi la possibilitĂ© que la relation Ă l'autre demeure traversĂ©e par une promesse. Il lĂ©gitime le dĂ©voilement de l'intimitĂ© dans l'attente qu'une vĂ©ritĂ© advienne Ă laquelle aucun des partenaires n'aurait accĂ©dĂ© sans le secours de l'autre. Respecter l'autre revient Ă le rendre Ă lui-mĂȘme, Ă son unitĂ© de sujet. Respecter l'autre revient Ă se poser soi-mĂȘme sujet en attente de reconnaissance. Et Ă accueillir l'Ă©vĂ©nement dans la joie.
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Il ne faut pas confondre le sentiment du respect avec l'obligation morale du respect. Que nous ayons le devoir de tĂ©moigner Ă l'autre des Ă©gards, de le traiter avec rĂ©serve et considĂ©ration est une chose, que nous Ă©prouvions rĂ©ellement Ă son endroit un sentiment de respect en est une autre. Pascal pointe la diffĂ©rence de deux formes de respect en distinguant " les respects naturels "et "les respects d'Ă©tablissement ". Les premiers sont Ă©prouvĂ©s en prĂ©sence des grandeurs naturelles », les seconds sont dus aux grandeurs d'Ă©tablissement ». Dans le Second Discours sur la condition des grands. 1670. Pascal introduit cette question par une citation de Fontenelle Devant un grand seigneur je m'incline, mais mon esprit ne s'incline pas ». Il s'agit de comprendre que tout ordre social comporte des rĂšgles de civilitĂ© relatives aux hiĂ©rarchies instituĂ©es. Par exemple, l'usage, dans l'Ancien RĂ©gime, veut qu'on parle aux Rois Ă genoux ou qu'on se tienne debout dans la chambre des Princes. Ce sont lĂ des cĂ©rĂ©monies extĂ©rieures » c'est-Ă -dire une certaine maniĂšre de se conduire oĂč l'essentiel consiste dans la conformitĂ© extĂ©rieure de la conduite Ă la rĂšgle sociale. Les marques conventionnelles de respect n'impliquent aucunement le consentement intĂ©rieur de l'Ăąme qui est, au contraire, le propre du respect Ă©prouvĂ© pour les grandeurs naturelles ». Kant remarque dans la mĂȘme veine Devant un homme de condition infĂ©rieure, roturiĂšre et commune, en qui je reconnais une droiture de caractĂšre portĂ©e Ă un degrĂ© que je ne me reconnais pas Ă moi-mĂȘme, mon esprit s'incline, que je le veuille ou non, et si haut que j'Ă©lĂšve la tĂȘte pour ne pas lui laisser oublier ma supĂ©rioritĂ© » Critique de la raison C'est que tout sentiment met en jeu, la sensibilitĂ© c'est-Ă -dire la facultĂ© de notre esprit d'ĂȘtre affectĂ© par les choses, de recevoir des impressions sensibles ou autres. La sensibilitĂ© est en nous la fonction de la rĂ©ceptivitĂ© et dans la rĂ©ceptivitĂ© il y a un Ă©lĂ©ment irrĂ©ductible de passivitĂ©. Ainsi un sentiment est ce que nous Ă©prouvons parce que nous subissons l'action de quelque chose qui agit sur nous. Nous sommes affectĂ©s, touchĂ©s par elle. En tĂ©moigne le sentiment d'amour. On ne dĂ©cide pas d'aimer sauf s'il s'agit de l'amour de bienveillance. Mais dans ce cas il ne s'agit plus du sentiment, il s'agit d'une obligation. Alors qu'est-ce que le sentiment du respect ? Le mot vient du latin respectus » signifiant le fait de se retourner pour regarder. Il indique un temps d'arrĂȘt marquĂ© devant l'objet du regard. Et il va de soi que seul ce qui s'impose Ă nous comme une valeur peut susciter ce sentiment conjuguant les sentiments d'estime et d'admiration. Cependant si nous admirons un beau paysage, il n'y a guĂšre de sens Ă dire que nous le respectons. Il y a donc une spĂ©cificitĂ© du respect que Kant analyse en montrant que c'est un sentiment Ă part. Il est le sentiment moral par excellence car ce que nous sommes enclins Ă respecter a rapport au bien moral. Or le bien moral n'est pas chose sensible. Il faut un jugement moral pour reconnaĂźtre la valeur morale. Le sentiment du respect a donc ceci de spĂ©cifique qu'il n'a pas sa source dans la sensibilitĂ©. Il a sa source dans le jugement de la raison et il est l'effet dans la sensibilitĂ© de la loi morale que se reprĂ©sente la raison. Kant s'explique clairement dans les Fondements de la mĂ©taphysique des Quoique le respect soit un sentiment, ce n'est point cependant un sentiment reçu par influence ; c'est, au contraire, un sentiment spontanĂ©ment produit par un concept de la raison, et par lĂ mĂȘme spĂ©cifiquement diffĂ©rent de tous les sentiments du premier genre comme l'inclination ou la crainte ». Son objet est la loi morale et par extension le sujet raisonnable sans lequel elle n'aurait pas d'existence. La moralitĂ©, ainsi que l'humanitĂ©, en tant qu'elle est capable de moralitĂ©, c'est donc lĂ seul ce qui a de la dignitĂ© ». Ibid. Kant montre que ce sentiment n'est pas un sentiment entiĂšrement heureux car l'effet de la loi morale en nous est d'abord d'humilier les penchants de la sensibilitĂ©. La loi morale porte prĂ©judice », Ă notre amour-propre, elle disqualifie notre prĂ©somption en pointant l'illĂ©gitimitĂ© d'une estime de soi antĂ©rieure Ă l'accord de la volontĂ© avec la loi morale. La loi morale humilie inĂ©vitablement tout homme quand il compare avec cette loi la tendance sensible de sa nature » Critique de la raison pratique. Mais si elle humilie notre Ă©goĂŻsme, la loi morale force aussi l'estime de nous-mĂȘmes dans la mesure oĂč nous en sommes l'auteur et oĂč le fait d'ĂȘtre affectĂ© par elle tĂ©moigne que notre nature ou sensibilitĂ© n'est pas entiĂšrement mauvaise. Il s'ensuit que le respect n'est pas ce que Kant appelle un sentiment pathologique, c'est un sentiment pratique. NB Pathologique ne signifie pas morbide mais passif, subi, ayant sa source dans la sensibilitĂ©. Pratique ce qui est possible par libertĂ© action par rapport Ă passion. Pratique est synonyme chez Kant de moral. Cette analyse du sentiment de respect rĂ©vĂšle pourquoi le respect de l'homme vicieux ne va pas du tout de soi. Nous avons l'obligation de lui tĂ©moigner les Ă©gards dus Ă la personne humaine, en tant qu'elle est capable de moralitĂ©. Mais au-delĂ de l'exigence morale et de la convention d'un monde civilisĂ©, il est clair que seul peut forcer le sentiment du respect, l'homme vertueux.Sivous voulez ĂȘtre respectĂ© par les autres, le mieux est de vous respecter vous-mĂȘme. Ce n'est que par cela, ce n'est que par le respect de soi que vous obligerez les autres Ă vous respecter. Citation de cĂ©lĂ©britĂ© . Fedor DostoĂŻevski. Artiste, Ă©crivain, Romancier (1821 - 1881) Citation Separation & Respect. Une sĂ©paration est rĂ©ussie lorsque chacun a pu traverser le processus
Avertissement Ă mes Ă©lĂšves Voici le corrigĂ© du devoir que vous m'avez rendu hier. Etudiez-le, comparez avec ce que vous avez fait. Avez-vous compris correctement le propos de l'auteur, isolĂ© les concepts clĂ©s, procĂ©dĂ© aux approfondissements requis et travaillĂ© la prĂ©cision conceptuelle? A partir de lĂ essayez d'attribuer une note Ă votre copie. Cet exercice est destinĂ© Ă vous faire comprendre que l'Ă©valuation n'est pas arbitraire. Je ne puis refuser tout respect Ă l'homme vicieux lui-mĂȘme, comme homme, car, en cette qualitĂ© du moins, il n'en peut ĂȘtre privĂ©, quoiqu'il s'en rende indigne par sa conduite... LĂ est le fondement du devoir de respecter les hommes, mĂȘme dans l'usage logique de leur raison, ainsi on ne flĂ©trira pas leurs erreurs sous le nom d'absurditĂ©s, de jugements ineptes etc. Mais on supposera plutĂŽt qu'il doit y avoir dans leurs opinions quelque chose de vrai et on l'y cherchera. En mĂȘme temps aussi, on s'appliquera Ă dĂ©couvrir l'apparence qui les trompe le principe subjectif des raisons dĂ©terminantes de leurs jugements, qu'ils prennent par mĂ©garde pour quelque chose d'objectif et, en expliquant ainsi la possibilitĂ© de leurs erreurs, on saura garder encore un certain respect pour leur intelligence. Si au contraire, on refuse toute intelligence Ă son adversaire, en traitant ses jugements d'absurdes ou d'ineptes, comment veut-on lui faire comprendre qu'il s'est trompĂ© ? Il en est de mĂȘme des reproches Ă l'endroit du vice il ne faut pas les pousser jusqu'Ă mĂ©priser absolument l'homme vicieux, et Ă lui refuser toute valeur morale, car dans cette hypothĂšse, il ne saurait donc plus jamais devenir meilleur, ce qui ne s'accorde point avec l'idĂ©e de l'homme, lequel, Ă ce titre comme ĂȘtre moral, ne peut jamais perdre toutes ses dispositions pour le bien » Emmanuel Kant. MĂ©taphysique des mĆurs DeuxiĂšme partie Doctrine de la Vrin Introduction ThĂšme La nĂ©cessitĂ© morale du respect d'autrui. Question Qu'est-ce qui fonde l'obligation morale de respecter tout homme, mĂȘme l'homme vicieux ? ThĂšse Le vĂ©ritable objet du respect est l'humanitĂ© en chaque membre de l'espĂšce humaine. C'est donc le statut d'homme qui fonde le devoir de respecter chaque personne. Question Que faut-il entendre par humanitĂ© ? ThĂšse Ce qui fait l'humanitĂ© de l'homme c'est sa nature raisonnable lui permettant de se reprĂ©senter la loi morale et de se sentir tenu de soumettre sa conduite Ă son exigence. Cette thĂšse n'est pas explicite dans ce texte mais elle est le noyau dur du kantisme et le fondement de la distinction que nous opĂ©rons entre l'ordre des personnes et celui des choses. Question Qu'est-ce que respecter et comment sauver le respect dĂ» Ă la personne dans les situations oĂč elle se rend indigne de la valeur faisant sa dignitĂ© ? Telle est la question que Kant affronte dans le deuxiĂšme partie en nous plaçant dans deux situations concrĂštes. Dans l'une on est en prĂ©sence d'une personne faisant un mauvais usage de son entendement. Avec l'erreur on est sur un plan strictement intellectuel qu'il faut distinguer du plan moral de la faute. On parle plus volontiers de vice en ce dernier cas mais l'erreur aussi indique une forme de vice. ThĂšse Il ne faut jamais condamner l'erreur et la faute morale dans des termes expulsant l'homme de l'humanitĂ©. Non seulement parce que le respect de la personne est un impĂ©ratif catĂ©gorique mais aussi parce qu'il est la condition de son progrĂšs intellectuel ou moral. La nĂ©cessitĂ© pragmatique se conjugue Ă la nĂ©cessitĂ© morale pour condamner un mĂ©pris qui ne s'arrĂȘterait pas au mauvais usage de la raison mais s'Ă©tendrait Ă la totalitĂ© de la personne. Exemple d'introduction Un homme dit une bĂȘtise ou se conduit d'une maniĂšre moralement condamnable suis-je autorisĂ© Ă lui tĂ©moigner du mĂ©pris, mĂ©pris qu'un jugement inepte ou une conduite vicieuse suscitent naturellement ? L'intĂ©rĂȘt de ce texte est de montrer que, bien que ce sentiment soit naturel, il n'autorise pas Ă refuser tout respect Ă l'homme vicieux lui-mĂȘme ». Comment comprendre que le vice suscite le mĂ©pris le mĂ©pris Ă©crit Kant, consiste Ă juger une chose comme n'ayant aucune valeur » et nĂ©anmoins qu'il ne soit pas moralement permis de mĂ©priser l'homme vicieux ? Telle est la premiĂšre question que Kant affronte dans ce texte. Il interroge le fondement de l'obligation morale du respect et l'on apprend qu'un homme est respectable en sa seule qualitĂ© d'homme. Qu'est-ce donc que l'humanitĂ© pour ĂȘtre dĂ©finie comme une dignitĂ© en soi ? Il prĂ©cise ensuite la nature de l'attitude qu'il convient de mettre en Ćuvre lorsqu'on est en prĂ©sence d'un homme dont la conduite n'a pas, en soi, de valeur. Kant nous demande d'envisager deux cas oĂč la raison est prise en dĂ©faut. Le premier cas est celui de l'erreur, le deuxiĂšme de la faute. On parle plus volontiers d'indignitĂ© dans le deuxiĂšme cas que dans le premier. Toutefois, on peut se demander si Kant envisagerait le cas de l'homme faisant un mauvais usage intellectuel de sa raison s'il n'y avait pas, lĂ aussi, une forme d'indignitĂ© propre Ă compromettre l'estime naturelle qu'appelle l'homme faisant un bon usage de sa raison. En ce sens on est autorisĂ© Ă parler d'une indignitĂ© intellectuelle et d'une indignitĂ© morale. Quelle est la conduite exigible dans ces deux situations tant du point de vue moral que pragmatique? La question, en derniĂšre analyse, est de savoir si l'on peut suivre Kant dans sa maniĂšre de fonder l'obligation morale du respect et dans les implications pratiques de cette fondation. DĂ©veloppement explication dĂ©taillĂ©e 1 la nĂ©cessitĂ© morale du respect et son fondement. Ce n'est pas un hasard si Kant choisit, pour examiner ce que doit ĂȘtre moralement la relation humaine, une situation oĂč le respect ne va pas de soi. En abordant la question du respect par ce biais, le philosophe se donne le moyen d'Ă©tablir, sans ambiguĂŻtĂ© possible ce qui fonde l'obligation morale du respect rĂ©ciproque des ĂȘtres humains. Commençons par dĂ©finir de quoi l'on parle. Le vice est le contraire de la vertu. Si le vertueux nous semble accomplir l'humanitĂ© dans ses exigences les plus hautes, le vicieux nous paraĂźt se conduire de maniĂšre indigne, aussi suscite-t-il une rĂ©action d'indignation. L'homme vicieux remet en cause ce qui fait la dignitĂ© d'un ĂȘtre humain et pourtant, apprend-on, il n'a pas perdu toute dignitĂ©. VoilĂ qui mĂ©rite approfondissement. En toute rigueur une dignitĂ© est une valeur, une noblesse mĂ©ritant le respect. Le mot respect qui vient du latin respectus » signifie Ă©tymologiquement se retourner pour regarder. Il indique un temps d'arrĂȘt marquĂ© devant l'objet du regard. Cette Ă©tymologie rĂ©vĂšle que le respect est un sentiment nous portant Ă accorder intĂ©rieurement et extĂ©rieurement une attention, une considĂ©ration Ă ce que nous identifions comme une valeur et consĂ©quemment Ă nous conduire Ă son Ă©gard avec une certaine rĂ©serve et retenue. Il est clair que le vice n'ayant en soi aucune valeur, nous ne sommes pas disposĂ©s, intĂ©rieurement, ainsi envers lui. Il exclut nĂ©cessairement le respect. Il dispose, au contraire Ă retirer Ă l'autre son estime et Ă le condamner sĂ©vĂšrement. Or si nous sommes naturellement portĂ©s Ă mĂ©priser le vice, nous ne sommes pas autorisĂ©s Ă mĂ©priser l'homme vicieux, affirme Kant. Propos Ă©tonnant tant nous avons tendance Ă considĂ©rer qu'un homme est identifiable Ă ce qu'il est et fait concrĂštement et que c'est, Ă ce titre, qu'il est respectable ou mĂ©prisable, La force de ce texte est de montrer qu'il y a lĂ une erreur et surtout une faute, Car ce qui fonde le respect dĂ» Ă l'ĂȘtre humain n'est pas l'usage qu'il fait de sa raison ou de sa conscience, c'est le fait qu'il est porteur d'une raison ou d'une conscience. Sa dignitĂ© est attachĂ©e Ă ce qui fait son humanitĂ©. Or l'humanitĂ© n'est pas un fait biologique, une rĂ©alitĂ© naturelle, comme c'est le cas pour l'espĂšce humaine c'est une signification mĂ©taphysique et morale. Un homme est un homme, c'est-Ă -dire le contraire d'une chose, parce qu'Ă la diffĂ©rence des choses il est une conscience ou une raison. Cela lui confĂšre une supĂ©rioritĂ© ontologique, un statut d'exception dans l'univers et l'Ă©lĂšve Ă la dignitĂ© d'une personne. Ainsi je puis juger que sa conduite n'est pas respectable et qu'elle mĂ©rite mon mĂ©pris mais celui-ci ne saurait englober la totalitĂ© de sa personne. Car il est homme et comme homme », en cette qualitĂ© du moins » dit le texte il mĂ©rite mon respect. L'obligation de respecter l'homme comme homme est donc sans exception. L'homme le plus dĂ©chu participe encore de cette humanitĂ© qui l'arrache Ă la neutralitĂ© morale du monde des choses. Il a une dignitĂ© interdisant un usage purement instrumental de sa personne et une absence ostensible de toute considĂ©ration. Le mĂ©priser entiĂšrement, totalement revient Ă porter atteinte Ă l'humanitĂ©, aussi bien en soi qu'en l'autre, puisqu'on se dispense d'honorer la valeur dont participent, par dĂ©finition, tous les membres de la famille humaine. En Ă©tant obnubilĂ© par l'indignitĂ© de fait de sa conduite, on fait injure Ă la dignitĂ© de droit de tout ĂȘtre humain. On se rend ainsi coupable d'immoralitĂ© car l'impĂ©ratif moral s'Ă©nonce ainsi Agis de telle sorte que tu traites l'humanitĂ© aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en mĂȘme temps comme une fin, jamais simplement comme un moyen » Kant. La question, Ă ce niveau de l'analyse, est de savoir si l'on peut suivre le philosophe dans cette maniĂšre de fonder le respect. Car il est clair qu'il y a lĂ un postulat. Un postulat est une proposition indĂ©montrĂ©e et indĂ©montrable qu'on nous demande d'admettre. Ici, on nous demande d'admettre la dignitĂ© de principe de tout ĂȘtre humain parce qu'il est porteur d'une raison. Or pourquoi accorder une telle importance Ă la conscience ou Ă la raison ? Certes, nous sommes les hĂ©ritiers d'une double tradition mythique considĂ©rant que la conscience est la marque de la divinitĂ© sur l'humanitĂ© mais qu'est-ce qui peut bien justifier rationnellement une telle prĂ©tention ? On peut rĂ©pondre que les hommes ont une dignitĂ© parce qu'Ă la diffĂ©rence des choses qui sont mais ne le savent pas, l'homme est et il le sait, ce qui moralement change tout. Car la conscience l'expose Ă se sentir humiliĂ©, dĂ©shonorĂ© si les exigences de cette mĂȘme conscience sont bafouĂ©es. Rien de tel pour l'animal ou la chose qui existent sur le mode de l'en soi, non du pour soi. Kant rĂ©pond Ă notre question d'une maniĂšre qui n'est pas explicitĂ©e dans ce texte mais qui est le noyau dur de sa rĂ©flexion morale. La raison fait la dignitĂ© de l'homme parce qu'elle est la facultĂ© permettant de se reprĂ©senter la loi morale et de se sentir tenu de soumettre sa conduite Ă son exigence. La raison est donc ce qui arrache l'homme au rĂšgne de la nature ou de l'ĂȘtre rĂ©gi par le principe du dĂ©terminisme pour rendre possible le rĂšgne du devoir ĂȘtre ou de la moralitĂ©, ce qui est possible par libertĂ©. C'est ce pouvoir moral et la libertĂ© qu'il suppose qui inspirent le respect en l'homme et rien d'autre. La moralitĂ© est la condition qui seule peut faire qu'un ĂȘtre raisonnable est une fin en soi... La moralitĂ© ainsi que l'humanitĂ©, en tant qu'elle est capable de moralitĂ©, c'est donc lĂ , ce qui seul a de la dignitĂ© » Fondements de la mĂ©taphysique des mĆurs. Il s'ensuit que Le respect s'applique toujours uniquement aux personnes jamais aux choses » Critique de la raison pratique. Ce postulat peut certes ĂȘtre reçu comme une convention arbitraire et Ă ce titre refusĂ©. Certains ne s'en privent pas mais ce qu'ils refusent ainsi c'est le postulat fondateur de la moralitĂ© et avec lui de la civilisation. 2 Les implications pratiques de cette thĂšse. a PremiĂšre situation le mauvais usage intellectuel de sa raison. AprĂšs avoir Ă©noncĂ© sa thĂšse et l'avoir fondĂ©e, Kant en dĂ©gage les consĂ©quences pratiques. Si ce qui fait la dignitĂ© de l'homme c'est sa raison il s'ensuit que mĂȘme » dans l'usage intellectuel de cette raison l'homme doit ĂȘtre ostensiblement respectĂ©. Or il en est de cet usage ce qu'il en est de l'usage moral. Tous les hommes n'en font pas un bon usage. Leurs jugements peuvent ĂȘtre erronĂ©s voire franchement stupides. Quelle est l'attitude concrĂšte qu'il convient alors de mettre en Ćuvre ? Remarquons que Kant introduit l'exemple d'un mauvais usage de la raison en parlant, de maniĂšre neutre d'un usage logique ». C'est qu'il s'agit de comprendre qu'un sujet qui raisonne mal est nĂ©anmoins un sujet qui raisonne. Il fait bien un usage logique de sa raison ». La raison Ă©tant le propre de l'homme, nul ne peut soupçonner l'autre, par principe, d'en ĂȘtre dĂ©pourvu. Il s'ensuit qu'il est moralement condamnable de pointer son erreur avec des mots qui, implicitement, l'expulsent du champ de la raison. Ce qui est le cas lorsqu'on recourt aux notions d'ineptie ou d'absurditĂ©. L'absurditĂ© est le propre de ce qui n'a pas de sens, l'ineptie de ce qui relĂšve de la bĂȘtise. Dans les deux cas on semble admettre que l'autre est Ă©tranger Ă la nature raisonnable. En traitant son propos d'absurde on signifie qu'il n'a pas du tout de sens, en le traitant d'inepte on signifie qu'il ne dĂ©passe pas l'intelligence des bĂȘtes et lĂ est la faute puisque qu'on dĂ©nie Ă l'autre le fait d'ĂȘtre porteur d'une raison. Il y a lĂ une façon de flĂ©trir » leurs jugements dit le texte. FlĂ©trir » c'est faire perdre Ă une fleur son Ă©clat, sa forme naturelle. Par analogie, les qualificatifs utilisĂ©s dĂ©pouillent l'homme de sa dignitĂ© d'ĂȘtre raisonnable et cela est moralement inacceptable. Est-ce Ă dire que l'absurditĂ© ou l'ineptie de fait sont un droit moral et que le devoir des hommes est de s'incliner devant elles ? Certes non. Parce que l'homme est un sujet raisonnable il a le devoir de dĂ©velopper son esprit pour se porter subjectivement Ă la hauteur de la capacitĂ© qui est en lui mais il n'est pas sĂ»r qu'il soit enclin Ă cet effort si les autres lui dĂ©nient prĂ©cisĂ©ment cette capacitĂ©. VoilĂ pourquoi il convient de supposer qu'il doit y avoir dans leurs opinions quelque chose de vrai, et on l'y cherchera » Ă©crit Kant. En disant on supposera » le philosophe rappelle que l'attitude Ă©thique exige, comme on l'a vu dans la premiĂšre partie, d'admettre quelque chose. Ce postulat est celui de la nature raisonnable de l'homme. A priori il nous faut considĂ©rer que l'autre est digne d'ĂȘtre entendu car comme tout sujet raisonnable, il prĂ©tend, lorsqu'il parle, prononcer des propos cohĂ©rents et intelligents. Il se peut qu'il n'y ait aucune cohĂ©rence et aucune vĂ©ritĂ© dans ses paroles car il se trompe manifestement. Mais il faut d'abord s'assurer que l'erreur manifeste ne masque pas une vĂ©ritĂ© latente et qu'elle n'est pas le rĂ©sultat d'une maladresse de l'expression, par exemple. En mĂȘme temps » que cet acte de confiance dans la raison de l'autre il convient de rechercher ce qui l'Ă©gare afin de lui permettre de rectifier son erreur. L'erreur consiste toujours, en effet, dans une singularitĂ© logique. Je prends pour objectivement vrai, entendons comme une vĂ©ritĂ© reconnaissable par tout autre ĂȘtre de raison, un Ă©noncĂ© qui n'est vrai que pour moi. Je confonds une raison subjective d'affirmer ceci ou cela avec un fondement objectif. Au fond, mon erreur est une illusion je suis abusĂ© par une apparence », je prends pour une vĂ©ritĂ© ce qui m'apparaĂźt telle Ă moi. La tĂąche de celui Ă qui je m'adresse, comme Ă cet alter ego dont j'attends confirmation de ma prĂ©tention Ă la vĂ©ritĂ© n'est donc pas de m'humilier en m'expulsant du champ de la raison, elle est de m'expliquer pourquoi je me trompe. Ainsi manifeste-t-on son respect pour la nature raisonnable de l'autre et a-t-on une chance de lui faire comprendre qu'il s'est trompĂ©. Au fond, Kant pointe avec finesse ce qu'observe tout pĂ©dagogue il faut qu'un homme soit confirmĂ© par l'autre dans la certitude de son intelligence pour se sentir tenu de grandir en intelligence. L'humiliation a toujours l'effet inverse. Elle raidit celui qui se trompe dans son erreur. Pourquoi ? Parce que tout homme s'estime lui-mĂȘme en raison de cette capacitĂ© qu'il expĂ©rimente, Ă©galement Ă tout autre, de penser et parce qu'il ne peut penser que par lui-mĂȘme. Il lui est impossible de s'en remettre Ă un autre pour discerner le vrai du faux. Seul son jugement peut faire autoritĂ© Ă ses propres yeux. Il s'ensuit que seule la comprĂ©hension personnelle de son erreur peut le conduire Ă la rectifier. Mais pour ĂȘtre mis sur la voie de cette ouverture d'esprit Ă©troitesse il ne faut pas que le ressentiment Ă l'Ă©gard de celui qui vient de l'humilier l'amĂšne, par la confusion que produisent toujours les affects violents Ă emporter dans le mĂȘme ressentiment la vĂ©ritĂ© dont l'autre est porteur. Il faut ĂȘtre libĂ©rĂ© de ce qui aveugle pour discerner le vrai du faux or rien n'aveugle plus que l'humiliation. cf. en annexe Pascal b DeuxiĂšme situation Le mauvais usage moral de sa raison. Ce qui vaut pour la premiĂšre indignitĂ© vaut pour la seconde. Il en est de mĂȘme des reproches Ă l'endroit du vice » dit le texte. Comme l'erreur, le vice est une faute condamnable et il ne faut pas se priver de le dĂ©noncer. A aucun moment le propos kantien ne justifie une quelconque complaisance Ă l'Ă©gard des faiblesses de l'humanitĂ©. Au contraire, Kant exprime souvent son horreur de l'humanitĂ© empirique qu'il accuse d'ĂȘtre puĂ©rile et mĂ©chante. PuĂ©rile, c'est-Ă -dire peu soucieuse de sortir de la minoritĂ© intellectuelle pour accĂ©der Ă la majoritĂ©. MĂ©chante, c'est-Ă -dire plus encline Ă se conduire mal qu'Ă faire preuve de moralitĂ©. Le vice doit donc ĂȘtre pointĂ© mais dans des termes qui, lĂ encore, mĂ©nagent le respect dĂ» Ă la personne. Comme dans le premier cas cette exigence, qui en toute rigueur, se fonde sur un impĂ©ratif commandant absolument, fait l'objet d'une seconde justification une justification pragmatique. Tu ne dois pas refuser tout respect Ă l'homme vicieux lui-mĂȘme parce que tu ne le dois pas impĂ©ratif catĂ©gorique de la moralitĂ© mais tu ne le dois pas non plus parce que si tu le faisais, tu compromettrais les possibilitĂ©s d'amĂ©lioration morale de celui que tu admonestes impĂ©ratif hypothĂ©tique de l'habiletĂ©. Au fond Kant affirme que le postulat fondateur de la morale Ă savoir l'idĂ©e d'humanitĂ© comme raison ou capacitĂ© morale est non seulement ce qui fait la dignitĂ© de l'homme mais ce qui interdit de dĂ©sespĂ©rer entiĂšrement de lui. Parce qu'il est une raison on peut toujours supposer que l'erreur qui le rend infĂ©rieur Ă lui-mĂȘme aujourd'hui pourra ĂȘtre rectifiĂ©e demain. Parce qu'il est une capacitĂ© morale on peut toujours supposer que la faute qui le rend indigne aujourd'hui sera amendĂ©e demain. La possibilitĂ© d'honorer l'exigence morale est, a priori, ouverte pour tous. C'est ce que le texte rappelle en parlant de dispositions pour le bien ». Alors, si l'on ne veut pas se rendre coupable d'une double faute en manquant de respect Ă l'autre homme et en prenant le risque de le raidir par lĂ dans son indignitĂ©, en dĂ©courageant tous ses efforts pour devenir meilleur, on a le devoir de respecter l'homme vicieux lui- mĂȘme. Conclusion Nous vivons dans une Ă©poque oĂč les hommes parlent abondamment de respect. Ce qui, Ă bien y rĂ©flĂ©chir, est fort suspect. Rousseau remarquait que lorsqu'un peuple parle d'une vertu c'est qu'elle a cessĂ© d'ĂȘtre vivante. On peut se demander s'il n'en est pas ainsi pour le respect. S'il faut rappeler aux hommes la nĂ©cessitĂ© morale du respect, c'est sans doute parce qu'ils ont une grande propension Ă se manquer de respect comme en tĂ©moignent les injures orduriĂšres, les mensonges, les trahisons ou les instrumentalisations caractĂ©risant souvent leurs relations. Si peu respectueux des autres soient-ils nos contemporains veulent nĂ©anmoins ĂȘtre respectĂ©s. En disant je ne puis refuser le respect » Kant prĂ©suppose que c'est l'attente de tout homme. cf. annexe Kant On ne peut refuser » que ce qui est l'objet d'une demande mais s'ils attendent des autres la considĂ©ration, les hommes ne se demandent guĂšre ce qui peut fonder cette exigence. Et ils croient d'ordinaire qu'on est respectable par les dĂ©terminations concrĂštes auxquelles on s'identifie. Par exemple je suis respectable parce que je suis cet individu particulier qui pense ce qu'il pense ou fait ce qu'il fait. La revendication du respect fonctionne souvent comme ce qui doit tout justifier d'une personne. Or il s'en faut de beaucoup que cela soit possible et lĂ©gitime. L'erreur et la faute morale sont condamnables et cela est sans rĂ©serve. Elles sont ce qui nous rend indignes car il y a en nous le principe d'une dignitĂ© nous faisant obligation d'honorer la vĂ©ritĂ© et la moralitĂ©. Il ne faut donc pas voir notre dignitĂ© lĂ oĂč elle n'est pas. Tout l'intĂ©rĂȘt du kantisme est, en ce domaine d'opĂ©rer une salutaire clarification. La seule dignitĂ© de l'ĂȘtre humain est une capacitĂ© morale et intellectuelle. C'est elle qui lui confĂšre le statut de personne. C'est dire que ce qui fonde le respect dĂ» Ă l'homme est un principe bien impersonnel et abstrait. C'est pourtant ce principe que Kant nous demande d'isoler =abstraire dans tout homme, dans l'homme le plus vicieux aussi bien que dans l'homme vertueux afin de ne pas faillir Ă notre propre humanitĂ©. Car aussi impersonnelle et abstraite soit-elle, la valeur d'humanitĂ© se manifeste dans des hommes concrets et souvent dans des hommes ne faisant guĂšre l'effort de se porter subjectivement Ă la hauteur de cette dignitĂ©. Ce texte rappelle qu'aussi dĂ©chu ou ignorant soit-il un homme participe, de droit, de cette dignitĂ©, il s'ensuit que ce serait une faute de ne pas lui tĂ©moigner la considĂ©ration due Ă sa supĂ©rioritĂ© ontologique. Faute d'autant plus grave qu'elle n'est pas sans incidence sur le devenir-homme. Telle est la derniĂšre leçon de ce texte, la plus importante peut-ĂȘtre il s'agit de comprendre que nous sommes en partie ce que les autres, par l'attitude qu'ils ont Ă notre Ă©gard, nous invitent Ă ĂȘtre. L'homme respectĂ© est enclin Ă honorer le respect qu'on lui tĂ©moigne, l'homme mĂ©prisĂ© est exposĂ© Ă rester indigne du respect qu'on lui a refusĂ©. Il y a dans cette observation d'une grande profondeur une maniĂšre de pointer la responsabilitĂ© infinie de chacun Ă l'endroit de chacun et la responsabilitĂ© du lĂ©gislateur Ă l'Ă©gard des dĂ©linquants. Si l'on comprend bien la pertinence de l'analyse kantienne, il est urgent de se projeter moralement vers l'autre car c'est le disposer Ă devenir plus humain. Annexe PensĂ©e 80 B D'oĂč vient qu'un boiteux ne nous irrite pas, et un esprit boiteux nous irrite ? A cause qu'un boiteux reconnaĂźt que nous allons droit, et qu'un esprit boiteux dit que c'est nous qui boitons ; sans cela nous en aurions pitiĂ© et non colĂšre. EpictĂšte demande bien plus fortement Pourquoi ne nous fĂąchons-nous pas si on nous dit que nous avons mal Ă la tĂȘte, et que nous nous fĂąchons de ce qu'on nous dit que nous raisonnons mal, ou que nous choisissons mal ? » Ce qui cause cela est que nous sommes bien certains que nous n'avons pas mal Ă la tĂȘte, et que nous ne sommes pas boiteux ; mais nous ne sommes pas si assurĂ©s que nous choisissons le vrai. De sorte que, n'en ayant d'assurance qu'Ă cause que nous le voyons de toute notre vue, quand un autre voit de toute sa vue le contraire, cela nous met en suspens et nous Ă©tonne, et encore plus quand mille autres se moquent de notre choix ; car il faut prĂ©fĂ©rer nos lumiĂšres Ă celles de tant d'autres, et cela est hardi et difficile. Il n'y a jamais cette contradiction dans les sens touchant un boiteux » Kant Tout homme a le droit de prĂ©tendre au respect de ses semblables et rĂ©ciproquement il est obligĂ© au respect envers chacun d'entre eux. L'humanitĂ© elle-mĂȘme est une dignitĂ© ; en effet l'homme ne peut jamais ĂȘtre utilisĂ© simplement comme moyen par aucun homme ni par un autre, ni mĂȘme par lui-mĂȘme, mais toujours en mĂȘme temps comme une fin, et c'est en ceci prĂ©cisĂ©ment que consiste sa dignitĂ© la personnalitĂ© grĂące Ă laquelle il s'Ă©lĂšve au- dessus des autres ĂȘtres du monde, qui ne sont point des hommes et peuvent lui servir d'instruments, c'est-Ă -dire au-dessus de toutes les choses. Tout de mĂȘme qu'il ne peut s'aliĂ©ner lui-mĂȘme pour aucun prix ce qui contredirait au devoir d'estime de soi, de mĂȘme il ne peut agir contrairement Ă la nĂ©cessaire estime de soi que d'autres se portent Ă eux-mĂȘmes en tant qu'hommes, c'est-Ă -dire qu'il est obligĂ© de reconnaĂźtre pratiquement la dignitĂ© de l'humanitĂ© en tout autre homme ; et par consĂ©quent sur lui repose un devoir qui se rapporte au respect qui doit ĂȘtre tĂ©moignĂ© Ă tout autre homme ». MĂ©taphysique des mĆurs. Doctrine de la 2°Partie Vrin p140 Partager Marqueurschose, devoir, estime, humanitĂ©, nature raisonnable, obligation, obligation du respect, personnalitĂ© morale, personne, respect, sentiment du respect
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